A Dar es-Salaam en Tanzanie, le gouverneur de la ville a annoncé la publication prochaine d’une liste d’hommes mariés sur le site officiel du gouvernement. Ceci dans le but de lutter contre l’infidélité. Ce mercredi dans les rues de Kinshasa, les avis divergent autour d’une probable application de cette mesure en RDC.
“ Une telle décision est utile dans la mesure où elle permet à toute la ville de connaitre le nombre exact et l’identité des hommes mariés. Mais, elle ne réduit en rien le taux d’infidélité,” s’exclame Malu, mère de quatre filles toutes mariées qui poursuit “certains hommes ne se sentent responsables que quand ils ont des maîtresses en dehors de leurs foyers. Ils savent bien les gérer. En plus, ils répondent à tous les besoins de leurs épouses légitimes. A quoi bon perturber sa vie avec cette publication?” s’interroge-t-elle.
Mbuyi, la cinquantaine, et mère de 8 enfants soutient cette décision. “Qu’une telle annonce soit aussi faite en RDC. Ensuite, que la mise en œuvre de cette décision commence par Kinshasa. Cela aiderait nos époux à réduire le taux d’infidélité."
Ruthiana et Nanu, évoquent la question des mariages limités au niveau des familles.“Cette décision n’est pas du tout avantageuse pour les Congolais. Certains couples se sont limités uniquement au mariage coutumier. Ils n’envisagent pas le mariage civil ou religieux. Comment le gouverneur pourra-t-il publier une liste fiable ? L’infidélité est une question de volonté. Il y a ceux qui continueront à être infidèles, malgré cette publication” dit Ruthiana, qui vient de décrocher son diplôme d’état en section commerciale.
Pour paraphraser cette dernière, Nanu mère célibataire, argumente“cette décision risquerait de briser certains foyers. Il y a de ces couples légalement mariés puis séparés sans suivre la procédure normale de divorce. Plus tard, l’homme s’engage avec une autre femme qu’il épouse par le mariage coutumier. A la publication d’une telle liste, ce nouveau foyer peut aussi être brisé” explique Nanu, devant une boutique d’eau minérales.
Ce qu’en pensent les hommes
Sylvain, la trentaine, marié et père d’une fille voudrait qu’une liste des femmes mariées soit publié. “Les femmes sont aussi infidèles que les hommes. Si le gouverneur voudrait envisager une telle décision à Kinshasa, qu’il publie également la liste des femmes mariées. De cette façon, ils sauront qu’ils sont tous exposés et le taux d’infidélité va baisser en RDC.”
“Ce serait une mauvaise décision!” s’exclame Joseph qui ajoute “quand on se marie, il y a toujours des personnes qui s’opposent à cette union. Mettre le nom d’un homme sur la place publique, disant qu’il est déjà marié peut susciter encore des jaloux pour un couple. Je ne soutiens pas cette idée” dit-il, d’air un peu gêné .
Pour Fabrice, envisager une telle décision est un délire. “Cette décision ne changerait rien du tout en RDC. Certains hommes mariés pratiquent l’infidélité bien qu’ayant un anneau sur le doigt, les femmes mariées font de même. En quoi une telle décision va réduire le taux d’infidélité ?” s’interroge Fabrice en poursuivant “c’est un passe-temps! D’ailleurs, certaines femmes ne naviguent pas sur internet.”
Rodrigue pour sa part évoque des notions de loi. “Bien qu’il soit une autorité de la ville, le gouverneur de Kinshasa ne pourra pas publier des informations confidentielles sur un individu sans son aval préalable” prévient-il, devant sa cabine téléphonique. Il poursuit “Nous sommes un Etat laïc, autant une personne est libre de choisir ses convictions religieuses, autant il est libre de vivre avec une seule femme ou non. Loin de Kinshasa, la Tanzanie est un pays où la religion dominante est l’islam, je ne vois pas pourquoi on interdirait à un homme d’avoir des maîtresses” conclut-il.
BBC Africa a cependant ajouté que Paul Makonda, le gouverneur de Dar es-Salaam est connu pour ses déclarations controversées qui ne se matérialisent pas toujours.
Prisca Lokale