Le Directeur du Bureau Conjoint des Nations-unies aux droits de l’Homme (BCNUDH), Abdoul Aziz Thioye, affirme que son institution est disponible à assister la justice congolaise pour faire la lumière sur l’assassinat ignoble des défenseurs de droits de l’homme Floribert Chebeya et Fidèle Banzana. Cette proposition intervient après les révélations de deux policiers dans une enquête réalisée par RFI. Le BCNUDH en RDC assure un suivi étroit de la situation des droits de l’homme et procède à des analyses des tendances y relatives dans le pays. Ces tendances sont régulièrement partagées avec les autorités afin qu’elles prennent les actions nécessaires, y compris traduire en justice les auteurs présumés des violations des droits de l’homme documentées.
Les deux policiers rapportent que c’est à l’inspection générale de la Police que Chebeya et son compagnon ont été tués.
L’adjudant Hergil Ilunga, explique : « Le major Christian Ngoy était le commandant de l’opération, il nous a dit de prendre le chauffeur de Chebeya et de l’amener dans la Defender, raconte Ilunga. C’était dans mon véhicule, il y avait Jacques Mugabo et Saddam ».
Alain Kayeye Longwa ajoute: « le major Christian nous avait dit que sur ordre du chef, il fallait l’étouffer, parce qu’il avait des problèmes avec les chefs, John Numbi et Joseph Kabila », rapporte Hergil Ilunga.
« C’est à l’inspection qu’on les a étouffés ».
— ACTUALITE TV (@actualitecdTV) February 8, 2021
Le glaçant de deux policiers:
-Chebeya et Bazana assassinés dans les locaux de l’Inspection Générale de la PNC.
-Les tueurs étaient dirigés par le major Christian Ngoy Kenga Kenga, commandant du bataillon Simba.
-La suite ici… pic.twitter.com/DT4ZEBDWZA
Le procès.
Le 23 juin 2011, la Cour militaire de Kinshasa-Gombe a condamné quatre des huit policiers prévenus dans l’affaire à la peine capitale, un cinquième à la prison à perpétuité, et acquitté les trois autres. Le 17 septembre 2015, la justice congolaise a acquitté en appel quatre de ces policiers et allégé la condamnation du cinquième, faisant un véritable affront aux familles des victimes.
En parallèle, une plainte avec constitution de partie civile a été déposée, le 2 juin 2014, devant la justice sénégalaise sur la base de la loi sénégalaise dite de compétence extraterritoriale. Cette plainte visait l’un des responsables présumés du double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, qui avait trouvé refuge au Sénégal. Le 26 août 2014, la justice sénégalaise a ouvert une information judiciaire sur ce double assassinat, alors que l’affaire était bloquée en RDC. À ce jour, aucune décision n’a cependant été rendue par la justice du Sénégal.