Au quartier Majengo, à Goma, où deux jeunes ont été sauvagement abattus, mardi la nuit, la stupéfaction est à son comble. La population s'interroge sur la cause de cette recrudescence de l'insécurité qui a déjà fait au moins 25 morts, depuis février dernier, dans la ville de Goma, selon la société civile.
Devant l'entrée de la paroisse catholique Don Bosco Ngangi, au quartier Majengo (nord), des traces de sang sont encore visibles. Ces stigmates témoignent d'un meurtre commis avec une extrême violence.
« Il a été tué à la machette, hier soir. J'ai été ensuite alertée par les voisins pour aller voir son corps qui gisait-là », relate Madame Vumiliya, mère de Pascal Ntoto, une des victimes, âgé d'une vingtaine d'années, qui a été abattue avec son ami devant l'église catholique de Don Bosco.
Mme Vumiliya décrit son fils comme un homme plutôt calme et débrouillard. « Il était tchukudeur (Ndlr : transporteur des marchandises au moyen de trottinette). Il laisse trois enfants. Le dernier a deux mois de naissance », ajoute-t-elle les larmes aux yeux, portant sur son dos l'un de ses petits-fils orphelins.
Le jeune frère de la victime redoute la présence à Goma des « terroristes ADF », auteurs des massacres des milliers de civils depuis 4 ans dans le territoire et ville de Beni.
« Mon frère n'avait des problèmes avec quiconque. Il était avec des amis en train de partager un verre avant qu'ils ne soient découpés à la machette. Il paraît que les ADF sont parmi nous sans le savoir. Que le gouvernement nous vienne en aide. Nous n'avons pas de sécurité », dit-il, l'air inquiet.
Après avoir inspecté le lieu du drame, Germain Maliro, chef du quartier Majengo, explique cette montée de l'insécurité par l'insuffisance des éléments de la police.
« L'effectif des policiers est très réduit. Je voudrais à ce que les autorités puissent nous aider à renforcer le nombre des policiers. Au sous-commissariat de l'avenue Kibinda, il y a des policiers qui n'ont pas d'armes. Comment est-ce qu'ils vont assurer la sécurité de la population en étant mains vides », s'interroge-t-il.
Pendant ce temps, à Ndosho (sud), un quartier à l'ouest de Goma, la population manifeste spontanément sa colère après une découverte macabre.
« Le jeune homme, retrouvé mort dans sa boutique ce matin, était invisible depuis la soirée du dimanche dernier. Son corps porte les traces des coups de couteau. Et du sang s'est répandu sur son matelas », explique un témoin.
Au moins sept personnes ont été tuées dans la nuit de samedi à dimanche, à Ndosho, lors d'une incursion de bandits armés, identifiés comme des FDLR par certaines sources. Le même témoin estime à plus de vingt le nombre de personnes tuées en un mois dans la ville de Goma.
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Jonathan Kombi