Manif anti-Monusco/Butembo: la veillée mortuaire réprimée, les neuf corps récupérés par les forces de sécurité

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La veillée mortuaire improvisée à la place VGH vendredi soir, en mémoire des civils tués lors de la manifestation anti-Monusco  a été réprimée la nuit du vendredi à ce samedi 30 juillet par des forces de sécurité, apprends ACTUALITE.CD de Jean-Pierre Kasma, un militant de la Lucha (lutte pour le changement) qui était aux côtés de la centaine d'autres jeunes qui ont bravé une fine pluie et le froid pour veiller au tour de "neuf corps exposés sur place". 

Selon lui, au tour de 2 heures locales, des policiers et militaires ont été déployés pour disperser les manifestants et récupérer les corps de victimes.

"Ils sont intervenus au tour de 2 heures. Ils nous ont dispersé à coup de feu. C'était sauve-qui-peut. Ils en ont profité pour récupérer les neufs de nos compatriotes qui était exposés à la place VGH. Ils ont transporté les cercueils à bord d'un Kamaz (camion de fabrication russe, utilisé par l'armée congolaise) et sont partis dans une destination inconnue", indique à ACTUALITE.CD Jean-Pierre Kasma, 

Il dénonce une intervention des forces de sécurité.

"Ils ont tiré des balles réelles, il y aurait même des morts et de blessés. On continue à vérifier", rapporte-t-il. 

Aucune informations jusque là au sujet de la destination des corps.  Entre temps, les jeunes barricades les artères, notamment au croisement de la rue d'ambiance et l'avenue Matokeo qui mène au rond-point VGH. Une trentaine de jeunes fossoyeurs ont veillé toute la nuit sur les tombeaux. Nos efforts pour joindre les autorités à ce sujet n'ont pas encore aboutis.  Le commandant-ville de la police annonce un point de presse ce matin pour fixer l'opinion.

Initialement prévu vendredi soir, l'enterrement collectif de ces victimes civiles n'a plus eu lieu. Leurs corps ont été levés tardivement de la morgue de l'hôpital Matanda où ils étaient déposés en attendant les obsèques. 

Les manifestants qui s'apprêtaient à leur rendre les derniers hommages n'ont pas souhaité les enterrer nuitamment, même si les tombes étaient déjà creusées à Kitatumba, un cimetière public de Butembo.  Ainsi, neuf cercueils, et non huit, comme indiqué précédemment, ont quitté la morgue et ont été déposés au rond-point VGH où une veillée mortuaire a été improvisée, malgré le refus de la police.

Jusque vendredi soir, un compromis a été trouvé entre les autorités, les familles de victimes et les délégués de la synergie des mouvements organisateurs des manifestations anti-Monusco. 

Un enterrement collectif décidé, d'après l'avocat Serges Makeo qui défend les parties civiles, pour honorer la mémoire de ces "jeunes martyrs et héros tués alors qu'ils réclamaient la paix et la sécurité, mais pour faciliter l'érection d'un mémorial, en vue de garder les traces de ces crimes commis par les casques bleus".

Claude Sengenya