RDC : Les parents d’élèves tiennent à la « gratuité totale » de l’enseignement primaire

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Le président de la République Félix Tshisekedi avait dans son programme d’action promis l’application de la gratuité de l’éducation de base comme prévue dans la constitution. Dans une correspondance, le ministre intérimaire de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (EPSP), Emery Okundji, a instruit les gouverneurs de provinces de veiller à la suppression de certaines rubriques contenues dans les frais scolaires dont le minerval, le frais de bulletin et d'identification et la police d’assurance.

Les parents, quant à eux, tiennent à ce que la gratuité de l’enseignement soit entière et non partielle, afin de scolariser comme il se doit leurs enfants.

« Notre problème est que la loi soit respectée en toute lettre de A à Z. Que l’Etat prenne en charge cette situation afin que nous, parents, soyions un peu déchargés. La partie que l’Etat a soustrait ne suffit pas, cela dépend du niveau de vie de la population. Les conditions de vie sont difficiles en RDC et l’Etat nous surcharge avec la collation des professeurs. On ne pourra pas vraiment faire face à certains besoins de vie », a déclaré sous anonymat un parent.

Les parents regrettent que cette mesure ne s’applique qu’aux écoles publiques alors que bon nombre d’entre eux scolarisent leurs enfants dans les établissements privés.

« Je pense que c’est une mesure pour l’instant qui ne va pas tenir encore que cette gratuité ne s’applique que pour des écoles publiques et aujourd’hui la plupart des parents responsables n’envoient pas leurs enfants dans des écoles publiques puisque la formation n’y est pas », a ajouté un quadragénaire.

Les parents estiment que l’Etat devrait commencer d’abord par améliorer les salaires des enseignements, en particulier, et des fonctionnaires, en général.

« En parlant de la gratuité de l’enseignement, il faut d’abord commencer par arranger la situation de ces enseignants qui se démènent et la situation des parents qui sont fonctionnaires parce qu’un ventre affamé n’a point d’oreilles. Si l’enseignant ne va se contenter que des 100.000 ou 80.000 FC qu’on lui en donne chaque fin du mois, avec quelle conscience va-t-il travailler », a estimé Félicien Puku.

L’intersyndical des enseignants tient également à la gratuité totale dès la rentrée scolaire 2019-2020.

« La note circulaire du ministre ne dit rien sur la suppression de la prise en charge par les parents. Jusque-là nous ne savons pas sur quel pied danser parce que le président de la République a parlé de la gratuité, et qui dit gratuité signifie que ces frais-là, surtout la prise en charge des enseignants par les parents, doivent être supprimés. En ce qui nous concerne, nous disons que cette année, il n’y aura plus de prise en charge des enseignants par les parents et même l’Eglise Catholique qui est le géniteur de ce système. L'archevêque métropolitain Ambongo a déjà dit que la prise en charge des enseignants par les parents doit prendre fin », a déclaré Marcel Niongo, président de l'Intersyndicale des enseignants en RDC.

La constitution de la RDC en son article 43 consacre l’obligation et la gratuité de l’enseignement primaire dans les établissements publics sur tout le territoire national. Mais cette disposition constitutionnelle n’est pas respectée, la prise en charge des enseignants par les parents perdure. 

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Annette Tuzolana et Divina Izemengia