Meurtre d'un épidémiologiste de l'OMS à Butembo : Au stade actuel, personne ne bénéficiera de la liberté provisoire, même pas les médecins (Magistrat instructeur)

Photo ACTUALITE.CD.

Aucune personne parmi celles qui sont interpellées dans le cadre du meurtre, à Butembo (Nord-Kivu), de l’épidémiologiste camerounais de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne pourra bénéficier au stade actuel de l'instruction d'une liberté provisoire, a confirmé ce mercredi 7 août à ACTUALITE.CD, le colonel Kumbu Ngoma Marcel, magistrat près la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu, chargé d'enquêter sur cette affaire.

Selon lui, plus au moins 50 personnes, dont trois médecins, sont déjà interpellés et devront attendre la saisine de la Cour pour espérer toute liberté provisoire.

"Toutes les personnes incriminées, personne ne pourra bénéficier de la liberté provisoire, c'est une position à moi, en tant que magistrat instructeur. Ils (les sujets interpellés) seront tous traduits devant la cour (militaire opérationnelle du Nord-Kivu, Ndlr), qui examinera leur requête de mise en liberté provisoire, et va apprécier l'opportunité de mettre les uns et les autres en liberté provisoire ou de rejeter ça", a-t-il tranché.

Cette mise au point intervient au lendemain d'une indignation du Conseil national de l'ordre des médecins, cellule de Butembo, qui a, dans une lettre adressée au maire de Butembo, menacé d'entrer en grève et de se retirer des activités de riposte contre Ebola au Grand-Nord, si quatre de leurs collègues médecins, interpellés dans le cadre du meurtre du docteur camerounais Richard Mouzoko, ne bénéficient pas d'une liberté provisoire, en attendant tout "procès de vérité". 

Les médecins de Butembo arrêtés sont notamment, les Docteurs Mundama Witende, chargé de la prévention et contrôle des infections à l'antenne Grand-Nord de la division provinciale de la santé, Gilbert Kasereka, chargé de la transfusion sanguine, Sangala Hyppolyte, chargé de la supervision des activités médicales et de Paluku Luendo, tous des hauts cadres à la division provinciale de la santé, antenne de Butembo, qui couvre le Grand-Nord.

"Les présumés auteurs matériels ont cité deux médecins, et l'un des médecins cités a, à son tour, cité deux autres. Hier (mardi 6 août, Ndlr) j'ai fini avec la confrontation des trois médecins qui sont en état d'arrestation ici à Butembo, l'autre (le 4ème) est invisible. Donc présentement, nous avons trois médecins arrêtés", a confirmé à ACTUALITE.CD le colonel Kumbu Ngoma Marcel.

Ce magistrat instructeur indique être "vers la fin des enquêtes" et signale avoir transmis son rapport à sa hiérarchie pour la saisine de la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu pour la tenue du procès. Il n'a toutefois pas précisé le délai que pourra prendre la procédure.

Le docteur camerounais Richard Mouzoko avait été lâchement abattu par balles, le 18 avril dernier à Butembo, alors qu'il présidait, dans l’enceinte de la clinique médicale de l'Université catholique du Graben (UCG), une réunion de la commission "Recherches actives" de la coordination locale de la riposte contre la maladie à virus Ébola. Dans le même contexte, plusieurs, plusieurs installations de la riposte avaient été visées par des attaques armés, notamment les CTE érigés respectivement dans la concession de l'Institut des techniques agricoles et vétérinaires (ITAV) et celle de Katwa-Kirimavolo, poussant certaines organisations, dont Médecins sans frontières (MSF) à suspendre leurs activités dans la riposte contre Ebola au Grand-Nord (Beni, Butembo et Lubero).

Ainsi ce procès, très attendu à Butembo, "pourra élucider le mobile de ces attaques", souhaite M. Edgar Mateso, vice-président de la société civile du Nord-Kivu.

Claude Sengenya