Après plus de deux ans des tensions diplomatiques nées de l’instabilité dans les Nord et Sud-Kivu, la République Démocratique du Congo et le Rwanda ont finalement fumé le calumet de la paix à travers un accord que leurs ministres des affaires étrangères ont signé vendredi sous les auspices de l’administration Trump, à Washington. La MONUSCO a, pour sa part, salué une étape encourageante en faveur notamment de la paix et de la stabilité durables dans l’Est de la RDC.
Dans un communiqué signé par la représentante spéciale adjointe du secrétaire général de l’ONU en RDC, la MONUSCO a salué le rôle déterminant qu’ont joué les USA pour l’aboutissement d’une attente entre les deux paix en froid depuis fin 2022, exprimant sa disponibilité à aider pour la mise en œuvre dudit accord.
« Cet accord représente une étape encourageante en faveur de la cessation des hostilités, de la désescalade des tensions régionales et du rétablissement durable de la paix et de la stabilité dans l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs » La MONUSCO salue le rôle déterminant joué par les États-Unis dans la facilitation de cet accord, en étroite collaboration avec l’État du Qatar, le Médiateur de l’Union africaine, Son Excellence M. Faure Essozimna Gnassingbé, Président du Conseil des ministres de la République togolaise, ainsi que les cinq co-facilitateurs désignés par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) », a déclaré Mme Vivian van de Perre, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies en RDC et Cheffe par intérim de la MONUSCO.
Et d’ajouter :
« Conformément à son mandat, la Mission réaffirme sa pleine disponibilité à soutenir la mise en œuvre de cet accord, en coordination étroite avec le Gouvernement congolais, l’Union africaine, les organisations régionales et l’ensemble des partenaires internationaux », appelant les deux parties à mettre en œuvre les engagements de cet accord, notamment le cessez-le-feu ainsi que les contenus de la résolution 2777 de l’ONU.
Ce que prévoit l’accord
Signé à travers leurs ministres des affaires étrangères, la RDC et le Rwanda se sont mis d’accord sur deux volets majeurs, à savoir la sécurité et l’économie. Selon le texte, le nouvel accord prévoit notamment l’intégrité territoriale entre les deux pays, la cessation des hostilités en leurs armées, ainsi que l’engagement mutuel de ne plus soutenir de groupes armés comme les FDLR ou le M23-AFC. Il inclut également la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire fondée sur le concept d’opération adopté à Luanda en octobre 2024.
Sur le volet économique, il entend renforcer la coopération bilatérale autour des projets communs, notamment dans l’hydroélectricité, la gestion des parcs nationaux et la traçabilité de minerais, s’appuyant sur les cadres régionaux existants, dont la CIRGL, COMESA, EAC pour favoriser l’intégration économique et lutter contre les circuits illicites.
L’accord étant signé sous l’encadrement du secrétaire d’Etat des USA, Marco Rubio, et sous la modération de Massad Boulos, conseiller spécial du président dans la région des grands-lacs, les deux parties disposent désormais de trente jours, soit un mois à dater du jour de son entrée en vigueur, pour mettre en place un mécanisme de conjoint de coordination de sécurité. Pour ce faire, elles travaillent avec les partenaires régionaux et internationaux pour promouvoir la stabilité, la sécurité et le développement dans la région, tout en reconnaissant l’indépendance de la paix et de la sécurité.
Par ailleurs, le document précise que le mécanisme conjoint d coordination de sécurité est le régi par les principes et le plan de mise en œuvre figurant à l’annexe, où il est clairement : « la fin irréversible et vérifiable du soutien de l’Etat et aux groupes armés associés, et l’interdiction total de tout soutien matériel, logistique, financier et autre, qu’il soit national ou étranger à ces derniers ; un engagement à identifier, évaluer, localiser, et neutraliser conformément aux dispositions pertinentes du plan harmonisé de neutralisation des FDLR et de désengagement des forces/ levée des mesures défensives par le Rwanda (CONOPS) du 31 octobre 2024, découlant du processus de Luanda ».
En réaction, le Qatar, qui s’active pour un accord de paix entre Kinshasa et le M23-AFC, a salué, dans une déclaration, la concrétisation de « sa volonté sincère et l’engagement véritable » manifestée par les deux parties en faveur d’une résolution pacifique et diplomatique du différend.
Samyr LUKOMBO