Fermé après une attaque des miliciens Mai - Mai contre ses installations , le Centre de Traitement de la maladie à virus Ebola de Katwa dans la province du Nord - Kivu a réouvert ses portes depuis ce samedi 30 mars 2019, a annoncé le ministère de la santé qui prend désormais la gestion de ce centre abandonné par l'ONG Médecins Sans frontières (MSF) , craignant pour la sécurité de son personnel.
Le centre avait été attaqué le 25 février par un groupe de jeunes maï-maï qui ne croient pas à l'épidémie Ebola, selon les autorités.
Les socio-anthropologues "ont joué un rôle important pour définir les modalités pratiques pour reconstruire le CTE et assurer l’appropriation de la communauté. Ils ont recommandé aux chefs de quartier d’organiser des assises communautaires pour assurer la transparence dans le recrutement de la main-d’œuvre locale. Ensuite, ils ont demandé à ce que les chefs coutumiers réalisent des rituels d’apaisement des esprits en présence des chefs de quartiers et de tous les membres de la communauté recrutés avant d’initier les travaux de nettoyage et de reconstruction du CTE", explique l'autorité sanitaire dans un nouveau communiqué.
Avant de reconstruire ce centre , la coordination en charge de la riposte avait initié des "dialogues communautaires pour écouter la communauté et reconstruire la confiance afin que les communautés acceptent les interventions de la riposte".
Les chefs de quartier étaient ravis de cette initiative car les femmes de la communauté étaient préoccupées par l’avenir des malades contaminés par Ebola au sein de la communauté en l’absence d’une structure de soins adaptée pour leur prise en charge.
Dr Richard Kitenge, coordonnateur de la riposte contre Ebola s’est réjoui de la réouverture rapide du CTE de Katwa qui "permettra de désengorger le CTE de Butembo".
"Il a rappelé que le CTE est entièrement opérationnalisé par des agents de santé locaux et natifs de Butembo. Il a invité la population à référer au CTE le plus rapidement possible tout malade suspecté d’avoir Ebola pour augmenter ses chances de survie", ajoute le communiqué.
La dixième épidémie d'Ebola a été déclarée le 1er août dernier à Mangina dans la province du Nord-Kivu avant de toucher la province voisine de l'Ituri.
La fièvre hémorragique y a déjà provoqué 665 décès parmi les 1.069 cas dont 1.003 confirmés et 66 probables, selon le dernier bilan du ministère de la Santé publié samedi. Le ministère fait également état de 329 personnes guéries et "293 cas suspects en cours d’investigation".
La lutte contre Ebola se heurte à des réticences d'une partie de la population envers la prévention, les soins et les enterrements sécurisés des victimes.
Elle est aussi compliquée par la présence de groupes armés et par la mobilité de la population. Un autre facteur qui complique la riposte : la désinformation.
Environ 25% de Congolais ne croient pas en l'existence du Virus Ebola, selon une étude dont les résultats ont été publiés par le Journal américain "The Lancet".
Christine Tshibuyi