RDC-Rutshuru: le M23 accusé de beaucoup d'abus dans des zones censées être sous contre de l'EAC, trois opérateurs économiques enlevés à Kiwanja

Trois civils ont été enlevés le soir du vendredi 28 avril à Kiwanja, cité située à plus moins 75 km de Goma, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Selon les sources dans la zone, les victimes sont des opérateurs économiques bien connus à Kiwanja. Déjà, les ravisseurs demandent une rançon qui varie entre 1 000 et 2000$ par otage pour leur libération. 

« Nous sommes inquiets de voir ces gens kidnappés, c’était aux environs de 19h, heures locales. Nous ne savons pas comment cela est arrivé. S'agit-il des gens ciblés et par qui? Nous soupçonnons les gens avec qui nous vivons ici (M23). D'autres personnes passaient sans problème, notamment ceux qui allaient se ravitailler dans les petits marchés du quartier », témoigne un habitant de Kiwanja. 

Selon les témoins ayant vécu les faits, les ravisseurs  portaient des armes à feu ainsi que des armes blanches dont des machettes. 

« En tant qu'habitant de Kiwanja, je suis très inquiet de cette insécurité totale qui frappe la cité alors que l'EAC est ici. Le M23 est également ici. Ça crée une confusion totale. Nous n'avons personne pour nous sécuriser. Bien au contraire, ils se déguisent en civils pendant la journée, pour cibler ceux qu'ils vont kidnapper pendant la nuit et exiger la rançon. Le M23 nous fait souffrir énormément», a ajouté cet autre habitant qui appelle qui prévient le gouvernement congolais et la communauté internationale: «qu'ils se préparent à venir enterrer les jeunes des vieux d'ici qui se préparent conséquemment pour chasser le M23 et l'EAC de cette zone ». 

Au-delà des cas d’enlèvements des commerçants et des agriculteurs, les rebelles du M23 s’illustrent dans des cas de torture des civils qui refusent de payer leur taxe, sous l’œil impuissant de la force régionale de l'EAC.

« Il y a des cas de torture qu'on enregistre au niveau de certaines barrières. Par exemple, un motard qui dépasse leur barrière de Nyongera sans payer la taxe est soumis à des tortures terribles. Pourtant, il y a une grande base de l'EAC à Nyongera mais le M23 y a érigé une grande barrière. J'ai personnellement  vu ça de mes propres yeux », regrette pour sa part un acteur de la société civile locale. 

Les rebelles du M23 sont accusés de beaucoup de cas des violations des droits de l'homme dans des zones sous leur contrôle, en dépit de la présence des éléments de la force régionale de l'EAC. Plusieurs cas des décès ont été rapportés du 20 au 25 avril dernier dans les villages de Kashali et Kazaroho dans la chefferie de Bwito. Les agriculteurs qui sont allés récolter les maïs dans leurs champs auraient été massacrés par les combattants du M23, en provenance de Mabenga, rapportent plusieurs sources de la société civile et de l'administration coutumière locale qui indiquent que le monitoring se poursuit, toute cette zone étant inaccessible suite à l’insécurité. 

Jeudi 27 avril, le  commandant de la force régionale de l'EAC, le général Jeff Nyagah a démissionné de ses fonctions. Il a évoqué comme motifs, des pressions politiques et des intimidations subies de la part des "mercenaires" recrutés par Kinshasa.

Dans une correspondance adressée au secrétaire général de l'EAC, le désormais ancien commandant de la force régionale, a justifié sa décision de quitter la zone de la mission en raison d'une « menace aggravée contre sa sécurité et d'un plan systématique visant à contrecarrer les efforts de l'EACRF ».

Ce samedi, l’armée a rejeté toutes les accusations formulées par Jeff Nyagah à qui il est notamment reproché la cohabitation pacifique avec les rebelles du M23 et les soldats rwandais dans les zones sous contrôle du contingent kényan. 

Lire ici: Force de l’EAC en RDC : il est reproché également à Jeef Nagah la cohabitation pacifique avec les forces rwandaises et les M23 dans les zones sous contrôle du contingent kényan (Armée)

Jonathan Kombi, à Goma