Une plainte contre le député national Hardy Ngobe Yoto a été déposée ce mardi 12 avril 2022 au parquet général près la Cour de cassation. Une initiative d’un groupe des natifs et originaires du groupement de Djombo, secteur de Gombalo (territoire de Basankusu) dans la province de l'Equateur (Nord-Ouest) du pays.
Ils accusent cet élu du territoire de Basankusu d'avoir utilisé un groupe de gens se réclamant de la communauté Ngombe pour attaquer des membres de la communauté Mongo l’année dernière. Selon les plaignants, ces attaques sont des crimes contre l'humanité à cause notamment des pertes en vies humaines enregistrées et plus de 400 maisons incendiées. Ils disent attendre réparation de la part de la justice congolaise.
"Depuis le 19 novembre 2021, tout le village (Djombo) a été incendié, 400 maisons avec tous les effets brûlés, il y a eu pertes en vies humaines, des blessés graves et jusqu'à présent aucune assistance. Les rescapés se trouvent en ce moment dans la forêt et le député continue de manipuler toutes les autorités tant au niveau provincial que local. Quelques auteurs arrêtés et acheminés à Mbandaka ont été tous relâchés et crient au triomphalisme, alors qu'il s'agit d'un crime contre l'humanité. Raison pour laquelle, nous sommes venus porter plainte afin de mettre fin à cette comédie qui a trop duré, et nous n'allons pas céder à une quelconque intimidation tant que les bourreaux de Djombo continueront à vaquer librement et se taper la poitrine pour les actes odieux commis contre les Mongo à Djombo", a déclaré devant la presse au nom des victimes Monsieur Godefroid Bokonja Baembe.
Et de poursuivre :
"L'Etat de droit prôné par le Président de la République doit être appliqué à tous quel que soit son rang. Nous demandons ainsi à toute la population de l'Equateur en général et celle de Basankusu en particulier, y compris les organisations des droits de l'homme de nous prêter main forte pour que justice soit faite et que pareil acte ne puisse se reproduire dans l'avenir"
Pour le collectif d'avocats des victimes, les actes posés par les auteurs manipulés, dit-il, sont punis par le statut de Rome ratifié par la République Démocratique du Congo.
"Il se dessine que ces faits extrêmement graves selon le contexte de leur commission peuvent constituent les crimes contre l'humanité ou même dans une certaine mesure le génocide punis par le statut de Rome ratifié par la République Démocratique du Congo en 2002, lequel statut a été mis en œuvre en République Démocratique du Congo par les lois d'adaptation adoptées par le parlement le 31 décembre 2015. Les articles 220,221 et 222 de notre code pénal tels que modifié à ce jour punissent les crimes contre l'humanité, le génocide et les crimes de guerre, infractions imprescriptibles du fait de leur gravité. C'est comme ça que nous avons accompagné les victimes pour déposer leur plainte", a expliqué à la presse, Me Joël Bongolongondo après le dépôt de la plainte.
Dans pareille démarche, les plaignants sont toujours butés aux immunités parlementaires. Mais pour l’avocat, "il s'agit des crimes les plus graves qui défient et blessent profondément la conscience de l'humanité”.
“Dans tout le cas, c'est aux instances judiciaires d'engager les poursuites. Donc ce n'est pas nous avocats, nous faisons notre travail celui de représenter, comme il s'agit des crimes les plus graves quiconque une ONG, toute personne peut saisir le procureur général près la Cour de Cassation comme il s'agit d'un député national", a soutenu Me Joël Bongolongondo.
L'an dernier, des vives tensions communautaires ont été observées à Djombo, dans le secteur de Gombalo, à 90 kilomètres de Basankusu dans la province de l’Equateur. Les deux communautés Ngombe et Mongo s'étaient affrontées au moyen des fusils de chasse et d'armes blanches. Le conflit serait lié à la suspension du chef de secteur, de la tribu Ngombe, qui aurait instrumentalisé ses frères contre son intérimaire et sa communauté Mongo.
"Le chef de secteur qui était là, était suspendu. On a remis l’intérim au secrétaire. Alors il a fait appel à sa population. Les gens sont venus, et puis ils ont commencé à incendier des maisons de la tribu mongo. Voilà comment est né ce conflit-là", avait expliqué à Radio Okapi le président de la société civile de l’Equateur, antenne territoriale de Basankusu, Jean-Louis Wangela.
Clément Muamba