Nord-Kivu : après l’arrêt rendu dans l’affaire Mouzoko, la société civile appelle la justice à s’intéresser aux attaques contre les CTE et d’autres agents de riposte pendant l’épidémie d’Ebola

Procès du Dr Ricahrd Mouzoko de l'OMS/Ph. ACTUALITE.CD

La société civile du Nord-Kivu salue le travail abattu par la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu qui a rendu, lundi 8 mars dernier, son arrêt dans l’affaire de l’assassinat du docteur Camerounais Richard Mouzoko, cet épidémiologiste de l’OMS tué en avril 2019 en pleine crise d’Ebola.

La Cour a condamné par défaut 17 personnes à la peine capitale pour association de malfaiteurs, participation au mouvement insurrectionnel et terrorisme par assassinat, trois autres à des peines allant de trois à cinq ans de prison respectivement pour association de malfaiteurs et participation au mouvement insurrectionnel, et a acquitté cinq personnes faute de preuve.

  Pour la société civile, la justice devra cependant s’intéresser à d’autres incidents enregistrés pendant la riposte. C’est par exemple les attaques contre les agents et structures de riposte. Pour la société civile du Nord-Kivu, cet arrêt a permis aux prévenus d’être fixés sur leur sort après plus de deux ans de suspens passés en prison. Son vice-président, M. Edgard Mateso appelle, cependant, la justice à s’intéresser à d’autres incidents enregistrés pendant la riposte.

«Nous voulons qu’on organise un procès contre tous les incidents de la riposte. Vous vous rappellerez qu’un médecin qui soignait au CTE-Beni avait été tué à Kabasha, dans le territoire de Beni. On aurait souhaité que le procès tienne comme de ce crime, parce que c’est un crime grave. On avait tué également dans le même contexte l’infirmier titulaire d’Isonga, en chefferie de Bashu. Il est mort. On avait tué également un citoyen de Mutsanga, un tradipraticien, en zone de santé de Katwa. Il est mort. Des policiers avaient été tués, des véhicules incendiés, des CTE attaqués. Il y a même certains relais communautaires  qui ont perdu leurs maisons, des maisons incendiées. Si on pouvait organiser un procès équitable, on allait prendre en compte tous ces incidents. Nous voudrions que l’on fasse la documentation de tous les incidents enregistrés au cours de la dixième épidémie d’Ebola pour que les coupables répondent de leurs actes et les victimes trouvent réparation», a déclaré à ACTUALITE.CD M. Edgard Mateso, vice-président de la société civile du Nord-Kivu.

L’arrêt de la cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu est venu mettre un terme au feuilleton judiciaire portant sur un fait qui avait agité la ville de Butembo, en pleine crise d’Ebola. Parmi les questions qui suscitent des discussions, c’est également le sort de 17 condamnés en fuite. Si le docteur Jean-Paul Mundama se retrouve à l’étranger, ces autres co-accusés courent dans la nature après leur évasion, en octobre 2020, lors de l’attaque contre la prison centrale de Beni.

Claude Sengenya