Une nouvelle attaque d’hommes armés a fait au moins sept morts ce mardi 23 juillet 2019 au village Fichama, dans la chefferie de Bahema banywagi, au bord du lac Albert, dans le territoire de Djugu. L’attaque a été menée à quelques 5 km au nord-est du centre commercial de Tshomia.
Selon la société civile locale, un militaire a été tué et d’autres blessés. « Ces hommes armés ont tué 7 personnes dont un militaire, 4 femmes et 2 hommes. Ils ont blessé 3 personnes parmi lesquelles 2 militaires et une épouse d'un militaire », a dit à ACTUALITE.CD, Uvona Jules David, président de la société civile de Tshomia.
Le porte-parole de l’armée en Ituri, le lieutenant Jules Ngongo confirme le fait sans donner le bilan.
« Très tôt matin, les hommes armés a voulu attaquer nos positions heureusement les forces armées les ont repoussés et pendant leur fuite ils ont commis des exactions sur la population. Maintenant la situation est maîtrisée, les opérations continuent, nous allons réagir après en ce qui concerne le bilan parce que l'ennemi a pris comme option de se dissimuler au sein de la population », a déclaré le porte-parole militaire.
Le député national Gratien Iracan estime que ces assaillants se seraient disséminés en petits groupes dans la région après l’offensive menée par l’armée en juin dernier.
« C'est prévisible que de telles exactions soient répétitives, imaginez-vous les assaillants se sont dissimulés au sein de la population depuis qu'ils étaient attaqués par les forces loyalistes dans la forêt Wago [Ndlr : bastion des miliciens dans le territoire Djugu]. Ils ont créé maintenant des groupuscules pour attaquer la paisible population », a affirmé l’élu de Bunia.
Par ailleurs, des combats ont opposé lundi l’armée aux miliciens dans le village Jiba où au moins quatre miliciens ont été tués. Six personnes ont péri dimanche dernier dans une attaque menée par les hommes armés dans le village Nyaranyara, dans la chefferie de Mambisa. Les violences se poursuivent à Djugu malgré le renforcement des dispositifs sécuritaires, annoncé par les autorités. Plusieurs dizaines de personnes sont tuées dans les attaques d’hommes armés, ce, après le passage de Félix Tshisekedi fin juin dans la région.
Contexte
Les violences armées ont resurgi en avril dernier dans le territoire de Djugu. L’armée a identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités et dans la chefferie de Mokambo, en territoire de Mahagi.
Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, a dénoncé aussi l’existence d’une secte mystico-religieux dénommée CODECO, qui encourage les violences ayant déjà fait plus d’une centaine de morts dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé, dimanche, avoir démantelé ce groupe armé après les offensives menées depuis le 27 juin pour la conquête du bastion des miliciens, situé dans la forêt de Wago dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ».
Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils ont été tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes, arrivés à Bunia, étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences, depuis début juin, dans les territoires de Djugu et Mahagi.
Franck Asante