RDC : selon le Dr. Michel Kasawa, le nombre de cas de tuberculose dans les prisons est trois fois plus que la moyenne dans la population en général

Visuel service infographie/ACTUALITE.CD

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime la fréquence de la survenue de la tuberculose en milieux carcéraux jusqu’à plus de cent fois supérieure à celle de la population en liberté. Pour cause, il y a notamment le surpeuplement ainsi que le manque d’aération dans ces milieux. Cette situation qui représente un défi majeur pour la RDC qui, du reste, n’est pas épargnée. 

Pour le Dr Michel Kasawa Kayomo, directeur du Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNLT), la hausse des tuberculeux dans les prisons est consécutive notamment au manque d’hygiène et à la promiscuité dans les établissements pénitentiaires.

« La RDC se trouve parmi les trente pays de la planète les plus touchés par la tuberculose. Elle occupe le 9e rang dans le monde et le 2e en Afrique. La tuberculose est une maladie grave certes, mais la tuberculose est une maladie guérissable, le combat et la lutte contre cette maladie doivent continuer. L'ambition du pays est d’accélérer la riposte contre cette maladie et d’assurer un accès pour tous aux soins de qualité. Et La situation des détenus atteints de la tuberculose dans les différentes prisons du pays demeure une préoccupation sérieuse pour le Gouvernement de la RDC. Dans les prisons congolaises telles que CPRK et Ndolo (à Kinshasa), le nombre de cas de tuberculose est à la hausse, en raison de la promiscuité, du manque de l’hygiène et de la sous-alimentation des détenus », a déclaré Dr. Michel Kasawa Kayono.

Et de poursuivre :

« Toutes les prisons du pays possèdent au moins un centre de dépistage et de traitement des cas de tuberculose (CDT) et, l’abandon de traitement demeure un problème important dans la prise en charge des cas. Stress, diabète, malnutrition, et la promiscuité, déjà sont des facteurs qui exposent à la tuberculose. Et quand on revient dans un milieu comme la prison, déjà un individu quand il est en prison, il est plus stressé, quand il est en prison, il a un problème de malnutrition, c'est pourquoi le cas de tuberculose sont trois fois plus que la moyenne que dans la population en général, voir même dix fois dans d'autres pays.  Depuis le début 2020 jusqu'au 30 juin, à la prison de Makala, nous avons enregistré 299 cas de tuberculose, ce qui constitue une augmentation légère par rapport aux semestres passés. Et avec l'organisation de la prison, tous ces malades tuberculeux sont séparés des autres prisonniers. Ce ne qu'après avoir eu la preuve qu'ils sont guéris, après leur traitement qu'ils peuvent rentrer ensemble avec les autres prisonniers ».

 La tuberculose constitue un véritable problème de santé publique en RDC. Selon la classification de l’OMS, la RDC est un pays à faible population avec forte incidence. La prévalence estimée est de 18. 035 cas, soit un taux de prévalence 464 cas sur 100.000 habitants.

Les guerres à répétition que le pays a connues ont contribué énormément à la dégradation de la situation de la tuberculose avec l’abandon du traitement, la malnutrition, la promiscuité et la destruction des infrastructures chargées du dépistage et du traitement des cas. Le taux du VIH parmi le tuberculeux de 23%.

La tranche d’âge la plus touchée est comprise entre 15 et 44 ans. Il y a autant d’hommes que des femmes. En 2019, 180.178 malades ont été confirmés comme porteurs de la tuberculose, parmi eux, 13.878 ont été aussi co-infectés par le VIH.

Nancy Kapinga, stagiaire UNIKIN