Poursuivi pour torture des journalistes, coups et blessures aggravés et incitation des militaires à commettre des actes contraires aux devoirs et à la discipline, un Lieutenant-Colonel de l’Armée arrêté et envoyé en prison

Une patrouille FARDC au Nord-Kivu

Journaliste en danger (JED) se félicite de l’action judiciaire qu’elle a initiée à la suite des actes de séquestration, de tortures et de coups et blessures infligés aux journalistes de la Radio Losanganya, dans la province de Sankuru (Centre de la RD Congo), qui a abouti à l’arrestation et la détention d’un officier des Forces Armées de la RD Congo (FARDC) par l’auditorat militaire supérieur de l’ex Kasaï Oriental.

Selon les informations parvenues à JED et confirmées par l’auditeur militaire supérieur de l’ex Kasaï Oriental, le Lieutenant-Colonel Lengos Kalala, commandant du 21051ème bataillon des FARDC, basé à Lusambo dans la province de Sankuru, a été arrêté, le 25 novembre 2020, à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central, où il était en cavale.

Après son audition, il a été conduit, le 28 novembre 2020, à la prison centrale de Mbuji-Mayi où il est présentement détenu et poursuivi pour des actes jugés infractionnels : torture des journalistes, atteintes aux droits garantis aux particuliers, coups et blessures aggravés et incitation des militaires à commettre des actes contraires aux devoirs et à la discipline.

Le Lieutenant-Colonel Lengos Kalala était convoqué et auditionné, le 7 septembre 2020, à l’auditorat militaire supérieur. Il a pu s’échapper quelques minutes seulement après le début de l’audition. Depuis lors, il ne s’était jamais présenté à la justice militaire. Un mandat de recherche a été délivré à son encontre. Il a été appréhendé dans la ville de Kananga où il courrait depuis sa fuite.

Pour rappel, lors d’un meeting, le 20 août 2020, au stade Patrice Emery Lumumba de Lodja, le Gouverneur Mukumadi avait publiquement ordonné au Lieutenant-Colonel Lengos Kalala d’effectuer une descente dans les installations de la RTNC / Lodja et de la Radio Losanganya. Ces deux médias ont été fermés pendant quelques jours et leurs matériels de diffusion emportés. Dans la foulée, les militaires ont procédé à l’arrestation des journalistes Albert Lokongo et Hubert Ndjoko de la Radio Losanganya. Conduits au stade et à la résidence du Gouverneur de province, les deux journalistes ont été copieusement tabassés et torturés en présence du Gouverneur Mukumadi.

Journaliste en danger (JED) encourage la justice militaire du grand Kasaï dans ses enquêtes qui ont conduit à l’emprisonnement de cet officier des FARDC, complice des diverses attaques contre les journalistes, mais appelle cependant l’auditorat militaire supérieur à poursuivre la procédure judiciaire contre le Gouverneur de la province du Sankuru, commanditaire de tortures et détention arbitraire des journalistes de la Radio Losanganya.

JED estime que laisser le Gouverneur Stéphane Mukumadi libre de ses mouvements alors qu’il ne s’était pas présenté à la première convocation de l’auditorat militaire supérieur, c’est faire éloge à la culture de l’impunité dans le pays.