<span style="font-weight: 400;">Soutenu par le Rwanda, alors en divorce avec Laurent Désiré Kabila qu’il venait avec d'autres de porter au pouvoir par la chute de Mobutu en mai 1997, le </span><span style="font-weight: 400;"> </span><b>Rassemblement congolais pour la démocratie</b><span style="font-weight: 400;"> (RCD)</span><span style="font-weight: 400;"> est né des frustrations de son grand mentor (le Rwanda) après ce qu’il a qualifié de revirement politique opéré par la nouvelle direction du pays.</span>
Le pays du Pasteur Bizimungu ayant notamment vu ses intérêts mis à mal suite à une décision unilatérale de Laurent Désiré Kabila de renvoyer urbi et orbi les combattants rwandais et ougandais de l’AFDL et le soupçon de connivence avec les rebelles hutus rwandais vont replonger la RDC dans une guerre sans merci aux conséquences très lourdes et dont les effets se font sentir encore aujourd’hui.
Nombre de personnes gardent encore à l’esprit les événements d’août 1998 avec la prise du barrage d’Inga et la coupure intempestive du courant électrique ayant causée la mort de plusieurs personnes dont particulièrement de nouveaux-nés dans les couveuses de différents centres hospitaliers et maternités.
<b>Aperçu historique</b>
A l’arrivée de Laurent Désiré Kabila et de l’Afdl, composée essentiellement des combattants rwandais, des dissensions vont vite apparaître entre les différents partenaires. On notera notamment des frustrations au niveau interne et externe.
Au niveau interne, la mise à l’arrêt du processus démocratique pourtant attendu par l’ensemble du peuple congolais et une gestion quasi personnalisée du pouvoir vont miner les espoirs placés en une révolution qui venait de mettre fin à 32 ans de règne sans partage.
<i><span style="font-weight: 400;">“ A son arrivée au pouvoir, l’Afdl s’est caractérisée par une gestion patrimonialiste, le retour des antivaleurs, la fermeture de l'espace politique, le désir de revanche sur les mobutistes, les humiliations des ex-FAZ, la désorganisation de l'encadrement politique du peuple, les violations des droits humains, le népotisme et l'étouffement des libertés publiques. Le tout dans un pays où l'armée était encore en train de renaître”</span></i><span style="font-weight: 400;">, a décrit un observateur.</span>
Les mécontents et les opportunistes de l’Afdl , il convient de le dire, sont très vite devenus un poison pour le nouveau régime. Regroupés ensemble par l’extérieur dont le Rwanda en tête, ils vont lancer la mutinerie des unités militaires dans l’Est du pays. Ce qui va donner lieu au lancement des hostilités le 2 août 1998.
Sur le plan externe, le retour précipité par Kinshasa des troupes rwando-ougandaises ne sera pas perçu d’un bon œil. Très vite, Kigali accuse Laurent Désiré Kabila de connivence avec les forces négatives hutus qui menacent le pays.
<i><span style="font-weight: 400;">“Les Etats rwandais, tanzaniens et ougandais ont vu dans le comportement de Laurent Désiré Kabila un mépris des choses convenues et un retour des actes reprochés à Mobutu, notamment l'appui aux forces négatives rwandaises, angolaises et ougandaises, mais aussi et surtout la non exécution des clauses économiques convenues avec les soutiens européens et occidentaux”, </span></i><span style="font-weight: 400;">commente un analyste politique.</span>
<b>Un melting pot politico-militaire aux rivalités internes profondes</b>
L’organisation interne du RCD a vite révélé des lacunes sérieuses notamment à cause des ambitions personnelles et personnalisées. La diversité des personnalités politiques qui la composent va tout de suite donner lieu à des dissensions internes et une crise de positionnement au regard du mentor, le Rwanda.
Avec une structure des moins classiques, le RCD était présidé par Ernest Wamba Dia Wamba qui était également à la tête de la direction politique composée de personnalités différentes dont Lunda Bululu, responsable de l'exécutif du mouvement, Emile Ilunga, Jacques Depelchin, Delly Sesanga, Thomas Luhaka, Thambwe Mwamba, José Endundo, Shambuyi Kalala, Honoré Kadima, Mbusa Nyamwisi, Lambert Mende et tant d’autres.
Un organe appelé “Assemblée des membres”a été créé et présidé par Mbusa Nyamwisi et un Collège des Fondateurs.
La direction des opérations militaires du RCD, communément appelée “Département des affaires militaires”, était, quant à elle, sous la direction Jean Pierre Ondekane Inkake.
