Kinshasa : dénonçant la “mauvaise foi” du gouvernement, les médecins membres du SYNAMED annoncent la radicalisation de leur grève dès ce mercredi

Les médecins membres du Syndicat national des médecins (SYNAMED) ont déclaré, ce dimanche 10 juillet, qu’ils vont radicaliser leur mouvement de grève sous forme de polarisation des urgences à partir de ce mercredi 13 juillet.

En effet, ces médecins disent etre « frustrés » en suivant le compte rendu du conseil des ministres de ce vendredi 8 juillet, qui a maintenu les résolutions de Bibwa qui n’ont pas pris en compte leurs revendications. 

« Le bureau exécutif provincial du SYNAMED ASBL ville province de Kinshasa, informe à l'opinion nationale et internationale que la majorité de médecins des services publics de l'Etat membres du SYNAMED ASBL, réunis en des assemblées générales extraordinaires tenues ce dimanche 10 juillet 2022, a exprimé sa grande frustration en suivant le compte rendu de la 61ème réunion du conseil des ministres de ce vendredi 08 juillet 2022, et a décidé à la majorité écrasante de radicaliser  son mouvement de grève, sous la forme polarisation des urgences à partir de ce mercredi 13 juillet à 07h30, estimant que le gouvernement de la République devrait répondre concrètement et de  façon urgente à nos revendications », dit une déclaration du SYNAMED.

Pour Docteur Patrick Boloko, secrétaire exécutif du SYNAMED/Kinshasa, contacté par ACTUALITE.CD, les assises de Bibwa n'ont été qu'une simple excursion et n’ont pas abordé les vrais problèmes des médecins.

« Le gouvernement a signé avec nous un accord le 3 août 2021. Dans cet accord, il était prévu que le gouvernement agisse déjà à partir de janvier 2022 mais une partie devait être réajustée au mois d'avril 2022. Mais jusque-là rien du tout n’est fait de concret. Les médecins ont constaté que le gouvernement a trahi cet accord, il n'a pas voulu honorer son accord. Nous avons été à Bibwa, c'était une excursion syndicale, aucune plénière n'a été convoquée, on ne travaillait qu'avec les médecins sans que le gouvernement ne puisse jouer sa partition. Lorsque Kinshasa a réagi après pratiquement 5 jours pour qu'ils entrent en grève, c'est en ce moment-là que le VPM, ministre de la Fonction Publique Jean-Pierre Lihau va convoquer l'exécutif national du Synamed et d'un Syndicat frère », a déclaré Dr Boloko, qui invite tous les médecins membres du syndicat au respecter du mot d'ordre et met en garde certains médecins directeurs généraux qui menacent des médecins et les incitent à boycotter la grève.

Et d’ajouter : 

« Nous constatons que le gouvernement ne respecte pas les médecins, les médecins qui travaillent avec toute la volonté. Nous avons perdu plus de 200 médecins de la République durant la guerre contre la Covid-19 mais le gouvernement ne tient pas en compte tout cela. Les médecins ne demandent pas autres choses que d'honorer l'accord signé en 2021 ».

Cette organisation syndicale revendique notamment l'admission sous statut des 10.000 médecins non mécanisés, l’alignement de plus 6.000 médecins non bénéficiaires de la prime de risque des médecins au nombre desquels près 1.700 médecins qui devraient se retrouver dans le fichier Bibwa, mais qui ne sont toujours pas pris en compte dans l’alignement, ainsi que la prise en compte de l’indemnité de transport et de logement.

« le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Fonction Publique, Modernisation de l'Administration et Innovation du Service Public, qui a coordonné ces travaux, a indiqué avoir exprimé au seul syndicat gréviste (sur les 3 syndicats des médecins) le ferme engagement du Gouvernement d'aligner tous les 1.674 médecins restants au quatrième trimestre, au même moment que 3.000 infirmiers et 6.000 pro-santé, administratifs et autres catégories bien souvent marginalisées, à l'instar des médecins vétérinaires », lit-on dans le compte-rendu du conseil des ministres du 08 juillet dernier.

Le vice-premier ministre Lihau a précisé avoir informé aux responsables de ce syndicat que la pression subie par l'enveloppe salariale au troisième trimestre, notamment avec les augmentations des fonctionnaires, des policiers et des militaires aux fronts n'a permis l'alignement des primes qu'à partir du quatrième trimestre.

Clément Muamba et Thérèse Ntumba