Défis, voies et moyens pour contourner certaines difficultés, pendant trois heures, le 18 septembre sur Twitter, près de 1700 personnes ont discuté des réalités rencontrées par les femmes sur le marché de l'emploi.
Le rendez-vous est parti d’un constat. Bien que la RDC s’est engagée à réduire les disparités entre les femmes et les hommes à travers la signature et la ratification de plusieurs instruments juridiques au niveau international, régional et national, d’énormes challenges, des réalités récurrentes ou cachées rendent la femme vulnérable et constituent un frein à son épanouissement.
S’appuyant sur le récent rapport de la Banque Mondiale qui indique que seules 62 % des femmes font partie de la population active en RDC et à peine 6,4 % d’entre elles ont un emploi salarié, Hatton Mianda, l’une de deux animatrices a également épinglé les obstacles énumérés par le Bureau international du travail (OIT). A savoir, le conformisme culturel, le faible niveau d’éducation et de compétence des femmes, le harcèlement ainsi que les agressions sexuels...
Education au niveau des familles
Parmi les participants, Nicole Ntumba Bwatshia, directrice de cabinet adjoint du Chef de l’Etat, la pilote Mamitsho Pontshi, la nouvelle Présidente du Conseil d’administration de l’ARE Sylvie Olela Odimba, l’homme politique Patrick Nkanga Bekonda, Jean Claude Mulunda, médecin de formation et Directeur pays de l’ONG Internationale IPAS, Cybelle Kamba, Bibiche Ntibonera, et bien d’autres personnalités de la twittosphère congolaise.
« Dans la famille, un garçon a plus de chances d’aller jouer, apprendre l’informatique ou l’anglais, que de participer aux travaux ménagers, alors que la jeune fille n’a pas cette possibilité. Lors des recrutements, on rencontre des femmes qui sont intelligentes mais qui ne répondent pas aux critères recherchés, notamment une femme qui maitrise l’outil informatique ou qui parle couramment l’anglais. Pourtant, elles ont un diplôme de licence en droit, un doctorat en médecine (…) Pour leur permettre de développer d’autres compétences et se mettre au même niveau que des hommes, l'idéal serait de s’attaquer aux inégalités qui existent déjà au niveau des ménages », a affirmé le Dr. Jean-Claude Mulunda.
Olga Chera Tshibambe, entrepreneure et responsable d’Olwaste, spécialisée dans le ramassage et le recyclage des résidus plastiques a donné des exemples plus concrets à propos des réalités auxquelles elle fait face sur le terrain.
« Lors de nos prospections clients, certains hommes nous donnent rendez-vous en dehors des heures de service, ils abordent des affaires privées, ils regardent votre physique et vous adressent des compliments déplacés. Cependant, on essaie de se surpasser mais comme vous le savez, c’est très difficile. Cela décourage Au niveau des femmes, il y a un manque de confiance, elles se posent énormément de questions sur nos compétences avant d’accepter nos services. Il y a des femmes qui demandent s’il y a des hommes dans notre entreprise pour jauger la qualité de notre travail (…) ».
Pour répondre au plaidoyer de Olga Chera, Urbain Manoka, responsable des ressources humaines d’une institution de microfinance a fait savoir que « conformément aux articles 73 et 74 du Code du travail en RDC, le harcèlement sexuel constitue une infraction de la part de l’employeur et de l’employé ». Il a également indiqué un autre problème, le changement des règles de recrutement pendant le processus de recrutement ou le licenciement d’une femme pour des causes liées à la maternité.
Plusieurs autres questions ont été soulevées. Notamment, les ragots à l’égard des femmes qui occupent des postes de responsabilité dans les entreprises, les faux jugements, le manque de formation de la part de la femme ou le fait que certains hommes refusent à leurs épouses de travailler malgré l’évolution du code de la famille.
Des recommandations
En termes de suggestion, Isabelle Ebambi Katalayi, a proposé aux femmes de se conformer aux exigences des postes qu’elles veulent occuper. « Il faut pouvoir se découvrir, identifier ses compétences, augmenter la confiance en soi pour pouvoir être outillée dans sa recherche d’emploi ».
Cynthia Katanga (banquière) a abordé la question de la discrimination en matière de maternité. Elle estime que « les femmes devraient lire le code du travail pour connaître leurs droits et devoirs ».
À propos du harcèlement sexuel, Been-Ky, diplomée en sciences économique tertiaire, Droit des affaires, responsable du Cabinet de droit des fortunes (Suisse) et co-animatrice du Space a donné quelques techniques.
« Acheter un bloc note, à chaque fois que vous avez une agression (non verbale, verbale ou physique), noter l'heure, le type, et la date. Si vous apportez cela à votre avocat conseil, il lui sera beaucoup plus facile d'y travailler. N'acceptez pas des invitations d'interviews dans les hôtels, les voitures. Mettez une tenue qui ne vous indispose pas », a-t-elle suggéré.
Hatton Mianda a insisté sur la mise en place de sanctions fortes pour réprimer les auteurs des violences, sur l’auto-formation pour se qualifier. Le respect propre (confiance en soi, audace, leadership féminin).
Il faut noter que Hatton Mianda est cheffe de projet de l’initiative à Responsabilité Sociétale de la Sodeico, « Nkelo Bantu », une plateforme qui vise le renforcement des capacités et l'amélioration des conditions du capital humain des entreprises.
Prisca Lokale