Au cœur des pratiques de corruption dans les universités de Kinshasa – Enquête

Ph. ACTUALITE.CD

Monnayage des points communément appelé branchement, perte des côtes des interrogations ou des examens, suivi, points sexuellement transmissibles… font partie du lexique des maux dont on entend régulièrement parler dans le secteur de l’enseignement supérieur et universitaire en République démocratique du Congo. Il s’agit là de différentes formes de corruption qui émaillent le cursus des étudiants sur les différents campus, particulièrement dans la ville de Kinshasa. Ce sont des pratiques courantes dans les relations entre les étudiants et le corps enseignant et administratif. Professeurs, Chefs des travaux, assistants sont généralement pointés du doigt. Cependant, désigner le corrupteur et le corrompu ressemble à  aller à la recherche d’une aiguille dans une botte de foin tant les uns et les autres se rejettent mutuellement la responsabilité d’un phénomène devenu viral. Notre enquête dans quelques universités de Kinshasa nous a permis de nous faire une idée sur l’ampleur de ces maux qui rongent nos universités, de comprendre certains circuits par lesquels se commettent ces actes de corruption et de concussion et parfois d’en identifier les responsables. Des témoignages parfois obtenus sous le sceau de l’anonymat, des points de vue et opinions des uns et des autres ont été recueillis, analysés et recoupés. Entre rumeur et réalité, bienvenue dans le secret des pratiques immorales qui gangrènent nos universités.    

« Alongi na ye eeh! », traduire ‘’Il (elle) a réussi!’’, chantent en cœur, dans un tintamarre de sifflet, klaxon et maracas des membres de familles et lauréats à chaque cérémonie de collation des grades académiques, principalement dans la ville de Kinshasa. Un refrain qui s’apparente de plus en plus aujourd’hui à un disque rayé au vu de la qualité des diplômés universitaires. En effet, dans un pays où la jeunesse constitue plus de 65 % de la population selon certaines estimations, les jeunes de 15 à 25 ans représentant la moitié de la population (https://www.populationdata.net/pays/republique-democratique-du-congo/), l’intégration des jeunes  diplômés universitaires en milieu professionnel laisse à désirer pour plusieurs recruteurs. La plupart des finalistes ont du mal à faire face au mode du travail. Selon Jonas Kibala, qui a analysé les facteurs favorisant la pauvreté et le chômage en RDC : «Parmi les goulots d’étranglement au marché d’emploi congolais, limitant la possibilité de création d’emploi par le secteur privé,…: le mauvais climat des affaires ; l’insuffisance des infrastructures et des services publics ; un accès limité au financement; des obstacles règlementaires; des monopoles d’entreprises et des incertitudes quant aux droits fonciers (…). Du côté des offreurs d’emplois, il est à relever le déficit en capital humain de qualité ou le manque de compétences professionnelles requises. Cet état de choses pourrait expliquer que moins de cent étudiants sur neuf mille sortant chaque année du système universitaire parviennent à trouver un travail décent.» (Pauvreté et chômage en République Démocratique du Congo : état des lieux, analyses et perspectives, Août 2020).

