Filimbi a été reçu par Félix Tshisekedi ce mercredi à Kinshasa. Le mouvement citoyen fait le compte rendu des échanges et des propositions faites à propos. Voici les points sur lesquels, ces activistes sont revenus:
Avant-propos
Nous avons suivi avec beaucoup d’attention l’adresse à la Nation faite par le Président de la République le 23 octobre 2020. De ladite allocution, nous avons retenu ce qui suit :
Au regard de ces faits, nous saluons la sincérité du Président de la République dans la reconnaissance du blocage quant au développement que constitue la coalition FCC-CACH dont ce dernier fait partie, et nous l’encourageons à aller jusqu’au bout de la démarche.
Pour nous, en effet, la situation dans laquelle la RDC se retrouve était prévisible. Sans cesse, nous n’avons cessé de le rappeler. La crise actuelle, résultant d’un mariage contre nature, conclu à la suite d’un processus électoral chaotique, a été renforcé par l'implication de plusieurs acteurs du clan présidentiel dans des actes de mégestion, perpétuant ainsi la poursuite d’un SYSTEME de prédation, longuement combattu.
Recommandations
Concernant les questions soulevées, nous vous recommandons les mesures urgentes ci-après.
Rétablir et consolider la paix
Renforcer l’Etat de droit et poursuivre la construction de la démocratie
Organiser les élections crédibles dans les délais constitutionnels
Les futures élections en RDC doivent être radicalement meilleures que toutes les précédentes et les reformes à mettre en place doivent tirer toutes les conséquences de toutes les irrégularités identifiées.
Pour préparer le processus électoral à venir, il est important que le cadre électoral actuel puisse subir des réformes pertinentes afin d’éviter de connaître les contestations post-électorales dues à la fraude et aux irrégularités montées volontairement par la centrale électorale en parfaite collaboration avec les tenants de pouvoir à l’instar des élections chaotiques depuis 2006.
Cependant, nous devons honnêtement répondre à plusieurs interrogations parmi lesquelles :
La réponse à ces questions démontre que quoique des changements soient absolument pertinents pour remédier aux multiples disfonctionnements des processus électoraux successifs et qu’il soit important de repenser une bonne partie du fonctionnement de la justice et des interactions interinstitutionnelles, leur mise en œuvre, dans la configuration actuelle, ne sera pas efficace sans l’acceptation préalable par TOUS des causes profondes de la situation.
Depuis quelques semaines, le débat politique en RDC est dominé par les questions des réformes électorales. L’ensemble des forces vives s’y est penché et la société civile n’a pas été en reste.
En effet, les différents processus électoraux depuis 2006 ont mis en exergue la non-conformité de certains textes électoraux au regard des réalités sociales, politiques, administratives et techniques.
La nécessité d’un questionnement régulier et la mise en adéquation des textes électoraux à ces réalités devrait s’imposer à tous.
L’irresponsabilité et le manque de scrupules et de patriotisme de plusieurs acteurs-clés impliqués dans la mise en œuvre du processus électoral de 2018, en commençant par le leadership de la Commission électorale, ont, de manière particulière, démontré les limites d’une législation taillée sur mesure et le degré de violation des textes en vigueur.
Il faut reconnaitre que le processus électoral de 2018 a été le plus désastreux de la Troisième République, qu’il a été entaché de plusieurs irrégularités, de fraude et de corruption et qu’il a donné naissance à des institutions dont les acteurs sont, plus ou moins, contestes dans des proportions diverses par la population selon le cas et qu’il faut repenser le contrat social.
Il apparait clairement que ce serait une incohérence notoire de confier le traitement de ces reformes a des institutions qui sont justement le produit de ces irrégularités, de cette fraude, de cette corruption a grande échelle.
En plus, « faire la politique de l’autruche » ou mettre une croix sur toutes ces irrégularités, fraudes et corruptions qui se sont produites et qui ont été décriées quasiment par tous et « passer à autre chose » - serait-ce à des réformes - serait faire preuve d’une irresponsabilité innommable en tant que nation et créerait une jurisprudence qui nous rattrapera tôt ou tard.
Tous, acteurs et populations, c’est le moment de l’histoire de notre pays où nous devons mettre en pratique les valeurs comme le patriotisme, la justice, l’honnêteté et la vérité que nous prêchons à longueur de journées mais que rarement nous n’incarnons. Nous devons impérativement tirer TOUTES les conséquences des forfaitures qui nous ont été servies comme processus électoraux, plus gravement en 2018, et veiller à ce que toutes les parties-prenantes reconnaissent OFFICIELLEMENT que ce processus électoral a été extrêmement chaotique et source de contestations multiples qui hantent encore les esprits des citoyens, que les irrégularités, la fraude et la corruption qui l’ont accompagné ont produit des institutions avec une très faible légitimité et que des corrections s’imposent pour lancer les réformes qui garantiraient que ne se reproduise pareille forfaiture.
L’amnésie sélective dont nous faisons preuve systématiquement quand nos intérêts sont menacés, notre propension à perpétuellement contourner les textes qui ne nous arrangent pas et notre tendance à considérer continuellement que le diable c’est celui qui nous contredit ne permettront jamais à notre chère patrie d’aller de l’avant.
De ce qui précède, il s’avère urgent de :
Bâtir infrastructures
Assurer la santé à nos populations
Garantir l’éducation
Promouvoir l’entreprenariat local et donner une perspective économique à la jeunesse
Encadrement des recommandations
Cependant, la prise en compte éventuelle de nos recommandations et fort probablement ceux des autres, ne peut se faire en dehors des institutions car elles exigent des mesures telles que les modifications de loi, les décrets et arrêtés d’exécutions. C’est ainsi que nous proposons, à la suite de ces consultations, d’établir une grille de proposition d’action concrètes secteur par secteur qui sera la base d’une vision commune avec les partenaires politiques qui souhaiteront y adhérer. Ceci afin que les prochaines années puissent être basées non pas sur le partage des postes mais plutôt sur des actions concrètes et programmées visant l’amélioration de la vie de la population que chacun se sera engagé à appliquer. Nous veillerons, en tant que mouvements citoyens au respect de ces engagements.
En définitive, ces consultations- que nous voulons ouverts et sincères- ne pourront avoir des retombées positives que si le principal objectif est de véritablement démanteler le SYSTEME prédateur et criminel mis en place par le régime Kabila et ses complices internes et externes, et poser les bases d'un cadre qui permettra de résoudre non seulement les principaux problèmes réels auxquels les citoyens congolais font face (sécurité, économie et social...) mais aussi de dégager les pistes de solutions garantissant la transparence des processus électoraux futurs.
Floribert Anzuluni
Coordonnateur/FILIMBI
Carbone Beni
Chargé du Réseau & Déploiement