Covid-19 en RDC : les raisons qui poussent les Kinois à ne pas y croire

Covid-19 en RDC : les raisons qui poussent les Kinois à ne pas y croire

 De nombreuses mesures ont été prises à Kinshasa pour lutter contre la troisième vague de la pandémie. Pourtant le doute et le scepticisme persistent malgré les campagnes de sensibilisation. Pourquoi certaines personnes ont-elles encore du mal à croire en l'existence de cette maladie?  Des femmes livrent leurs points de vue.

« Nous vivons tous les jours avec des maladies à Kinshasa. Fièvre typhoïde, malaria, choléra, et, il n’y a jamais eu une si forte mobilisation. Pourquoi les autorités congolaises n’en parlent ni ne se mobilisent pour une éradication complète ? La Covid-19 n’existe pas, les gens veulent plutôt se faire de l’argent », explique Claudia Mayinga, vendeuses des fruits. 

Sa réponse suscite une réaction de la part d’une cliente au même endroit. « La Covid existe à Kinshasa, ce qui manque, c’est une bonne communication au niveau des autorités », rétorque-t-elle. 

Et de poursuivre, « nous pouvons comprendre que le pays ne soit pas préparé à accueillir cette crise sanitaire. Mais cela a pris plus d’une année et jusqu’à présent aucune stratégie optimale de communication n’a été élaborée ! La Covid-19 fait moins des victimes en Afrique. Nous voudrions savoir pourquoi ? A Kinshasa aussi, pourquoi n’y a-t-il pas de nombreux cas alors que notre environnement n’est pas très sain ? Pourquoi ce silence ? ». 

Une maladie des riches

Bibi, responsable d’une gargote estime que la maladie ne touche pas aux moins nantis. « La plupart de ceux qui sont atteints pas cette maladie ne sont pas pauvres. Ils font des voyages à l’étranger, ils fréquentent des endroits huppés  en ville (…) alors que nos marchés sont  remplis,pareil pour nos bus, nos bars et boites de nuits. La distanciation sociale n’est pas très respectée. Mais il n’y a pas d’extrême contaminations. », dit-elle.  

A quelques mètres de là, Nesta Kiria, une étudiante de troisième graduat à l’ISC évoque notamment les différentes sorties de Félix Tshisekedi et ses déclarations autour de la maladie. « Sur les réseaux sociaux, nous voyons de temps à temps le Chef de l’Etat prendre part aux cérémonies festives. Dans ses déclarations autour du vaccin, il met en cause son efficacité (…), comment pourrions-nous croire à l’existence de cette maladie si au plus haut niveau le discours est tout autre ? », s’interroge-t-elle.  

Maladies saisonnières ou troisième vague de la Covid ? 

Actuellement, la ville est en pleine saison sèche,  une saison qui s’étend généralement de la fin du mois d’avril au mois d’aout. Celle-ci est souvent ponctuée par des maladies saisonnières (la toux, le rhume, la grippe, la fièvre…), des symptômes presque similaires à ceux de la Covid-19. Jeudi, 03 juin, le ministre de la santé publique Jean-Jacques Mbungani a officiellement annoncé que la RDC fait actuellement face à  la troisième vague de la pandémie. 

Arlette Ilambo et Chantal Nembunzu estiment que certaines maladies saisonnières, ont eu un impact sur le nombre des cas de covid-19. 

« Lorsque le ministre a annoncé la troisième vague, je n’ai pas été surprise », dit Arlette Ilambo. Déjà je me disais, poursuit-elle, « cette saison sèche risque d’augmenter le nombre de contaminations. Cependant, cela suscite également des interrogations. Les autorités congolaises n’auraient-elles pas confondu les maladies qui accompagnent cette saison à la Covid-19 ? Plusieurs membres de nos familles ont souffert de la grippe, la toux et la fièvre, c’est également en ce moment que les autorités annoncent que les chiffres deviennent alarmants. N’y a-t-il pas un lien entre les deux ? »

A Chantal d’ajouter, « Ce qui manque à l’équipe de riposte, c’est d’établir clairement le lien entre ces maladies et la Covid-19. Pourquoi n’a-t-elle pas songé à mener des campagnes allant dans ce sens ? Il suffit de tousser dans un taxi ou sur la place publique pour être fustigés du regard par les passagers et les passants. Les gens deviennent de plus en plus méfiants parce que les autorités de la ville et ceux qui gèrent la riposte ne savent pas nous expliquer clairement les choses. La saison sèche arrive, le nombre des malades grimpe. Qu’est-ce qui prouve que tous ces chiffres publiés sur leurs bulletins sont authentiques ? ». 

Pour rappel, depuis le début de l’épidémie déclarée le 10 mars 2020, le cumul des cas est de 42.617 cas confirmés, dont 42.616 et 1 cas probable. Au total, il y a eu 962 décès et 28.523 personnes guéries.

Prisca Lokale