Corruption et concussion

La RDC regorge de plusieurs universités et instituts supérieurs  qui assurent des enseignements dans différentes filières. Mais, le constat général est que le niveau de l’enseignement supérieur et universitaire a baissé. Les causes sont nombreuses. Pour certains enseignants, l’environnement de travail s’est beaucoup détérioré, entraînant ainsi de mauvaises pratiques qui ont envahi les milieux universitaires et s’y sont installées. On peut citer par exemple le monnayage  des côtes, l’achat obligatoire des syllabus et des questionnaires des travaux pratiques et des interrogations ainsi que les points sexuellement transmissibles et le harcèlement sexuel. Des pratiques pas toujours reconnues par les supposés responsables, qui se recrutent tant au sein du corps enseignant que dans le milieu des étudiants. Alors qu’il est fait largement écho de cette forme de corruption dans  la majorité des sites universitaires et instituts supérieurs à Kinshasa, les concernés interrogés à ce propos donnent des avis mitigés. Certains enseignants en particulier,  affirment farouchement que ce ne sont que des rumeurs en argumentant qu’il n’existe aucune preuve probante à ce sujet. C’est le cas du Pr. Constant Nkiama, Secrétaire Exécutif de l’Agence nationale Assurance Qualité de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, qui émet un avis mitigé à cette question. «Il faut des preuves pour appuyer ses affirmations», commente-t-il. Toutefois, il est d’avis que si de telles pratiques existent, il faut lutter contre ses vices. Et de conclure: «La corruption, surtout celle relative aux  points sexuellement transmissibles, sont des pratiques qui ne peuvent être entendues, ni vécues sur le site universitaire ».

Parmi ceux qui confirment l’existence de la corruption dans les universités, figure le Secrétaire Général Académique de l’Université Panafricaine, Pr. José Bamenikio Kuelumuenamo. Il situe le principal nœud du problème au niveau de la moralité de chacun. « La corruption est une réalité présente partout dans le monde sous différents aspects. Elle est bien réelle au sein des universités congolaises», argue-t-il. Pour en expliquer les causes, José Bomenikio compare les conditions d’études de son époque dans les années 1980 à celles d’aujourd’hui. « Durant cette période, les étudiants étaient subventionnés. Ils avaient la  bourse. Leur logement, leur restauration, les moyens de transport et d’autres besoin étaient pris en charge par l’Etat. Il y avait même des bibliothèques bien fournies en ouvrages pour eux ». Il se dégage donc une unanimité sur des pratiques non recommandables au sein des universités de Kinshasa. Reste à en déterminer les causes, les modalités et l’échelle des responsabilités.

L’enseignement de masse à la base de la corruption

Professeur des langues à l’Universitaire de Kinshasa (Unikin) et ancien ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Kutumisa Kyota a publié un ouvrage sur la lutte contre la corruption en milieux universitaires congolais. Il fustige le nombre élevé d’étudiants. «Il n’est pas normal qu’un professeur puisse encadrer mille à deux mille  étudiants. C’est humainement impossible. Car le surnombre d’étudiants dans une promotion conduit toujours au clientélisme et au monnayage des points», estime-t-il. Le Pr. Kutumisa Kyota propose donc de ramener les effectifs des étudiants à un niveau effectivement contrôlable afin de garantir l’efficacité lors des contrôles et des délibérations.

Un avis largement partagé par son collègue José Bomenikio en ces termes: « à un certain moment, est arrivé l’enseignement de masse, se souvient-il avec amertume. Alors que nous n’étions que  quarante dans mon auditoire de la première année en architecture, aujourd’hui ce même auditoire dans lequel j’ai étudié et où j’enseigne reçoit six cents étudiants toujours sur la même surface ». Il pointe donc du doigt l’environnement de l’enseignement, affirmant « qu’il est devenu difficile pour un professeur de bien suivre de près  un étudiant dans son cours et de connaître sa bonne évolution ou non. Aujourd’hui avec huit cent ou mille étudiants dans une promotion, l’enseignant a du mal à évaluer les étudiants. Ce dernier peut présenter son travail, le professeur ne saura pas si c’est vraiment lui qui l’a réellement fait». Comparaison à une époque où le professeur connaissait chacun de ses étudiants.

