Les victimes de la répression du régime précédent, pour la plupart membres des mouvements citoyens, anciennement détenus dans les cachots de l’Agence nationale de renseignements (ANR), ont écrit à Félix Tshisekedi lui demandant de n’accorder aucun poste de responsabilité aux auteurs de violations graves des droits de l'homme. Dans une lettre ouverte, ces jeunes citent le cas de Roger Kibelisa, sous sanctions de l'Union européenne (UE), qui a été nommé assistant principal de François Beya Kasongo, conseiller spécial en matières de sécurité de Félix Tshisekedi.
Chef du département de la sécurité intérieure à l’ANR, Kibelisa avait été sanctionné, le 12 décembre, par l’UE, avec 6 autres membres de l'appareil sécuritaire congolais. Ils avaient été ciblés pour leur rôle dans la "chaîne de commandement des auteurs de violences" qui avaient causé la mort d'au moins 50 manifestants de l'opposition les 19 et 20 septembre 2016, à Kinshasa.
Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, Carbone Beni, membre du mouvement citoyen Filimbi, alerte également le chef de l’Etat.
« Nous avons observé que le président est en train de prendre des mesures qui peuvent affecter le sens qu'il donne à son régime dans le combat contre l'impunité, les antivaleurs et le déboulonnement de la dictature. Nous essayons d'aviser le chef de l'Etat sur le danger qui pointe à l'horizon. Probablement, c’est sur conseil des personnes expertes et/ou de son entourage politique qu'il nomme certaines personnes qui ont terni l'image des institutions et ont gravement violé les droits de l'homme », dit-il.
Pour lui, la nomination particulièrement de Kibelisa va en contradiction avec les principes prônés par Félix Tshisekedi.
« L'on ne peut pas déboulonner les vestiges de la dictature tout en gardant ou promouvant ses artisans. Kibelisa, je le connais personnellement comme l'un des ténors de la répression des activistes, ces personnes qui essayaient d'agir pour le respect de la constitution et contre un troisième mandat de Monsieur Kabila », a t-il ajouté.
Il donne même un témoignage personnel.
« La capacité de destruction et de nuisance de Monsieur Roger Kibelisa n'est pas à démontrer. J'ai été enlevé pour la première fois en décembre 2016 et j’ai passé presque trois semaines sous son contrôle direct. Aussi, en décembre 2017, pendant 6 mois. J’ai été arrêté simplement parce que nous voulions le respect de la constitution. Je n'ai rien de personnel contre l'individu mais contre les pratiques. Ces personnes doivent être poursuivies. En plus, il est sanctionné par les institutions européennes pour des pratiques inhumaines que nous décrions », a-t-il affirmé.