FARDC-M23 : cessez-le-feu toujours violé, coordination humanitaire défaillante, et les cas de malnutrition augmentent chez les enfants et les adultes parmi les déplacés

Déplacés de Kanyaruchinya, à proximité de Goma. Photo/ACTUALITE.CD
Déplacés de Kanyaruchinya, à proximité de Goma. Photo/ACTUALITE.CD

La situation humanitaire dans l’Est de la RDC est alarmante particulièrement dans les zones touchées directement et indirectement par l’avancée du M23 et les combats qui s’en suivent. Médecins Sans Frontière (MSF) a particulièrement alerté sur les conséquences de récents combats dans la zone de santé de Kibirizi au centre de la province du Nord-Kivu. L’ONG rapporte que la population de cette zone a été contrainte de fuir vers le nord pour se mettre à l’abri, principalement dans les localités de Kayna, Kirumba et Kanyabayonga.

Plus de 150 000 personnes auraient trouvé refuge en quelques jours dans ce territoire, selon les données collectées par le comité des déplacés et les évaluations menées par les équipes de l’organisation humanitaire.

« 87 000 personnes déplacées étaient déjà réfugiées dans la zone de santé de Kibirizi avant de fuir à nouveau. Durant ces six derniers mois, ces familles n’ont reçu aucune assistance médicale et humanitaire, ce qui a des conséquences sur leur état de santé : les cas de malnutrition augmentent chez les enfants et les adultes. Ces personnes manquent de biens de première nécessité et principalement de nourriture. La plupart des personnes déplacées sont hébergées au sein de la communauté qui elle-même subit les effets de la crise », explique Caroline Seguin, coordinatrice des opérations d’urgence pour MSF au Nord-Kivu.  La situation est d’autant plus grave dans un contexte marqué par une quasi absence d’ONG dans la zone dont l’accès est très difficile, les vols humanitaires étant suspendus. 

Ces nouveaux déplacés arrivent dans une région aussi sinistrée : « La majorité des structures de santé sont vides : aucun médicament et très peu de patients puisque les soins sont payants et que les habitants n’ont pas les moyens de se soigner. Or, les besoins sanitaires sont immenses, à un moment où les cas de rougeole et de malnutrition augmentent », poursuit Caroline Seguin. 

Que faire et avec quel acteur ? Quelle réponse de MSF ?

« Vu l’ampleur des besoins, notre aide ne suffira pas. Aujourd’hui, nous appelons l’ensemble des acteurs humanitaires à se mobiliser pour organiser l’acheminement de l’aide à cette population en détresse. Depuis le mois d’octobre 2022, ces familles ont dû pour la plupart se déplacer plusieurs fois et sont aujourd’hui complètement épuisées, moralement et physiquement. Actuellement toute l’aide à destination du Nord-Kivu est focalisée sur Goma, mais pour les habitants et les déplacés des zones reculées, notamment dans le territoire sud de Lubero et la zone de santé de Kibirizi, ces familles restent livrées à elles-mêmes et ne reçoivent aucune aide », conclut Caroline Seguin.

MSF intervient auprès des déplacés dans plusieurs zones dont Mweso, Kanyaruchinya, Munigi, Bulengo et Sake. MSF dénonce « une lenteur difficilement explicable dans la réponse humanitaire marquée par un manque de coordination et ce malgré des financements disponibles et la présence de très nombreuses organisations à Goma, la capitale provinciale ».