Plan d’action humanitaire 2023-2024: des ONGs nationales demandent au gouvernement d'intensifier le plaidoyer pour un financement à 100%

Des déplacés vident le site de Kanyaruchinya pour se diriger vers Goma
Des déplacés vident le site de Kanyaruchinya pour se diriger vers Goma

Intervenant lors du lancement du plan de réponse humanitaire 2023-2024 pour la République démocratique du Congo ce mercredi 22 février, des Organisations non gouvernementales nationales notent que la situation humanitaire demeure toujours préoccupante à cause des conflits armés qui aggravent la pauvreté structurelle chronique et les crises récurrentes qui prévalent au pays. 

Les ONGs nationales déplorent aussi des tueries, des attentats à la bombe, des inondations avec des pertes et dommages importants à travers les provinces; des conflits intercommunautaires et fonciers, des massacres à répétition, des femmes et jeunes filles maltraitées, des résurgences des épidémies.

"Ce tableau sombre de la situation humanitaire en RDC a des nombreuses conséquences parmi lesquelles, nous citons notamment les déplacements massifs des populations en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, au Tanganyika, sans oublier les périphéries de la ville de Kinshasa. Au regard de ce qui précède et de l’évolution de la situation, nous constatons que les besoins humanitaires ne font qu’augmenter alors que les moyens pour y répondre ne suivent pas", déplore Boniface Nakwagelwi Ata Deagbo, secrétaire exécutif de Caritas Congo Asbl au nom des ONGs nationales. 

Chaque année, le Gouvernement Congolais et la communauté humanitaire en RDC ciblent, à l’aide des critères objectifs, les populations affectées pouvant bénéficier de l’aide humanitaire essentielle pour reprendre le cours normal de la vie et mettent en place un plan d’action humanitaire avec un budget.

Cependant, des Organisations non gouvernementales nationales ont formulé des nouvelles recommandations au gouvernement afin d'améliorer la réponse humanitaire mais aussi pour atteindre les objectifs fixés dans le nouveau plan.

"Il y a encore beaucoup à faire. En effet les ONGs nationales demandent que : le Gouvernement intensifie le plaidoyer afin que le présent plan d’action soit financé à 100% ; le gouvernement prenne les dispositions adéquates et efficace pour la sécurisation des camps des déplacés mais également la sécurisation du personnel des ONGs lors de la réalisation de leur travail humanitaire ; la localisation soit effective et totale en République Démocratique du Congo pour accroître le respect du rôle des acteurs locaux, dans le but d'augmenter la portée, l'efficacité et la redevabilité de l'action humanitaire ; le NEXUS Humanitaire – Développement – Paix soit réellement mis en exécution compte tenu des crises qui s’inscrivent de plus en plus dans la durée en RD Congo", ont-elles recommandé.

Le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha) et le gouvernement congolais ont estimé à 2,25 milliards USD le montant nécessaire pour venir en aide à quelque 10 millions de personnes en République démocratique du Congo. Le "Plan de réponse humanitaire 2023" lancé à Kinshasa vise à financer les "besoins critiques" de ces personnes "affectées par les conflits, les épidémies et les catastrophes naturelles" notamment dans les provinces de l'est du pays.

Le Nord-Kivu, l'Ituri et le Sud-Kivu sont en proie aux violences de groupes armés depuis près de 30 ans. La RDC compte au total environ 100 millions d'habitants. La crise humanitaire a été exacerbée durant les 12 derniers mois par un regain de violence, notamment dans le Nord-Kivu où plus de 600.000 personnes ont été nouvellement déplacées depuis mars 2022

En 2022, les acteurs humanitaires avaient lancé un appel pour 1,88 milliard de dollars. Il a été financé à hauteur de 48%, laissant des millions de personnes sans l’assistance nécessaire. Ainsi, environ 5 millions personnes seulement sur les 8,8 millions ciblées ont reçu de l’assistance

Clément Muamba