Alors que les voix se sont élevées de plus en plus ces derniers jours contre le renouvellement par RDC du contrat avec Semlex Europe qui avait conclu en 2015 un marché de production de passeport biométrique congolais pour une durée de cinq ans, la firme annonce avoir produit 693.000 passeports sur une prévision de 1.850.000 en cinq ans, soit une différence de 1 157 000.
Cette production est de loin inférieure au contenu du contrat. La République démocratique du Congo (RDC) a déjà annoncé qu’elle ne va pas renouveler ce marché passé de gré à gré sous l’ancien régime. Mais ce mardi 2 juin 2020, Semlex Europe affirme que les experts de deux parties évaluent le contrat qui prend fin le 11 juin prochain.
« Depuis le début du contrat seulement 693.000 passeports sur un total de 1.850.000 passeports prévus initialement ont été produits et délivrés en cinq ans. A ce jour, les experts de deux parties sont en cours d’évaluation technique, financière et juridique du Contrat Semlex Europe et République Démocratique du Congo, susmentionné sont en cours dans une Commission Ad hoc mixte. », dit le communiqué de Semlex Europe.
Semlex Europe rappelle par ailleurs, le prix de passeport a été fixé à «120$ brut, au début du Contrat, intégrant le transport des passeports (dans les régions et vers les ambassades), le formulaire sécurisé et les frais bancaires. Les 65$ revenant au compte du Trésor Public Congolais.»
Mais depuis 2017, précise le communiqué de cette société, « cette clé de répartition a été modifiée comme suit: 108$ pour SEMLEX EUROPE et 77$ pour l'état Congolais.»
Une enquête judiciaire
Une enquête est en cours à Bruxelles à charge de Semlex Europe car soupçonnée de faits de corruption de blanchiment d’argent. Officiellement, le passeport congolais se vend à $185. Sur ce montant, $60 sont réservés à la société LRPS, qui serait détenue par un membre de la famille de Joseph Kabila.
51 détenteurs de passeports congolais se sont constitués partie civile en Belgique dans le cadre de l’enquête pénale contre Semlex. L’initiative est de la Campagne Le Congo n’est pas à vendre.
Selon Reuters, $700.000 auraient été versés par des sociétés proches de Semlex sur des comptes d’Emmanuel Adrupiako, l’assistant financier de Joseph Kabila, et ce dans les mois suivants la signature du contrat en 2015.
Selon les estimations de la Campagne le Congo n’est pas à vendre, avec plus de 600.000 passeports vendus depuis l’entrée en vigueur du contrat Semlex, la société écran proche de Kabila pourrait avoir encaissé plus de $36 millions de dollars.
Patrick MAKI