8 ex-miliciens Kamuina Nsapu ont été reconnus coupables de crime de guerre, crime contre l'humanité par meurtre, viol, pillage et torture et par conséquent le tribunal militaire de garnison de Kananga en chambre foraine dans la localité de Bana ba Ntumba, en territoire de Dimbelenge (Kasaï Central) les a condamnés à la peine de mort le 21 avril 2022, a appris ACTUALITE.CD d'un communiqué de l'ONG suisse Trial international qui a appuyé la collecte des données et assuré la formation de quatre avocats du barreau du Kasaï Central qui ont représenté les 250 victimes identifiées.
Outre la peine de mort, le tribunal militaire de garnison de Kananga a alloué entre 2 000$ à 20 000$ à chaque victime en guise des dommages et intérêts.
Pour Trial International, ce verdict est une avancée dans la lutte contre l'impunité des crimes commis au Kasaï en marge de l'insurrection Kamuina Nsapu entre 2016 et 2018. Toutefois, l'ONG suisse s'insurge contre la peine de mort prononcée à l'encontre de neuf ex miliciens car cette peine fait objet d’un moratoire et n’est donc pas d’application en RDC.
"Nous sommes satisfaits que la justice congolaise ait pu entendre les victimes des atrocités commises à Bana Ba Ntumba et que plusieurs responsables aient été sanctionnés. La qualification retenue de crimes de guerre et crimes contre l'humanité montre bien la gravité des actes perpétrés. En attendant de lire le texte du jugement dans son intégralité, nous nous inquiétons de l'utilisation de la peine de mort comme sanction infligée aux condamnés. Même si elle n’est pas appliquée en République démocratique du Congo, TRIAL International considère la peine de mort comme une violation du droit à la vie ainsi que du droit de ne pas être soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant, droit qui est reconnu à tout individu, indépendamment des crimes qu'il/elle aurait pu commettre" souligne Daniele Perissi, responsable du programme Grands Lacs.
Située au centre de la RDC, la région du Kasaï est devenue tristement célèbre à cause d'un violent conflit qui a opposé de 2016 à 2019 l’insurrection armée du chef coutumier Kamuina Nsapu et le gouvernement de Kinshasa. La population civile, prise en étau entre les innombrables factions armées, a subi des crimes de masse, dont la plupart sont encore impunis.
Pour revenir au procès, il sied de signaler qu'entre avril et mai 2017, plusieurs villages, dont celui de Bana Ba Ntumba dans le territoire de Dimbelenge au Kasaï-central, ont été attaqués par une milice liée à l’insurrection armée de Kamuina Nsapu.
"Ce procès montre que la lutte contre l'impunité progresse dans la région du Kasaï. TRIAL International espère que d’autres dossiers portant sur les crimes commis par des éléments de l’armée congolaise pendant le conflit Kamuina Nsapu puissent bientôt aboutir à des procès tant attendus par les communautés locales", affirme de son côté Guy Mushiata, coordinateur national de TRIAL International en République démocratique du Congo.
Ouvert le 12 avril 2022, ce procès est le troisième au Kasaï qui voit les anciens miliciens Kamuina Nsapu répondre de leurs actes devant la justice après celui de Nkongolo Monji dit procès Nsumbu et celui relatif au meurtre de deux experts de l'ONU.
Sosthène Kambidi, à Kananga