Kinshasa : le PAM à la rescousse de plus de 20 000 ménages à N’sele

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N'sele/Ph.ACTUALITE.CD

Dans le cadre d’un projet à long terme qui a débuté en 2021, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a déjà aidé plus de 20 000 ménages, dans la commune de la N’sele, à Kinshasa. Par étapes, selon certains critères dont la vulnérabilité, la population du quartier dit Buma et ses environs a été servie pour soulager le problème d’insécurité alimentaire et renforcer la résilience à long terme.

Le projet aide les familles à devenir plus autonomes et soutient le gouvernement de la RDC dans ses tentatives de développer un système de protection sociale adapté aux enfants et aux femmes, de nature à aider la population à mieux résister aux chocs et susceptible d'être reproduit ailleurs.

« Le PAM distribue les cashs à environ 26 000 ménages entre 2022 et 2023. Nous avons mis en place un projet qui permet d’améliorer la résilience des communautés à travers le réaménagement des routes, une dizaine de périmètres maraîchers a été créé et 2 800 mètres de desserte agricole reliant les ménages et le marché ont été améliorés pour régler la sécurité alimentaire et la résilience à long terme des populations de la N’sele », a expliqué Sarah Kitoko, assistante au programme du PAM RDC.

La première phase de ce projet s’est étendu entre février et mai 2021, en pleine crise sanitaire dû à la pandémie de Covid-19. Des ménages ont reçu un transfert monétaire mensuel, 115 000 personnes ont été touchées. La deuxième phase, de juin à décembre 2021, a pris plus de de 80 000 personnes parmi les plus pauvres, sélectionnées en utilisant une méthodologie de ciblage communautaire. 

L'approche "Cash Plus" a permis de fournir pendant six mois un paquet composé de 40 USD d'aide financière inconditionnelle par participant accompagné de services de base supplémentaires fournis par l'UNICEF et des activités productives organisées par de la FAO. Depuis décembre 2021, le projet est à sa troisième phase. Il prend une combinaison des transferts monétaires, d’accès aux services de base et d’activités liées aux moyens de subsistance.

Une route de tous les espoirs 

Le mercredi 7 juin, une équipe du PAM et ses partenaires ont effectué une descente dans la commune de la N’sele pour discuter avec la population et observer l’évolution des travaux d’aménagement d’une route de desserte agricole que la population s’est chargée d’améliorer, sous la supervision du PAM, dans le cadre du projet de la lutte contre la faim urbaine en RDC. Pendant un mois, près d’un kilomètre de route a été rendu disponible.

Elle se situe à environ 30 minutes de la première entrée en face de l’aéroport international de N’djili. Une aubaine pour les usagers de la route de faire leurs travaux paysans sans inquiétude.

« C’est une route de desserte agricole. Elle reliera plusieurs villages de ce coin. Cette route peut être la préférence de ceux qui viennent de Bandundu. Les gros camions viennent parfois avec des chèvres, ils peuvent passer ici au lieu de le faire devant l’aéroport », a expliqué un travailleur rencontré sur place.

A un passager d’ajouter : 

« La route était désastreuse, maintenant, on passe tranquillement. Nous sommes très contents. C’était très petit, mais elle a été agrandie. Il y a avait beaucoup de nids de poule, aujourd’hui, la moto ou le vélo peuvent passer sans aucun souci. Je ne l’avais emprunté qu’une seule fois et elle était en mauvais état, là, je passerai régulièrement maintenant ».

Route Moro

Le PAM utilise l’approche de cantonnage manuel pour aider la population à se retrouver dans l’amélioration de sa contrée. Utiliser des engins ferait appel aux experts et cela ne permettrait pas à la population de profiter du cash. Les travailleurs sont tout de même accompagnés par l’OVDA, une entité étatique qui va améliorer le reste des travaux.

Une travailleuse indique qu’actuellement, un véhicule peut passer en même temps, ce qui n’était pas possible avant.

« Cette route nous aidera beaucoup. Avant, c’était difficile qu’une personne croise un véhicule car il n’y avait pas moyen de se cacher. Deux véhicules non plus ne pouvaient passer simultanément. Il y avait beaucoup de risques. On est plus libre maintenant », a dit Ruffine.

Travailleuse et paysanne, elle a par ailleurs, une belle histoire avec l’aide du PAM. Elle fait partie de ceux qui ont reçu de l’argent en termes d’aides. En plus de décanter plusieurs situations de la vie quotidienne, elle en a profité pour acheter un porc qu’elle élève avec son époux.

Mère de 5 enfants, elle est également en pleine construction de sa propre maison.

« Avant l’aide du PAM, nous avions beaucoup de difficultés difficiles à surmonter. L’argent que nous recevions par mois nous a servi d’approvisionner nos maisons en nourritures, de payer les frais scolaires des enfants. Nous avons acheté des boutures de feuille de manioc et un porc que nous élevons », explique-t-elle.

Pourquoi N’sele ?

Une étude de base de l'UNICEF a révélé que la N'sele obtient de mauvais résultats pour de nombreux critères de développement, notamment la sécurité alimentaire, la nutrition, la santé et l'accès à l'eau potable, aux toilettes et à l'hygiène de base.

Selon les récentes estimations du cadre harmonisé (Integrated Food Security Phase Classification), 15% de la population de la Nsele sont en crise de la sécurité alimentaire et 50 % sont sous pression. Environ 2,5 millions de personnes sont en situation de crise dans la province de Kinshasa et 6.8 millions de personnes sont sous pression. Ces populations en crise ont besoin d'une assistance d'urgence et celles en phase sous pression risquent une détérioration des moyens de substances si des actions résilientes ne sont pas mises en œuvre.

Le processus d’aide, dans le cadre de ce projet, a impliqué les autorités locales et les autorités sanitaires. Même les autorités nationales, à l’image du ministère des affaires sociales, de l’action humanitaire et de la solidarité nationale. Cela parce que le PAM est un partenaire qui vient en appui au gouvernement congolais et lui prête main forte.

Pierrot Mabiala, directeur coordonnateur adjoint à la direction d‘études et planification du ministère des affaires sociales, a participé à cette descente à N’sele.

« Actuellement, c’est la troisième vague, elle comprend le développement de champ, école, paysans, où on fait la culture des produits vivriers pour produire des semences améliorées. Il y a aussi la promotion avec les bénéficiaires de tout ce qui est bonne pratique en termes d’assainissement des installations hygiéniques par exemple, la consultation prénatale, etc. », a-t-il dit.

Dans l’ensemble, la RDC est en proie à une grave crise humanitaire, avec des niveaux élevés d'insécurité alimentaire, des niveaux alarmants de malnutrition, résultant en grande partie du conflit, des déplacements massifs de population et de la faible production agricole.

Plus de 6 millions de personnes sont des déplacés internes, le chiffre le plus élevé en Afrique. De ce nombre, 1,5 million l'ont été rien qu'en 2022. Les déplacements massifs ont décimé les moyens de subsistance - les gens ne peuvent pas cultiver, ils n'ont pas la capacité de nourrir leurs familles, les enfants ne sont pas en mesure d'aller à l'école, et les infrastructures locales déjà fragiles des communautés sont sous pression.

Le pays compte 26,4 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë, 6 millions de personnes déplacées internes, 2,4 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition. Et le PAM a aidé 1,7 million de personnes entre janvier et mars 2023. Mais le besoin en financement reste élevé. L’organisation onusienne a besoin de 9,1 millions de dollars américains pour poursuivre le projet jusqu’en avril 2024.

Emmanuel Kuzamba