La surpopulation dans les auditoires n’est donc pas propice à un environnement sain pour l’enseignement. En plus, renchérit-il, en période d’examens par exemple, il est presqu’impossible d’exiger au professeur le dépôt des cotes à temps avec autant de copies à corriger. A cela s’ajoute un autre mal, et non des moindres, la vente des syllabus et leur achat obligatoire par les étudiants. Certains enseignants, pour arrondir les fins de mois face à la modicité de leur traitement. Ainsi, souvent, pour éviter l’échec, l’étudiant est poussé à la corruption. Car, échouer n‘est plus une alternative dans le cursus académique de l’étudiant. Il faut réussir coûte que coûte. Pour parvenir à cet objectif, ces derniers peuvent déployer des stratégies qui touchent à la moralité. Les étudiants, eux, rejettent la faute aux professeurs qui, selon eux, feraient exprès de composer des questionnaires difficiles pour amener ceux qui échoueront à les contacter pour un arrangement.

«Certains de nos profs donnent des cotes uniquement si vous avez acheté son syllabus. Ceux qui ne l’ont pas fait, sont contraints de courir après lui pour aller négocier avec lui … », se plaint une étudiante  qui a requis l’anonymat. King, étudiant en première année dans une université publique de la place, affirme être désemparé face à la contrainte de l’achat des syllabus  par certains professeurs. «Ces syllabus coutent chers. Beaucoup d’entre nous manquons d’argent pour en acheter. Moi, je suis découragé et c’est pourquoi je n‘ étudie plus, du mois pour cette année ».

Comme pour se défendre, les enseignants fustigent plutôt la paresse des étudiants qui préfèrent la facilité au lieu de l’effort intellectuel. Eux-mêmes vont vers les professeurs ou les assistants. Certains déplorent le comportement des chefs de promotion dont le rôle est parfois controversé. «Les CP se renseignent sur les faiblesses de différents professeurs auprès de leurs ainés des promotions supérieures. Ensuite, après avoir fait une liste de certains professeurs ou assistants supposés corruptibles, ils initient des cotisations auprès des étudiants de leur promotion durant les périodes des interrogations ou examens  pour constituer une enveloppe à remettre discrètement à l’enseignant concerné pour obtenir la réussite dans le cours concerné. Parfois, ces montants peuvent s’élever à 500$ voire 1000$. Il faut donc avoir une moralité ou un caractère fort pour ne pas succomber à la tentation», renseigne le Secrétaire Général Académique de l’Université Panafricaine.

Toutefois, quelques institutions d’enseignement supérieur se distinguent à l’instar de l’Université Catholique Congolaise, UCC, où les étudiants  affirment ignorer ce genre de situation sur leur campus. Ceux-ci, dont les enseignements s’inscrivent dans le système LMD (Licence-Master-Doctorat), reçoivent les syllabus et travaux pratiques en ligne. Ce qui évite le contact direct entre les étudiants et les professeurs.

Des points sexuellement transmissibles

Une autre astuce à laquelle recourent certains étudiants véreux pour s’assurer les bonnes grâces d’un enseignant, consiste  à lui rechercher des étudiantes que ceux-ci lui proposent. Dans ce cas, l’initiative peut venir de l’un comme de l’autre. Un professeur ou un assistant peut en effet solliciter les services d’un de ses étudiants pour le faire approcher d’une étudiante. Au cas où cette derrière ne se montrerait  pas coopérative, elle sera sujette à des représailles menaçant ses études. Il s’agit là du phénomène des points sexuellement transmissibles.

Et parfois, il est reproché aux étudiantes de s’exposer elles-mêmes par leur accoutrement en profitant du manque de rigueur dans la discipline vestimentaire dans certaines universités et en particulier privées. Elles font tout pour se faire remarquer de leur enseignant pendant le cours en s’asseyant au-devant de l’auditoire. D’autres s’inventent de petits services à lui rendre comme par exemple lui servir du café ou autres pourvu que ce dernier tombe dans son jeu. Dans le cas d’espèce, raconte Adréa Sukama, chargée de la promotion du genre au Bureau du Conseil des sages des étudiants du Congo et étudiante à l’Université Technologique Bel Campus (UTBC), les étudiantes peuvent être victimes d’abus, fut-ce sexuel, mais ne sauraient dénoncer car parfois elles se rendent compte qu’elles sont elles-mêmes auteures de cette pratique ou par peur du qu’en dira-t-on ou des représailles. D’après son expérience personnelle : «ce sont en majorité les étudiantes qui seraient le plus actrices de la corruption car elles assument mal leur potentiel intellectuel et pensent qu’elles peuvent plus facilement recourir à des raccourcis pour gravir les échelons ».

