Gratuité de l’enseignement : l’Eglise catholique ne va pas interdire les parents d’intervenir à l’éducation de leurs enfants si c’est eux-mêmes qui le proposent en dialogue avec les enseignants (Cardinal Ambongo)

Photo illustration. ACTUALITE.CD

L'archevêque métropolitain de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo Besungu est revenu ce dimanche 22 novembre sur la position de l’Eglise catholique au sujet de la gratuité de l’enseignement décrétée au pays depuis une année. C’était au cours d’une célébration eucharistique, qu’il a présidée à la paroisse saint Clément dans la commune de Makala, qui fêtait son jubilé d’or (1970-2020).

Prenant la parole en toute fin de la messe, et avant de donner la bénédiction finale, le cardinal Ambongo ne s’est pas empêché de glisser quelques mots sur la situation qui prévaut actuellement dans l’enseignement en RDC.

Et, au sujet de la gratuité de l’enseignement justement, il dit préciser que l'Eglise ne va pas refuser le dialogue entre les parents d’élèves et les enseignants afin de trouver une solution intermédiaire relative au conflit qui a élu domicile entre les enseignants et l’Etat congolais, qui ne s’entendent toujours pas autour des promesses faites par ce dernier.

« Nous, comme église, nous disons que là où les parents s’organisent et s’entendent avec les enseignants pour trouver une solution intermédiaire en attendant que l’Etat joue son rôle nous ne refusons pas. Nous, comme Eglise catholique, nous n’allons pas interdire les parents d’intervenir à l’éducation de leurs enfants si c’est eux-mêmes qui le proposent en dialogue avec les enseignants. Parce que l’essentiel, c’est que nos enfants soient éduqués. Qu’on n’aille pas raconter des histoires, que l’Eglise est contre la gratuité de l’enseignement, ou que l’Eglise pousse les enseignants à faire la grève. L’Eglise observe mais aide les uns et les autres à réfléchir en partant de l’objectif principal de l’enseignement que sont nos enfants », a déclaré le Cardinal Ambongo.

Et de renchérir :

« Nous ne pouvons pas sacrifier l’avenir de nos enfants. Dans tous les cas, nous devons trouver une solution pour que nos enfants soient élevés. Il en va de l’avenir de notre pays ».

Pour le cardinal, la gratuité de l'enseignement que l'Eglise catholique "soutient d'ailleurs", court aujourd'hui un grand risque.

« Nous avons dit au chef de l’Etat en tant qu’Eglise que nous soutenons la gratuité de l’enseignement mais à condition qu’elle soit effective. Parce que si cela ne se fait pas comme prévu, il y a un grand risque que ce que nous avons aujourd’hui comme système scolaire soit détruit définitivement. Aujourd’hui, il y a ce risque-là », fait-il savoir. 

Le syndicat des enseignants du Congo (SYECO) et le syndicat national des écoles catholiques (SYNECAT) multiplient des grèves dans plusieurs provinces pour revendiquer des bonnes conditions socio-professionnelles des professionnels de la craie blanche. Le gouvernement et le banc syndical se sont réunis début novembre à Bibwa, dans la banlieue de Kinshasa, pour tabler notamment sur la problématique de la régularité de la paie des enseignants Nouvelles Unités (NU), la réhabilitation du mécanisme permanent de promotion et de transposition des grades ou encore l’évaluation du processus de la gratuité de l’enseignement primaire.

Japhet Toko