RDC-M23: « Nous recevons la carte mais nous ne savons si nous allons voter », s’inquiètent les déplacés enrôlés par la CENI dans le site de Kanyaruchinya

Enrôlement des électeurs dans le site des déplacés de Kanyaruchinya
Enrôlement des électeurs dans le site des déplacés de Kanyaruchinya

Alors que les élections générales sont prévues à la fin de cette année en RDC, le pays est secoué par la guerre que mène la rébellion du M23 au Nord-Kivu où elle occupe de vastes zones dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi. Ces violences ont provoqué le déplacement de milliers d’habitants qui ont trouvé refuge près de Goma.

En cette période consacrée au recensement des électeurs, les déplacés sont préoccupés car doutent de la tenue effective des scrutins dans leurs milieux actuellement occupés par les rebelles du M23. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a délocalisé l’opération d’enrôlement des électeurs de Rutshuru à Kanyaruchinya dans les sites des déplacés.

Même si certains déplacés obtiennent leur carte d’électeur à Kanyaruchinya, ils s’inquiètent tout de même du sort d’une grande partie des populations restées sous le joug des rebelles.

« Je viens d’avoir ma carte ici à Kanyaruchinya, on m’a enregistrée dans notre machine de Rutshuru. Ceux qui sont restés à Rutshuru ne se sont pas enrôlés, je ne sais pas comment cela va se passer. Ce n’est pas bien que les uns votent et les autres soient exclus. Il est important qu’on le fasse tous au même moment. Si on vote ici, ceux qui sont là ne vont pas le faire alors que ce sont nos frères congolais », s’inquiète une femme déplacée, habitante de Rutshuru.

Christophe, lui, craint la perte des sièges au parlement pour son territoire de Rutshuru. « Nous recevons la carte c’est bien, mais nous ne savons pas jusque-là nous ne savons pas si nous allons voter », s’inquiète-t-il.

« Dans notre territoire de Rutshuru, la majorité de la population y est restée, seules les populations des groupements de Kisigari et Rugari avaient fui, celles d’autres groupements sont restées. Nous avons sept députés, alors avec deux groupements nous ne saurons pas avoir ce nombre de sièges, peut-être nous n’aurons que deux ou trois députés », redoute Christophe.

Alors que les rebelles ne faiblissent pas l’offensive, Christophe croise les doigts pour que même l’opération d’enrôlement des électeurs ne soit pas perturbée.

« En plus la guerre continue, nous avons appris que les affrontements sont du côté de Sake, nous ne savons pas si le jour du vote ou les 30 jours de l’enrôlement vont finir dans la quiétude », spécule-t-il tout en demandant « au gouvernement d’appuyer notre armée car c’est une armée forte ».

Et un autre déplacé qui espère un lendemain paisible : « J’ai l’espoir que la guerre va finir et j’irai voter chez moi. Je demande juste au gouvernement de nous aider à finir cette guerre pour que nous rentrions chez nous ».

Mais en attendant, les déplacés obtiennent leur carte afin d’avoir une pièce d’identité. « Ce qui me motive à prendre la carte c’est parce c’est ça l’identité, un homme qui n’a pas sa carte d’électeur n’est pas congolais », conclut cet autre déplacé. 

Les zones sous contrôle du M23 sont mises en attente en ce qui concerne les opérations électorales. « Nous allons ouvrir 1004 centres d'inscription dans la province du Nord-Kivu et nous allons aussi prendre en compte, Les déplacés internes qui se trouvent dans les camps des déplacés. Il s'agit notamment de Rutshuru, de Masisi et de Beni territoire. Nous tenons au moins à préciser que, le maire de la ville a insisté sur le fait que seuls les Congolais ont droit de venir se faire enrôler conformément aux dispositions de la loi », avait déclaré Paul Muhindo, rapporteur adjoint de la CENI à Nyiragongo où il supervisait l’opération d’enrôlement des déplacés.

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— ACTUALITE.CD (@actualitecd) February 28, 2023

Yvonne Kapinga