Toujours est-il que tout le monde s’accorde sur le fait que cette violation des droits de la femme est inadmissible et que « les auteurs de cette pratique doivent être révoqués de l’enseignement sans aucune autre forme de procès », pense le Pr. Kiama de l’Agence nationale Assurance-Qualité de l’Enseignement Supérieur et Universitaire. Avis partagé par le Pr. José Bomenikio pour qui : « la forme de corruption sur laquelle il faut absolument être intransigeante et expulser l’enseignant du corps académique est le cas des points sexuellement transmissibles qui est une violation inadmissible des droits de la femme ».

Qui est corrupteur et qui est corrompu?

En République démocratique du Congo, la corruption est définie dans la loi n°5-009 du 22 septembre 2009 qui porte également sur la concussion, la fraude et les infractions assimilées, principalement les chapitres 1 et 2 qui prévoient les incriminations  et les sanctions. D’après Stéphane Kezza, juriste de son état, la corruption est une infraction pénale. « C’est un comportement malhonnête! », indique-t-il. Elle n‘est pas à confondre à la concussion. Dans les deux cas, il concerne le fonctionnaire. La différence entre les deux est que dans la corruption, selon l’expert,  le fonctionnaire n’exige pas obligatoirement de lui remettre ou payer quelque chose en contrepartie d’un service à rendre. Ce dernier peut plutôt faire l’objet d’une sollicitation du particulier.  Il n‘impose pas. Il y a plutôt une entente entre les parties. Par contre en ce qui concerne la concussion, le fonctionnaire conditionne un service public au paiement d’une taxe alors que ce service n’en exige pas ou, s’il en faut, celui-là en exige au-delà du montant à percevoir.

Dans le milieu universitaire, Stéphane Kezza remarque que c’est dans le langage courant qu’on  parle de corruption. Mais, d’après lui, c’est quand il s’agit d’un enseignant fonctionnaire qu’il faut parler de corruption. Mais, en général, ici, il peut s’agir d’une extorsion, d’une escroquerie, d’un abus de confiance. C’est l’ensemble de ces infractions  connexes, selon le juriste, qui peuvent être répertoriés dans le cadre des pratiques qui se passent dans les universités où on conditionne la réussite par le paiement d’un certain montant.

Andréa Sukama pense que la corruption en milieu universitaire est une question ambigüe. Selon cette dernière, la responsabilité de cette situation est partagée entre les étudiants, les enseignants et les autorités académiques. Pour elle, le système traditionnel en vigueur pour enseigner ne permet pas de bien la combattre. Le  contact entre ces personnes est direct et crée ainsi une affinité entre eux par le rapprochement qui se déroule même hors du site universitaire, par exemple au domicile de l’enseignant ou dans tout autre lieu isolé. Elle préconise la généralisation du système LMD qui « limite les contacts avec  l’enseignant grâce à des cours et des travaux virtuels ».

Sur la même échelle de responsabilité, on note le comportement ahurissant des parents. Les autorités académiques estiment qu’ils figurent parmi les corrupteurs. En effet, surtout les nantis, ceux-ci ont tendance à venir eux-mêmes auprès des enseignants pour leur proposer des enveloppes avec des montants alléchants afin d’influencer le résultat de leur progéniture. «Ils vont même jusqu’ ‘à la menace s’ils se heurtent au refus de la part du professeur ». La cause de cette attitude des parents a principalement pour base la cherté des frais académiques. Etre obligé de les repayer semble leur peser  lourd sur leur porte-monnaie. Pour d’autres, c’est un problème de prestige de voir leur enfant porter un titre académique pour aller postuler à de hautes fonctions et ainsi aider la famille.

