RDC : face à l'échec du gouvernement, des représentants de déplacés et des chefs traditionnels Teke saisissent l'ONU pour le déploiement des contingents dans la région de Kwamouth et Bagata pour “imposer la paix”

Photo d'illustration
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Des représentants de déplacés et des chefs traditionnels Teke ont officiellement saisi les Nations Unies pour solliciter le déploiement des contingents de la Monusco dans les territoires de Kwamouth et Bagata en vue d'imposer la paix. Après le dépôt du mémorandum au siège de la Monusco à Kinshasa vendredi 28 avril dernier, le député national et porte-parole du groupe, Willy Bolio Emina Mpa Rewil, a affirmé que le gouvernement de la République a montré ses limites dans la protection des populations civiles.

« Nous sommes venus saisir officiellement les Nations-Unies avec un mémo pour dénoncer le laxisme du gouvernement de la RDC à protéger la tribu Teke, imaginez qu'à ce jour, depuis le mois de juin nous comptons plus de 2 000 morts. Que le gouvernement se taise à quelques mètres des sièges des institutions, ça joue la complicité, c'est pourquoi ayant constaté que toutes les commissions que le gouvernement a mis en place n'aboutissent à rien et que dans l'entre temps le gouvernement reçoit publiquement ceux qu'on accuse comme commanditaire de ces atrocités mais n'a jamais reçu les victimes, ça nous prouvent tout clairement que nous avons à faire aux sangliers et le juge est cochon, raison pour laquelle nous avons saisi les Nations-Unies pour demander l'application du chapitre 7 de sa charte sur la rupture de la paix. Que les Nations-Unies viennent imposer la paix parceque le gouvernement en est incapable », a expliqué devant la presse le député national Willy Bolio.

Et de poursuivre :

« Aussi, on doit instituer un tribunal spécial pour juger les assaillants parceque quand on les attrappe le gouvernement les enrôle dans l'armée, nous avons vu à la télévision que les assaillants sont recrutés dans l'armée nationale. Outre cela, les Nations-Unies doivent chasser par force ces Assaillants pour permettre à tous ces déplacés non pris en charge qui sont partout à travers la République de pouvoir rentrer chez eux, on est nulle part mieux que chez soit, tout le monde le sait même dans votre propre villa, lorsque vous voyez un serpent entrer, vous ne le voyez pas sortir personne ne pourra entrer dans cette villa pour aller dormir, dès lors que ces gens sont encore dans des forêts de Bateke, ces gens là sont encore dans les villages, le gouvernement ne peut pas demander aux gens de rentrer là-bas comme s'ils devraient rentrer à l'église pour prier, voilà pourquoi nous avons saisi les Nations-Unies »

À la question de savoir pourquoi cette démarche n'a pas été faite auprès du gouvernement de la République, l'élu de Bolobo (Mai Ndombe) estime que le gouvernement ne joue pas franc jeu dans le cadre de ce dossier.

« Le gouvernement a déjà reçu plusieurs fois les demandes d'audiences, il n'a jamais reçu les victimes, il reçoit ceux qui sont là, il ne faut pas oublier la haute représentation en terme des politiques des personnes qu'on accuse massacrer les Bateke dans les institutions de la République, c'est comme je vous ai dis on ne peut pas avoir affaire aux sangliers et aller porter plainte auprès du cochon, les choses sont claires, quand un gouvernement doit carresser un criminel dans le sens de poils, pensez-vous qu'il a besoin d'éliminer ce criminel ? Je ne pense pas », a-t-il indiqué après avoir déposer le mémorandum.

Et d'ajouter :

« Je ne pense pas qu'on doit soigner les grands maux avec de petits remèdes, quelqu'un qui a le SIDA, vous lui donnez des aspirines, je ne pense pas que ça soit un bon traitement. Qu'es-ce que ces missions ont déjà produit ? C'est ça que nous attendons, nous n'avons pas besoin d'apprendre qu'une mission serait partie, elles sont combien aujourd'hui ? On a même institué des commissions qui ont sorti beaucoup d'argent de la République où il y avait trois gouverneurs des provinces, les assemblées provinciales mais jusqu'à aujourd'hui il n'ya rien, ça fait bientôt une année, on ne va pas commencer à célébrer les morts » 

Les atrocités ont débuté au territoire de Kwamouth en juin 2022 entre les communautés Teke et Yaka. D'abord, il s'est agi comme cause, l'augmentation de la quantité de la redevance coutumière par le chef du village Masiambe de un à cinq sacs, ce qui n'a pas été accepté par les non originaires dont les Yaka qui vont protester par des manifestations. C'est alors qu'un mouvement de chasse de tous les non-originaires sera déclenché par les Teke. En revanche, un groupe de personnes identifiées comme des Yaka vont se sont organisés pour déchoir quelques aux autorités coutumières et installer les leurs notamment aux villages Ngambomi. 

Plusieurs militaires envoyés en opérations ont été tués avant le début des opérations proprement dites. Plus de 200 personnes ont été tuées. Ces atrocités ont, en septembre 2022, atteint le territoire voisin de Bagata (Kwilu) où plus de 50 morts dont des chefs coutumiers ont été recensés.

Clément MUAMBA