RDC-ADF : au regard de l'expansion des violences, Mbusa Nyamwisi suggère des opérations conjointes FARDC-UPDF au Nord-Kivu et en Ituri

Photo ACTUALITE.CD.

L'ancien chef rebelle, Mbusa Nyamwisi suggère des opérations conjointes entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et Uganda People's Defence Force (UPDF) au Nord-Kivu, plus précisément à Beni et en Ituri pour traquer la rébellion d’Allied democratic forces (ADF) présente sur le sol au congolais depuis 1995.

 

M. Nyamwisi soutient que l'Ouganda a intérêt de voir la rébellion ADF être défaite pour préserver la stabilité de ses institutions. Il rappelle toute de même qu’il revient à l’Etat congolais la responsabilité de sécuriser son territoire et ses citoyens.

 

"À mon humble avis, le gouvernement Ougandais a également intérêt de voir ces présumés ADF totalement défaits parce qu’il s’agit d’abord et au départ d’une rébellion Ougandaise qui voulait ou voudrait renverser les institutions politiques de l’Ouganda. En plus, les opérations militaires se déroulent à la frontière Ougandaise. Cependant, il convient de souligner que le premier rôle de défendre le territoire National Congolais et celui de protéger les citoyens de ce pays, reviennent principalement au gouvernement de la RDC à travers l’armée et la police nationale congolaise. Raison pour laquelle, même en encourageant des opérations mixtes FARDC-UPDF nous devons toujours compter beaucoup plus et prioritairement sur nos FARDC.", déclare à ACTUALITE.CD l’ancien allié de l’Ouganda pendant la rébellion. 

 

Même si les opérations mixtes des armées de deux pays n’ont jusque-là pas eu lieu contre les combattants ADF, FARDC et UPDF collaborent depuis plusieurs années dans le cadre d'échanges des renseignements. Cette collaboration a été réitérée en juin dernier par Félix Tshisekedi après un entretien avec son homologue ougandais Yoweri Museveni. 

 

En dépit de cette collaboration, nombreux rapports du Groupe d'experts sur la RDC (GEC) dont celui de juin 2019 révèle que plusieurs combattants sont souvent recrutés en Ouganda, certaines recrues sont parfois approchés dans des mosquées.

 

Dans le rapport du GEC de 2016 intitulé “Qui sont les tueurs de Beni?”, les anciens officiers du RCD/KML à travers la branche armée (Armée patriotique congolaise) étaient également cités parmi les commanditaires ou auteurs des tueries dans la région. Des allégations que Mbusa Nyamwisi avait réfutées, car entre 2003 et 2006, les troupes sous sa direction avaient intégré l’armée nationale.

 

Depuis fin octobre, des opérations dites d'envergure se déroulent à Beni, auxquelles participe la Monusco, notamment pour le soutien logistique, l'évacuation des blessés et la planification des offensives même si les casques bleus ne vont pas aux combats aux côtés des militaires congolais. Plusieurs  rapports de l'ONU accusent aussi les militaires congolais de collaborer avec les tueurs de Beni.

 

"Toutes les accusations faites à l’encontre de plusieurs officiers dans des rapports fiables comme ceux de la Monusco et des experts de l’ONU doivent être prises au sérieux. Ne pas prendre au sérieux ces graves accusations diminue la considération que nous accordent certains Etats qui pourraient nous aider et donne l’impression que nous ne voulons pas exploiter toutes les pistes qui nous amèneraient à la solution le plus tôt et peut être sans aide extérieure." insiste M.Nyamwisi qui avait même déjà demandé que la Cour pénale internationale enquête sur les massacres de Beni. 

 

Pour rappel, sous le leadership des FARDC, les armées de la région des Grands lacs africain en l’occurrence du Rwanda, du Burundi, de l'Ouganda ainsi que les forces de la MONUSCO et du Commandement des États-Unis pour l'Afrique (AFRICOM) ont planifié plusieurs fois en 2019 des stratégies pour mener des opérations conjointes dans l’est du de la RDC notamment contre la rébellion ADF mais leur matérialisation n’a jamais eu lieu.

 

Yassin Kombi