Comment lutter contre tous ces fléaux ?

Stéphane Kezza répond  qu’il faut d’abord que  la victime de cette pratique  ait la volonté de dénoncer la corruption ou la concussion.  La corruption est une entente entre le fonctionnaire et le particulier. D’où, il est difficile d’établir une victime de celle-ci. «Généralement, ici, il s’agit plutôt de la concussion, informe l’expert en droit. C’est-à – dire une personne qui a un certain pouvoir sur l’autre, conditionne le service par un certain paiement. En dehors de la plainte de la victime qui est indispensable, il faut aussi que le pouvoir public puisse mettre en place des mécanismes qui renforcent le contrôle et les sanctions adéquates contre les auteurs de ces pratiques ».

S’exprimant à ce sujet, le député national, Juvénal Munubo, explique qu’établir des statistiques réelles sur cette situation s’avère compliqué. C’est plutôt le chiffre noir vu que les plaintes des victimes sont pratiquement inexistantes. Ces derrières n’osent pas briser le silence. Et, le mal s’amplifie en mettant en danger la jeunesse qui est l’avenir de la nation congolaise. Pour de nombreux autres observateurs, c’est l’ensemble du système éducatif qui doit être revu depuis l’école primaire et secondaire. Tout le réseau éducatif dans son ensemble pose problème.  C’est notamment l’avis de la rapporteur de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CDNH), Me Belinda Luntadila regrette qu’: «actuellement, il est devenu difficile de rencontrer un diplômé universitaire sachant écrire une phrase correctement. Le problème de se situe pas au niveau de l’université mais à la formation de base à l’école primaire et secondaire. C’est en effet à ce stade que les bases de l’apprentissage s’effectuent. Quand tout est raté à cette étape, l’université n‘est pas là pour corriger ses failles. Ce n‘est pas son rôle ».

« Il est vrai que la conjoncture actuelle est dure pour tout le monde, mais quad un étudiant a mal passé son cursus universitaire, les conséquences surgissent plus tard. Par exemple, si un étudiant en médecine se permet de passer de promotion sans assimiler la matière, plus tard ce sera un tueur en série qui évoluera sur la marché du travail », se lamente cette activiste des droits de la femme surnommée Mama 1325. Elle  se rappelle: « de notre temps, il existait le phénomène ‘chic, choc, chèque. Les conditions d’études sont difficiles mais nous encadrons  nos jeunes filles par des conseils pour qu’elles suivent leur cursus universitaire sans s’adonner à ce genre d’antivaleur  parce que les conséquences se manifestent toujours plus tard ».  

Au niveau des pouvoirs, des mesures sont régulièrement prises. Chaque année, lors de la rentrée académique, le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire signent un ensemble d’instructions devant être respectées dans les établissements à travers un vade-mecum. Pour illustration, l’instruction académique n° 019/ MINESU/ CAB. MIN/ SMM/BLB/2017 du 30 septembre 2017 à l’intention des Chefs d’Etablissement et de l’enseignement supérieur et universitaire est plus que claire : …Je vous instruis d’organiser le mode de l’anonymat lors des examens et des délibérations. J’attire de manière particulière l’attention des Chefs d’Etablissement sur le ‘phénomène perte des cotes ‘qui a pris des proportions inquiétantes dans le processus de délibération et qui est à la base d’un grand nombre d’antivaleurs. Les enseignants ont la responsabilité de transmettre au bureau du jury les cotes de tous les étudiants qu’ils ont évalués. Les rubriques ‘ Moyenne annuelle’ et ‘ Examens’ doivent impérativement figurer sur les fiches de transmission des côtes et être remplies par les enseignants. En deuxième session, seule la cote sur la colonne ‘ Examen’ change, les cotes des travaux pratiques et des interrogations doivent être communiqués aux étudiants avant la première session et ne peuvent aucunement être modifiés. Les bureaux des jurys doivent veiller à ce que cette disposition soit respectée. Les enseignants qui y dérogent devront être sanctionnés».

