Les tenanciers de petit commerce et du commerce de détail veulent accentuer la pression sur le gouvernement auprès de qui ils demandent de faire appliquer la rigueur de la loi réservant l’exclusivité de cet exercice aux seuls nationaux alors que depuis quelques années des étrangers l’exercent également et ce, en violation de cette loi, en l’occurrence l’Ordonnance-loi n°79-021 du 2 août 1979 et divers arrêtés d’application.
Cette loi, qui obligent aux expatriés œuvrant en RDC de ne pratiquer que la vente en gros au détriment du petit commerce et du commerce en détail, réservé uniquement aux seuls nationaux, peine à être appliquée.
Le 11 septembre 2020, au cours du Conseil des ministres (gouvernement Ilunkamba), sur instruction du président de la République, des ministres sectoriels avaient été chargés de « faire respecter » cette réglementation sur le petit commerce et le commerce de détail en vue de promouvoir le classe moyenne en RDC.
« … Dans la pratique, l’on constate que les grands importateurs et autres grossistes majoritairement étrangers, continuent à exercer le commerce de détail et le petit commerce au mépris des textes en vigueur accordant cette exclusivité aux Nationaux. Cette situation qui asphyxie les Congolais exerçant dans ces secteurs, est de nature à mettre en péril la paix sociale et l’éclosion d’une classe moyenne nationale. C’est pourquoi le Président de la République invite le Gouvernement, plus particulièrement les ministres concernés, à poursuivre les efforts déjà engagés, pour faire respecter cette réglementation, en associant à leurs actions les associations patronales concernées et en proposant des projets de réformes rendues nécessaires par les contingences de l’heure », pouvait-on lire dans le compte rendu du conseil des ministres.
Plus d’une année après, rien n’est fait sur le terrain. C’est ainsi que le Syndicat national des vendeurs du Congo (SNVC), pour dénoncer ce comportement et mettre la pression sur le gouvernement à réagir rapidement, a lancé l’appel à un mouvement de grève dès ce mardi 28 septembre, consistant à la fermeture de tous les magasins de petit commerce et marchés du pays.
Mot d’ordre non respecté
Toutefois, sur le terrain, ce mot d’ordre lancé par les syndicalistes n’a pas été suivi par les vendeurs de petit commerce, a constaté ACTUALITE.CD. Les activités se sont déroulées normalement dans plusieurs coins visités. En guise de raisons, certains estiment déjà même que cette situation, en dépit du forcing, ne changera jamais alors que d’autres brandissent la raison de ne pas aggraver leur situation économique, déjà précaire.
« J'ai suivi l'information. Le Syndicat des vendeurs nous a demandé de ne pas vendre en raison de ce qui se vit actuellement à Kinshasa, où nous voyons des expatriés vendre en détail. Ils vendent même certaines marchandises dont le prix varie entre 100 FC et 150 FC. D'abord, il faut savoir que ce n'est pas la première fois de brandir la menace de grève. Moi, particulièrement je me suis décidé à vendre car malgré cette pression, la situation restera inchangée », a dit José, vendeur de pommes au marché central sur l’avenue du commerce.
« Un bon chef prêche par son exemple. D’abord, eux-mêmes, membres du syndicat ne sont pas en route pour manifester leur frustration et comment nous, des simples travailleurs, aller manifester ? Ceux qui doivent prendre la première position, ce sont eux les syndicalistes. S'ils veulent que nous respectons cette décision, ils doivent tenir á leur paroles», a ajouté Tyty, vendeur des savons sur l’avenue Bokasa.
« A Kinshasa, nous mangeons au taux du jour. C'est aussi l'une des raisons á la base du non-respect de ce mot d’ordre édicté par le Syndicat. Moi, personnellement, j'exerce un métier du taux du jour. Je dois impérativement sortir pour me trouver quoi manger », a renchéri Claude, vendeur des objets électroniques (télécommande, rallonges, domino, etc.).
Beaucoup d’expatriés venus de plusieurs pays, très souvent des continents d'Asie ou encore d'Afrique de l'ouest, ont trouvé la RDC comme un eldorado pour leurs business. Ils exercent de petit commerce et du commerce en détail pourtant interdit par la loi. L'article 2 de la loi de 1979 note qu’« au sens de la présente Ordonnance-loi, on entend par petit commerce, le commerce de toutes denrées, marchandises ou objets de consommation courante effectué par la vente ou l’offre de vente à l’acheteur, soit au domicile même du vendeur, soit de porte en porte ou de place en place, soit encore sur la voie publique ou sur les marchés publics sauf si l’échoppe ou l’étal placé sur la voie publique constitue le prolongement d’un magasin ».
Dieumerci Soba et Martin Tadiya, stagiaires UPN