Kongo Central : Récurrence des cas de décès par électrocution à Matadi

Photo ACTUALITE.CD.

Des cas de décès par électrocution ont pris de l’ampleur à Matadi, chef-lieu de la province du Kongo Central. A chaque fois qu'une pluie accompagnée de vent violent s’annonce, la population de Matadi se lance vers un abri, de peur de se faire surprendre par un fil électrique non isolé, détaché du poteau. Selon le bourgmestre de la commune de Nzanza, Nour Lukombo, qui s’est confié à ACTUALITE.CD, la ville compte déjà plus de 7 morts depuis octobre 2018.

Les derniers cas datent du 2 mai dernier. Il s'agit de décès d'un homme, âgé d’environ 40 ans, et d’une fillette de 11 ans. Leurs corps sont conservés jusqu’à ce jour à la morgue de l'hôpital provincial de Kinkanda.

Contacté par ACTUALITE.CD, la Société nationale d'électricité (SNEL), au travers son directeur régional de distribution, Philo Boyikale, évoque le partage des responsabilités à 3 volets. D'abord, la part de la SNEL, suite à la vétusté de son réseau de fourniture d’électricité. Il estime qu'il faut assainir le réseau en renouvelant des équipements, si seulement si une structure de financement volera au secours de cette société. Il faut aussi, selon lui, augmenter les cabines électriques en vue d'avoir un grand rayon d'action pour pallier les surcharges souvent à la base des ruptures des fils électriques.

« L'Etat congolais a sa part de responsabilité dans cette affaire, il n'engage plus dans les institutions publiques, y compris à la SNEL, au moment où la société connaît non seulement une carence mais aussi un vieillissement du personnel. La SNEL fait recours aux journaliers qui travaillent 22 jours ouvrables renouvelables 2 mois. La situation socio-économique de ces derniers les pousse à réaliser des opérations sur le terrain, voire raccorder clandestinement les abonnés en situation d'irrégularités avec la SNEL, raison qui expose de plus en plus la population. L'Etat congolais doit imposer le réseautage entre la SNEL de tout le service d'urbanisme et habitat, car les constructions anarchiques favorisent le raccordement frauduleux », a déclaré Philo Boyikale.

M. Boyikale pense que la population a aussi sa part suite au manque de notions de civisme.

« La SNEL recommande le fil isolé pour se raccorder mais les abonnés préfèrent acheter les fils non isolés. Vu que la distribution électrique dépend de relief, Matadi étant une ville accidentée et rocailleuse, la population ne doit pas utiliser le partage électrique souterrain, car avec la pluie ou pas, en piétinant ce fil la mort sera évidente, la distribution aérienne du courant doit se faire uniquement avec un fil isolé », a ajouté le directeur régional de distribution du Kongo Central.

Pluriche Mambu