L’organisation du RCD a souffert d’un manque de cohésion. D’après les sources d’ACTUALITE.CD, cinq (5) groupes principaux vont se distinguer et se démarquer de l’ensemble. On retrouve les catégories suivantes :
<ul>
<li style="font-weight: 400;"><span style="font-weight: 400;">Les kabilistes déçus (Bugera, Shambuyi, Bizima, Nyarugabo..),</span></li>
<li style="font-weight: 400;"><span style="font-weight: 400;">Les mobutistes revanchards (Lunda Bululu, Thambwe Mwamba, Endundo, Banza Mukalayi), </span></li>
<li style="font-weight: 400;"><span style="font-weight: 400;">Les internationaux (Sesanga, Luhaka, Christian Tshisekedi, Zahidi Ngoma, Gode Manseku, Colllette Madishi, Honoré Kadima...) </span></li>
<li style="font-weight: 400;"><span style="font-weight: 400;">des cadres représentatifs des ethnies locales (Élisée Minembwe, Kamanzi, Ruyange, Barihima, Baitsura, Koloso, Professeur Walle, Bahekwa...) </span></li>
<li style="font-weight: 400;"><span style="font-weight: 400;">Les révolutionnaires (Antoine Marandura, Wamba, Mbusa Nyamwisi, Jim Balikwisha, Eva Lumanisha, Emile Ilunga...) </span></li>
</ul>
<i><span style="font-weight: 400;">“Ce mélange était si hétérogène que les fictions ont rendu impossible la mise sur pied d'un projet de société commun et de programme de Gouvernement. Pendant une année, le RCD n'avait comme texte que son Acte Constitutif. Pire encore était le manque d'autonomie”</span></i><span style="font-weight: 400;">, a confié à ACTUALITE.CD un ancien membre de ce mouvement.</span>
Le manque de coordination criant au sein du RCD a donné lieu à des prises de décisions non concertées et des actions non-coordonnées. Les différents groupes alliés qui composaient le mouvement ont changé des dirigeants à un rythme effréné. Ce qui a abouti à un manque de stabilité. Le résultat de ce melting pot sera la scission en deux. On verra donc naître le RDC/Goma, d’un côté, et le RCD/K-ML, de l’autre.
<i><span style="font-weight: 400;">“Les alliés changeaient les dirigeants, organisaient des opérations telles que la coupure de courant à Inga et la destruction de l'avion CAL sans consulter la soi-disant direction politique. L'animosité entre les révolutionnaires et les mobutistes était telle que parfois ces derniers privaient le président Wamba des frais de survie et de fonctionnement. Une fois, il a même fallu que le président rwandais Pasteur Bizimungu intervienne pour que les Thambwe Mwamba et Lunda Bululu acceptent de libérer de quoi faire vivre le cabinet de Wamba”, </span></i><span style="font-weight: 400;">a ajouté notre interlocuteur.</span>
<b>Thambwe Mwamba et l’affaire CAL</b>
<span style="font-weight: 400;">“</span><i><span style="font-weight: 400;">Nous avons abattu aujourd’hui, à Kindu, un avion de la compagnie CAL qui venait de Kinshasa. Il y avait à bord une quarantaine de militaires et un armement militaire extrêmement important. Nous avons abattu un avion civil, c’est vrai, mais parce que nous avions des informations précises que les renforts venant de Kinshasa arrivaient à Kindu par un avion civil” (</span></i><b>Alexis Thambwe Mwamba</b><span style="font-weight: 400;">, sur les ondes de RFI le 10 octobre 1998)</span>
<span style="font-weight: 400;">Un focus sur la direction des opérations militaires au sein du RCD révèle que </span><span style="font-weight: 400;">les dirigeants politiques n'étaient pas associés aux opérations militaires. Mais d’après une source contactée par ACTUALITE.CD, les officiers rwandais à Goma se seraient enquéri de l’avis de Thambwe Mwamba avant d'abattre l'avion et celui-ci aurait accepté. Une information jusque-là non confirmée.</span>
Lambert Mende était à l’époque porte-parole du RCD. Une question taraude les esprits : pourquoi à la place du porte-parole, c’est Alexis Thambwe Mwamba qui s’exprime à la presse et revendique la destruction de l’appareil ?
En tant que membre de la Direction politique du RCD, Thambwe a, par ses déclarations, engagé l’ensemble du mouvement politico-militaire, commente un autre ancien membre du RCD.
<i style="font-size: 1.125rem;">“Endundo qui était alors un des boss de la compagnie CAL et qui était aussi membre de la direction du RCD a piqué une vive colère après le crash. Mende qui était porte-parole n'a pas dit un mot. Thambwe Mwamba a surpris les gens en revendiquant le crime sur RFI. Voilà qui responsabilise le RCD car ce dernier était membre de la Direction Politique. A part Thambwe Mwamba, aucun cadre congolais n'a été impliqué dans ce crash. Aucun ne s'est prononcé pour dans les médias. La question n'a jamais été examinée au niveau de la Direction Politique ni au sein de l'Exécutif”, </i><span style="font-weight: 400;">a confié une source au sein du RCD. </span>
Les familles des victimes, aidées par des ONG ont révélé avoir à plusieurs reprises tenté de porter l’affaire devant les juridictions nationales avant de se résoudre à faire intervenir la justice belge qui, du reste, s’est déclaré compétente et a jugé la plainte recevable. Alexis Thambwe Mwamba est détenteur d’un permis de séjour permanent en Belgique, depuis 19 ans. Ce qui juridiquement donne à la Belgique le plein droit d’instruire l’affaire.
<b>Par Jacques Kini</b>