L’intégration des diplômés universitaires en milieu professionnel

Plusieurs études  montrent que le diplôme universitaire joue un triple rôle : diminution du risque de chômage, facilité d’accès aux emplois le plus qualifiés et les mieux payés. Chaque année cependant, la proportion des diplômés au sein des jeunes actifs a eu tendance à s’élever, à augmentant la concurrence pour les emplois qualifiés. Le diplôme universitaire protège moins qu’avant.

Dans la plupart des pays en développement, les jeunes gens instruits représentent au moins  50 à 75 % des chômeurs complets. D’où, pour trouver plus facilement un emploi, les diplômés choisissent de suivre plusieurs formations supplémentaires à la recherche d’une opportunité de la primo insertion. Avec plusieurs diplômes, ils deviennent des surdiplômés sans emploi et assimilés aux chômeurs par le système universitaire. Face aux mutations technologiques, économiques et socioprofessionnelles que connaît le monde actuel, les entreprises sont conduites à mettre en place les nouvelles structures organisationnelles adaptées à ces changements.

Au regard de cette recherche, le constat est que la formation des diplômés ainsi que les programmes de formation ne sont pas adaptés aux transformations et réalités socioprofessionnelles actuelles à Kinshasa. Sur ce, l’université est interrogée en ce qui concerne l’adaptation des filières de formation à ces mutations en vue de répondre aux besoins des entreprises, surtout de faciliter la première insertion professionnelle des diplômés  après leurs études. En RDC, on constate que les jeunes possédant les diplômes acquis à l’étranger accèdent plus facilement à des postes de responsabilité  (emploi qualifié) par rapport à ceux qui possèdent des diplômes nationaux.

Briser la spirale

A Kinshasa,  6 /10 des universités et instituts supérieurs accusent des lacunes. Les étudiants, le corps enseignant, les parents,  se rejettent la responsabilité d’être à la base de la baisse du niveau de leur formation académique. En fait, tous se rendent complices de la corruption et/ou de la concussion  dans l’enseignement académique en concourant d’une manière ou d’une autre à cette pratique.  Malgré les dispositions étatiques pour contrer cette réalité, force est de constater que les choses ne sont pas prêtes à s’améliorer de sitôt. Dans le secteur de l’emploi, les recruteurs déplorent le fait que les diplômés universitaires qu’ils reçoivent font preuve d’incapacité et d’incompétence ainsi que de manque de qualification. Ces derniers indiquent que l’enseignement dispensé aux étudiants devrait s’adapter aux mutations actuelles dans le secteur de l’emploi.

Bien que les responsabilités soient partagées, la plus grande revient au pouvoir public qui doit veiller de façon ferme au respect des dispositions existantes pour la protection du système de l’enseignement supérieur et universitaire principalement par la sensibilisation pour un changement de comportement à tous les échelons. Les efforts de la lutte contre la corruption devraient être fournis d’abord au niveau politique, estiment plusieurs experts rencontrés, ajoutant que l’émergence de la RDC n’aura pas lieu tant qu’un effort sérieux n’est pas fait au niveau de la lutte contre la corruption.

La migration des universités et des instituts supérieurs au système LMD  semble figurer comme une alternative souhaitable dont la mise en place devrait être accélérée .Celui-ci  parait apporter une réponse aux mauvaises pratiques en cours entre étudiants et enseignants afin de briser l’omerta et ainsi permettre d’améliorer les conditions d’études et de moraliser les milieux universitaires gangrénés par plusieurs formes de corruption.

Chantal KABASUA et Bernadette KAMANGO