Les jeunes filles congolaises ont été appelées par le gouvernement de la RDC, à exploiter toutes les opportunités qui s’offrent à elles à travers le numérique. Se connecter à l’internet suppose l’utilisation d’un téléphone ou un ordinateur préalablement chargé, des crédits téléphoniques, ainsi que des forfaits. Elèves et étudiantes présentes au salon rouge de l’immeuble intelligent ont partagé leurs inquiétudes avec le Desk Femme.
11 octobre 2021. La RDC, au même moment que plusieurs pays du monde, célèbre la fille autour du thème « Génération Numérique, Notre génération ». Une centaine de jeunes filles ont pris part à une cérémonie organisée en plein centre-ville. Les débats étaient axés autour de l’utilisation de l’internet et des multiples opportunités qu’offre ce secteur. Les organisateurs, ministres du genre et de la jeunesse ont invité les jeunes filles congolaises à une utilisation efficiente.
Déborah Malingane, chargée des relations publiques au sein du Conseil National de la Jeunesse (CNJ) a plaidé pour la scolarisation et l’initiation des jeunes filles aux Nouvelles technologies de l’information et de la Communication (NTIC) car en effet, « près de 7 millions d’enfants de 5 à 17 ans ne sont pas scolarisés en RDC » précise-t-elle.
Quelques jeunes femmes présentes dans la salle ont fait part des défis qu'elles doivent relever pour l’accès au numérique. Gretta Lulendo, étudiante en terminale communication de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) estime « qu'il y a encore en RDC, des milieux où les jeunes filles n’ont pas la possibilité de se procurer un téléphone Android pour se connecter à l’internet. Il y a aussi des milieux où la fourniture du courant électrique est très difficile. Les jeunes filles peuvent avoir des smartphones mais, sans batterie chargée, comment feront-elles pour se connecter au monde ? », s’est interrogée la jeune femme, 23 ans.
"Je ne comprends pas pourquoi les autorités nous impose la taxe RAM"
Sarah Muzimba, Evina Mvemba et Daniella Nsimba ont abordé l’instabilité monétaire, le coût de l’internet et la nouvelle taxe RAM.
« Le taux de change n’est pas très stable à Kinshasa. A chaque fois qu’il y a inflation, les prix des biens de première nécessité augmentent au même niveau que le coût des forfaits internet. 100 unités varient entre 2.000 Fc et 2500 Fc d’un milieu à un autre. Il n’y a pas de montant exact. Comment faire pour être connectées assez longtemps sur internet et suivre des formations en ligne et autres programmes utiles ? » déplore Sarah Muzimba, élève en 6ème année commerciale de gestion au Lycée technique de Matonge.
Evina Mvemba, n’y va pas par quatre chemins. Il faudrait, soit une suppression de la taxe RAM, soit des clarifications par rapport à son utilité. « En termes des défis, il y a notamment l’opération RAM qui ne nous facilite pas la tâche. Nous avons toujours vécu sans cette opération, je ne comprends pas pourquoi les autorités nous l'imposent. Nos crédits sont retirés avant toute activation (…) Je pense qu’il faudrait soit qu’elle soit supprimée, ou que les autorités nous donnent des explications claires sur son utilité » fulmine la jeune étudiante en 6eme Littéraire au Lycée Kabambare.
« Ces jours-ci, j’ai du mal à acheter du crédit. J’achète souvent des mégabytes pour me connecter à l’internet, » confie Daniella Nsimba, une autre jeune femme. Et d’ajouter, « s’il faut que nous soyons connectées pour exploiter les opportunités, je demanderai aux autorités de supprimer cette taxe qui nous fait souffrir ».
Dans la liste des propositions au gouvernement, Gretta Lulendo a suggéré, la mise en place des stratégies pour sensibiliser les jeunes, particulièrement la jeune fille, à l’utilisation du numérique.
Par ailleurs, le conseil national de la jeunesse qui mène également le plaidoyer pour la suppression du RAM, a souligné que l’inclusion numérique de la jeune fille congolaise passera par une meilleure législation encadrant le secteur du numérique, un meilleur accès à la technologie du numérique sur l’étendu nationale, une meilleure formation et sensibilisation sur l’utilisation des outils du numérique et un accompagnement soutenu des initiatives entrepreneuriales des filles dans le secteur du numérique.
Prisca Lokale