RDC: «Les proches du pouvoir créent l’insécurité pour renvoyer les élections aux calendes grecques » - (Dr Mukwege)

Le médecin gynécologue Denis Mukwege a exprimé ce mardi 4 juillet 2017 son “inquiétude” face à la multiplication des foyers des tensions et d’insécurité dans plusieurs coins de la République Démocratique du Congo. Au cours d’un point de presse tenu à Bukavu (Sud-Kivu), le médecin promoteur de l’hôpital de Panzi au Sud-Kivu a peint un tableau sombre notamment au Kivu, aux Kasaï et dans l’ex-Katanga et il a déploré le “silence du gouvernement” face à cette situation.

«La résurgence des violences et des poches des groupes armés dans le Kivu qui se mettent en place alors que nous sommes dans l’impasse totale des violences aux Kasaï. Les rébellions poussent partout comme des champignons, les portes des prisons sont ouvertes occasionnant des évasions massives pour malheureusement alimenter ces mouvements inciviques. Le minimum serait de savoir qui seraient derrière ces rébellions ? à qui profitent ces crimes ? Nous avons vraiment besoin de comprendre pourquoi ces mouvements armés, quel est l’intérêt et quel est leur objectif ? Nous avons suivi ce qui s'est passé à Lubarika, qui sont ces jeunes burundais cantonnés dans le haut plateau d’Uvira et qui ont récemment été arrêtés dans la plaine ? Pourquoi sont-ils dans le plateau ? Que font-ils là ? De qui tiennent-ils leur mandat ? Pourquoi les députés de ce coin ne disent rien ? Pourquoi le gouvernement reste dans un silence qui ne dit pas son nom ? Le HCR en sait-il quelque chose ? », s'est-il interrogé.

Docteur Mukwege pointe du doigt accusateur des proches du pouvoir de créer et d’alimenter les groupes armés.

«Que ça soit à Beni, dans le haut plateau d’Uvira à Fizi, au triangle de la mort au Katanga ou dans les Kasaï, vous allez vous rendre compte qu’il y a toujours des personnes influentes du pouvoir ou très proches du pouvoir qui sont originaires de ces endroits. Tous ces massacres sont-ils des rites pour accéder au pouvoir ou des faits de hasard ?»

L'objectif selon Mukwege est d’empêcher l’organisation des élections cette année conformément à l’accord de la Saint Sylvestre.

«N’avons-nous pas appris que nous ne pouvons pas aller aux élections dans le contexte des conflits aux Kasaï ou sans les Kasaïens ? Cela semble très juste. Un bel argument d’ailleurs pour reporter les élections indéfiniment. Mais nous avons besoin des élections apaisées. Avons-nous vraiment besoin de cette politique de terre brûlée ? Et si le Kivu s'embrase encore, n’est-ce pas là un autre argument pour renvoyer les élections au <span class="_Tgc">calendes grecques</span> à cause de l’insurrection armée complexe ?», dit-il.

Docteur Denis Mukwege appelle ainsi les congolais et particulièrement les jeunes à résister pacifiquement contre la “dictature” en adhérant aux activités du collectif des actions de la société civile congolaise.

<b>Patrick Maki </b>