RDC: l'aide humanitaire n'est pas toujours la solution aux problèmes, il faut s'attaquer aux causes des conflits, affirme le numéro 2 de la Monusco 

les déplacés dans une école à Nyiragongo.
Des déplacés dans une école dans le territoire de Nyiragongo

Au nom du Premier Ministre, Modeste Mutinga, ministre des Affaires Sociales et Actions Humanitaires a présidé mercredi 22 février 2023 la cérémonie de lancement du Plan de Réponse Humanitaire 2023-2024 pour la République démocratique du Congo. Ce plan est évalué à hauteur de 2,25 milliards USD et cible 10 millions de personnes qui font face à des multiples facteurs de vulnérabilités.

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Prenant la parole à cette occasion, Bruno Lemarquis, le Représentant spécial adjoint de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et Coordonnateur Humanitaire a rappelé que bien que l'aide humanitaire soit primordiale pour sauver des vies et soulager les souffrances des populations touchées par les violences, elle n'est pas la solution aux problèmes humanitaires.

"Les solutions politiques pour le retour à la paix et à la sécurité ; des programmes d’accompagnement à l’échelle pour la stabilisation, tel que le PDDRCS ; des approches systématiques et coordonnées pour s’attaquer aux causes structurelles profondes, aux causes des conflits, que j’aime appeler les nœuds gordiens, telles que la question foncière, la question de l’exploitation et la gestion des ressources naturelles ou encore la question des flux financiers illicites ; des solutions gagnants-gagnants en termes de développement économique et de croissance inclusive et génératrice d’emplois, s’appuyant sur le potentiel de la RDC comme pays solution; des investissements massifs dans la prévention et le développement pour appuyer la mise en œuvre des objectifs du développement durable, la combinaison de tout cela conduirait à une diminution drastique des besoins humanitaires. D’où l’importance à ce que les acteurs humanitaires, les acteurs de développement et les acteurs de paix travaillent ensemble dans le cadre du nexus, pour trouver des solutions durables à l’échelle, s’attaquer aux vulnérabilités à l’échelle, et réduire les besoins humanitaires", a-t-il recommandé dans son discours devant des bailleurs des fonds, des responsables des ONGs et d'autres personnalités.

Il a remercié les partenaires et bailleurs de fonds pour leurs contributions financières au plan de réponse humanitaire 2022, y compris à travers le Fonds humanitaire, qui est un outil essentiel pour une réponse coordonnée, notamment en appui aux organisations locales. 

"Vos contributions ont permis à sauver des vies et à redonner de l'espoir. Grâce à celles-ci, le plan de réponse 2022, financé à hauteur de 49%, a permis, sur les 8 millions de personnes que nous souhaitions atteindre, d’apporter notamment une assistance alimentaire à environ sept millions de personnes; une assistance nutritionnelle à environ deux millions de personnes, dont une majorité d’enfants ; et une assistance en eau potable, services d’hygiène et soins de santé à plus de 2,5 millions de personnes" s'est-il réjoui dans son mot de circonstance

Il a aussi présenté les grands chiffres de cette crise et des vulnérabilités en République Démocratique du Congo.

"26 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, le chiffre le plus élevé au monde. Parmi lesquelles environ 4 millions sont dans la phase d’urgence ;  la malnutrition aiguë touche 6,4 millions de personnes, principalement des enfants de moins de 5 ans ; la RDC compte le plus grand nombre de personnes déplacées internes sur le continent africain, avec 5.7 millions de personnes", a-t-il détaillé.

Et de poursuivre :

"Le pays accueille également plus de 500 000 réfugiés des pays voisins ; les épidémies évitables telles que rougeole, fièvre jaune, choléra et paludisme continuent de prélever un lourd tribut sur la population ; Chaque heure en RDC, quatre femmes meurent de grossesse ou en couches. Le pays a l'un des taux de mortalité infantile les plus élevés au monde : 70 pour 1 000 naissances vivantes. Les crises multiples continuent également d'exposer les femmes et les filles au risque de violence sexuelle, y compris le viol, qui est utilisé comme arme de guerre"

L'activisme des groupes armés locaux et étrangers à l'Est de la République Démocratique du Congo est à la base de cette situation dramatique. Avec la résurgence des rebelles du M23, la situation sécuritaire et humanitaire s'est détériorée encore d'avantage dans cette partie de la République Démocratique du Congo.

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Clément MUAMBA