Le gouvernement agacé par la position de la MONUSCO: « ce langage diplomatique n’est plus suffisant », réagit Patrick Muyaya

Bintou Keita et Patrick Muyaya
Bintou Keita et Patrick Muyaya

Le 15 juin dernier, répondant à une question sur le soutien du Rwanda ou de l’Ouganda au M23, Lieutenant-colonel Fréderic Harvey de la Force de la MONUSCO, ne s’est pas rangé du côté de la position officielle du gouvernement congolais.

« La MONUSCO n’a pas vérifié, n’a pas pu vérifier par ses propres moyens ces allégations-là. Alors, on se perd en conjoncture. Je ne peux pas répondre factuellement et de façon honnête à votre question parce que je n’ai pas les réponses à ces questions. C’est la même chose. Et le Rwanda et l’Ouganda, nous n’avons aucune confirmation factuelle que cela soit bel et bien le cas en ce qui nous concerne ».

Le gouvernement ne s’était officiellement prononcé sur cette communication, mais les membres du gouvernement contactés étaient furieux et dénonçaient ce qu’ils qualifient d’hypocrisie de la mission. Plus tard, sans aller loin, Patrick Muyaya, ministre de la communication et des médias, parlera d’une communication maladroite.

Ce mercredi, dans une communication au conseil de sécurité de l’ONU, Bintou Keita, a une fois de plus présenté la situation sur le terrain et la force de frappe du M23 sans évoquer le soutien documenté du Rwanda à ce mouvement.

« Cependant, suite à des attaques coordonnées sur une direction Est-Ouest, le M23 a occupé la ville de Bunagana, un important poste frontière avec l’Ouganda. Au cours des affrontements les plus récents, le M23 s’est comporté de plus en plus comme une armée conventionnelle que comme un groupe armé ».

Et d’ajouter: 

« Le M23 dispose d’une puissance de feu et d’équipements de plus en plus sophistiqués, notamment en termes de capacités de tir à longue portée de mortier et mitrailleuse, ainsi que de tir de précision sur des aéronefs. La menace que cela représente pour la population et les casques bleus qui ont le mandat de la protéger est évidente ». 

Elle a demandé au Conseil de sécurité de redoubler ses efforts en faveur d’une désescalade rapide de la situation, et du désarmement sans condition du M23.

Cette fois-ci, la réaction du porte-parole du gouvernement ne s’est pas fait attendre: « Pour les enfants décédés, les casques bleus tués, les populations déplacées, ce langage diplomatique n’est plus suffisant. Dire que c’est l’armée rwandaise qui opère sous couvert des terroristes du M23 marquera comme par le passé le début de la fin de cette agression », a-t-il réagi sur Twitter.

Depuis le début de cette situation, seuls les USA ont clairement condamné ouvertement le Rwanda.