Le prévenu Evariste Ilunga Lumu a, au cours de sa déposition devant le tribunal militaire de Kananga, ce lundi 17 septembre 2018, fait plusieurs aveux sur le meurtre des experts de l'Onu.
« Je ne voulais pas au départ dire la vérité car le parquet militaire conduisait mal les enquêtes. J'avais demandé que Bulabula, Manga et Jean Bosco Mukanda soient ici pour que je dise la vérité. Je ne comprenais pas la protection dont jouissait Mukanda de la part de l'auditorat. On lui donnait l'argent, on lui a acheté des motos alors qu'il est un acteur majeur dans cette affaire », a déclaré Evariste Ilunga pour justifier ses déclarations précédentes dans lesquelles il ne se reconnaissait pas dans le meurtre.
« Mon ami Dilense Ngalamulume et moi en avions marre de la milice mais nous n'arrivions pas à fuir car nous étions menacés d'être tués. Lorsque la décision de conduire les blancs en brousse a été prise, j'ai demandé au chef Manga son téléphone portable. Il m'a dit que le téléphone était entre les mains de Michael. J'ai pris le téléphone de marque Itel et j'ai remis à mon ami Dilense Ngalamulume pour qu'il puisse prendre les images. Nous savions que tôt ou tard, la justice nous rattraperait et nous voulions avoir la preuve », a ajouté Ilunga Lumu.
A la question de l'auditeur général sur le circuit qui a fait fuiter la vidéo, Ilunga précise :
« Mon ami avait une connaissance sur l'utilisation du téléphone. Je ne sais pas comment il a envoyé la vidéo ailleurs. Lorsque Jean Bosco a appris que nous avions la vidéo de la scène, il a cherché à nous tuer. Il est allé dénoncer mon ami chez les militaires soi-disant qu'il était milicien et les militaires ont tué mon ami Dilense », a-t-il dit.
Sur son incorporation dans la milice, Ilunga a déclaré avoir été recruté par Jean Bosco Mukanda.
« Il faut trouver un avocat à Jean-Bosco Mukanda qui était le renseignant du parquet. Comme les accusations sont graves et qu'il va être inculpé, il a droit à un avocat », a prévenu le lieutenant général Tim Munkutu, l'auditeur général des FARDC.
Il a souhaité en outre l'approfondissement des enquêtes pour connaître les autorités qui avaient participé à la préparation de la mission des experts.
Sur ce point, Jean-Bosco Mukanda avait cité les officiers Jean de Dieu Mambweni et Isaac Safari ainsi que le capitaine Mbuara comme étant ceux ayant eu des contacts avec lui avant et après le meurtre. Il avait aussi déposé au tribunal une liste tenue encore secrète d’autres officiels.
Sosthène Kambidi