RDC : « à un moment, j’ai dû me débarrasser du regard des autres », Laure-Anne Mukadi (actrice)

RDC : « A un moment, j’ai dû me débarrasser du regard des autres », Laure-Anne Mukadi (actrice). Photo. droits tiers

Diffusée depuis le 01 décembre sur TV5Monde, la série "Coloré" relate le quotidien de Olive, une jeune étudiante prête à tout pour quitter son quartier.  Misère, séduction, réalités académiques… Laure-Anne Mukadi qui incarne Olive à l'écran se livre sans fard à la rédaction Femme de Actualite.cd.

Bonjour Madame Laure-Anne Mukadi et merci de répondre aux questions du Desk Femme de Actualite.cd. Dans cette série, vous interprétez le rôle de Olive Musimba, une étudiante à l'université de Kinshasa, prête à tout pour quitter  Bandal, le quartier où elle a grandi. Comment avez-vous fait pour vous adapter à ce personnage ?

Laure-Anne Mukadi :  on dit souvent que rien n’arrive par hasard. J’ai vécu pendant sept mois dans la commune de Bandalungwa, l’un des coins mouvementés de la ville de Kinshasa. J’ai observé ce qui s’y passait. En lisant le script, je reproduisais dans mon esprit toutes les réalités vécues à Bandal. Je me suis donc facilement adaptée au rôle.

A quels autres défis avez-vous fait face entant que personnage principal ?

Laure-Anne Mukadi : il y a eu de nombreux défis pendant le tournage de la série. Le premier, c'est le fait que j'ai dû me déshabiller devant la camera. J'ai eu du mal à l'accepter. Le second, j'ai dû embrasser une personne qui a le double de mon âge et que je ne connaissais pas. Il s'agissait de l'acteur Mars Kadiombo qui campe le rôle de Marius Paterne. J'imaginais le regard des membres de ma famille d'autant plus que je suis l'aînée. Ce qu'allait penser les membres de mon église... Mais à un moment, mes ambitions et mes projets ont pris le dessus et je me suis débarrassée de tous ces aprioris. 

Il est aussi question, dans cette série, d'une jeune étudiante qui n'hésite pas à avoir de nombreux partenaires de vie et sexuels. Que pensez-vous de cette réalité ? Quelle en est votre grille de lecture ?

Laure-Anne Mukadi : je pense que cette réalité  existe bel et bien dans nos sociétés. Personnellement, je n’encourage pas le phénomène des points sexuellement transmissibles. Quand on va à l’Université, le premier objectif est de s’instruire, de devenir une élite. Il ne faut pas y aller dans le but de s’offrir plusieurs partenaires de sexe. 

Combien de temps a duré le tournage de Coloré?

Laure-Anne Mukadi : la série a été tournée vers la fin de l’année 2018. Le tournage s'est déroulé pendant environ un mois et une semaine.

Qu'est ce qui a changé dans votre vie depuis la diffusion de la série ?

Laure-Anne Mukadi : depuis la diffusion de la série, je n'ai constaté aucun grand changement dans ma vie. Mais, je dois reconnaitre que cette série m’offre petit à petit des opportunités, je vois de nouvelles portes s’ouvrir pour ma carrière d'actrice.

Depuis combien de temps êtes-vous dans le monde du cinéma et qu’est-ce qui vous a motivé à intégrer ce secteur ?

Laure-Anne Mukadi :je suis dans le secteur depuis trois ans. Depuis que je suis petite, j’aime le cinéma, je me nourris du cinéma, je rêve de cinéma. C’est ce qui m’a poussé à m’y lancer.

Avez-vous des sources d’inspiration dans ce domaine ? 

Laure-Anne Mukadi : oui, l’actrice Aracely Arámbula Jaquez, celle qui a incarné le rôle de Véronica Dantès dans la série La Patrona. J’ai beaucoup d’admiration pour cette femme et la manière dont elle travaille.

Dans combien de film avez-vous joué jusque là?

Laure-Anne Mukadi : jusque-là, j’ai joué deux séries. "Amour à 200 mètres" (2017) et Coloré (2018). Mais Coloré a été diffusé avant la première série.

Quelle grille de lecture dressez-vous du secteur cinématographique en RDC ? Avez-vous des recommandations ?

Laure-Anne Mukadi : j’aimerai que le gouvernement s’implique davantage pour la promotion de ce secteur. Je souhaite que l’on définisse des barèmes sur différents rôles d’acteurs, des techniciens, des réalisateurs et autres cinéastes.

Selon vous, quelles sont les difficultés que rencontrent les femmes évoluant dans le secteur du cinéma en RDC et que devraient-elles faire pour s’en sortir ? 

Laure-Anne Mukadi : en tant que femme, on rencontre beaucoup de difficultés tels que le jugement de notre famille, de l’église, de la société (…) il y aura toujours des gens prêts à porter un jugement sur ce que nous faisons. Mais, nous pouvons également choisir une toute autre posture face à ceux qui sous-estiment notre talent, ceux qui veulent briser nos rêves (…) Au-delà de cette attitude, chaque femme devrait poser des limites. Ce principe s’applique  bien entendu à d'autres professions.

Travaillez-vous dans un autre domaine à part le cinéma ?  

Laure-Anne Mukadi : en dehors du cinéma, je suis coiffeuse et maquilleuse professionnelle.J’ai ouvert un salon de coiffure et en 2018, j’ai représenté la RDC dans la Télé Réalité Coiffure Kitoko en Côte d’Ivoire. Je chante, je suis esthéticienne et styliste.

Quelles sont vos ambitions ? 

Laure-Anne Mukadi : en tant qu’actrice, je voudrais développer mon image, réaliser mes rêves dans le cinéma.  En tant que coiffeuse et esthéticienne, je voudrais ouvrir des salons de coiffure et des boutiques d’habillement. Je voudrais aussi investir dans le domaine architectural. 

 Laure-Anne Mukadi a fait des humanités artistiques en décoration intérieure à l’Institut des Beaux-arts en 2015. Elle s’est ensuite inscrite en premier graduat en architecture intérieure à l’Académie des Beaux-arts mais, un voyage vers l’extérieur du pays va interrompre ce cursus. Elle poursuit actuellement son cycle de graduat en gestion des entreprises à l’Institut supérieur pédagogique (ISP/Gombe).

Propos recueillis par Prisca Lokale