RDC-Haut Katanga : BUMI estime le public apte à « identifier par lui-même les raisons qui peuvent pousser des individus à s'opposer à l’inhumation de sa fondatrice »

Photo. Droits tiers

Dans un communiqué rendu public le 08 juillet et dont une copie est parvenue au Desk Femme, JUSTICIA Asbl, une organisation de promotion et de protection des droits de l’Homme, s’est dite « vivement préoccupée » par les informations faisant état de la ferme volonté d’enterrer Thérèse Ilunga, fondatrice de l’ONG BUMI dans l’orphelinat de cette ONG. Contactés par le Desk Femme, les membres se sont refusés tout commentaire et se proposent de poursuivre leurs actions.  

Thérèse Ilunga était la fondatrice et Présidente de BUMI. Originaire du Katanga, elle a travaillé en tant qu’enseignante dans sa communauté avant de poursuivre des études d’infirmière en Belgique. De retour au Congo, elle ouvrira dans les années 80 avec son mari un dispensaire « BUMI », destiné aux femmes enceintes démunies et aux enfants malnutris. Bumi deviendra plus tard une organisation pour les enfants orphelins et vulnérables. 

BUMI dispose actuellement d’une maison d’accueil à Kamalondo, un quartier au cœur de Lubumbashi. Cet espace accueille tout au long de l’année, des enfants de rue, des orphelins abandonnés ou en détresse. La fondation dispose également d’un Village d’Enfants à Karavia, de deux écoles à Kamalondo et Karavia, elle offre des formations agro-pastorale et en coupe et couture. Elle dispose également d'un centre de santé communautaire ainsi qu'une mutuelle de santé.

Le 19 juin, Thérèse est décédée des suites d’une longue maladie. Une messe d’action de grâce a été célébrée hier, 09 Juillet en son honneur, au sein de l’orphelinat. 

Justicia Asbl, qui alerte sur le fait qu’« une tombe aurait été creusée dans la concession de cette ONG pour recevoir le corps de cette dame » rappelle en même temps que les dispositions légales en matière des droits portant protection de l’enfant, risqueraient d’être violées, en l’occurrence, l’article 44 de la loi n° 09/001 du 10 Janvier 2009 portant protection de l’enfant, qui stipule : « l’enfant a droit à un environnement sain et propice à son épanouissement intégral, il a notamment droit aux activités sportives, culturelles, manuelles et récréatives. L’Etat garanti la jouissance de ces droits par l’aménagement, la promotion et la protection des espaces appropriés ». 

De ce qui précède, Justicia asbl a dressé quelques recommandations à l’égard notamment de l’Etat congolais, à travers le Ministère des affaires sociales « de s’investir pour que cet enterrement n’ait pas lieu à cet endroit », ainsi qu’à l’ONG Bumi, de « se conformer à sa mission d’encadrer les enfants dans un endroit propice pour leur développement et trouver un autre endroit approprié pour enterrer Thérèse Mulangala, qui mérite tous les honneurs et respects ».  

Le public apte à identifier par lui-même

« L'ONG BUMI ne souhaite pas s'étendre sur le communiqué de la dite asbl Justicia », ont fait savoir ce 10 juillet, les membres de l’ONG. 

Et de renchérir, « L'ONG BUMI estime le public apte à identifier par lui-même les raisons qui peuvent pousser des individus à s'opposer à cette inhumation, quitte à employer des arguments fallacieux et rappelle qu'elle continuera l'œuvre de Maman Thérèse et veillera à ce que les enfants vulnérables ne soient jamais dépossédés de leurs biens et de leur lieu de vie ».

Pour rappel, Thérèse détenait également un Master en santé publique de l’Université de Nancy en France et a reçu plusieurs prix et distinctions pour son engagement envers les plus démunis. Elle était mariée à Lucien Moser (qui assure actuelle la coordination de BUMI) et mère de 4 enfants.

En novembre 2019, Thérèse Ilunga avait reçu le Prix humanitaire 2019 de World of children, reconnu sur le plan international comme le "Prix Nobel des défenseurs de l'enfance". Parmi plus de 1 500 candidats, elle était la seule lauréate africaine. Durant toute sa vie, Mme Ilunga n’a cessé d’interpeller les acteurs publics et privés pour la cause des enfants. BUMI, signifie « la vie » en langue Luba.

Prisca Lokale