SCPT : Le feu couve, les postiers dénoncent une gestion hasardeuse

Sept mois après l’arrivée de Patrick Umba à la tête de la Société Congolaise des Postes et Télécommunications (SCPT), un malaise s’installe dans cette entreprise étatique. Dans un mémorandum adressé au chef de l’État, en début de ce mois de juin, les agents dénoncent une « gestion hasardeuse » de l’ex-OCPT.

A en croire les postiers, aucune réalisation concrète n’est enregistrée à l’actif de Patrick Umba, ni la déclinaison de sa vision managériale, ni encore l’ambition de la direction. Au contraire, rapportent-ils, il s’adjuge un record des contre-performances. « Sa gestion est aux antipodes de toutes les normes. Au quotidien, il fait « sous-traiter » la direction  générale de la SCPT  par son ami nommé  Noël Litanga, qui n’a ni mandat du chef de l’État, ni celui de l’assemblée générale, ni celui du Conseil d’administration et ni même le numéro matricule de la SCPT », peut-on lire dans le mémorandum.

Sur le plan opérationnel, ils relèvent que le DG Patrick Umba a déstabilisé la qualité de service sur le réseau à fibre optique en mettant précipitamment fin aux services de maintenance assurés par le prestataire habituel, sans avoir pris des mesures logistiques préalables et sans avoir mis au point une organisation interne capable d’assurer le relais. D’où, la chute brutale de la qualité de service de télécommunications, du chiffre d’affaires mensuel et de la confiance des utilisateurs envers la fibre de la SCPT. « <em>La disponibilité de service sur fibre qui avoisinait les 99,4% en octobre  2016, à l’avènement de Patrick Umba, atteint difficilement 70% aujourd’hui</em> », martèlent-ils.

Qualifiant de « calamiteuse » la gestion financière de Patrick Umba, les agents de la SCPT l’accusent surtout d’utiliser les fonds de l’entreprise à sa guise, au mépris total des procédures financières. « <em>Son ami Jean Dibula étant là pour le servir. C’est sa secrétaire particulière  qui effectue les recouvrements pour le compte de la SCPT auprès des tiers, à l’étranger, en lieu et place des structures officielles de l’entreprise (cas notamment des recouvrements auprès de MTN pour les télécoms et des services  postaux, à Brazzaville)</em> », peut-on lire dans le mémorandum.

Sur le plan commercial, dénoncent les agents, le DG Patrick UMBA a fait rater à la SCPT de grands marchés de raccordement par « <em>sa négligence et son extrême lenteur à traiter les dossiers soumis à sa signature</em> ». « <em>C’est le cas de raccordement des régies financières, dont le dossier, préparé et soumis en bonne et due forme par les services commerciaux à la signature du DG, n’a jamais été transmis par la haute hiérarchie de la SCPT. Et des exemples de ce genre sont légion. Ces marchés, perdus par la SCPT par la faute de Monsieur Umba, ont été gagnés par les privés. Simple négligence ou sabotage savamment orchestré pour couler la SCPT ?</em> », s’interroge-t-on.

Dans le même registre, ils révèlent que la signature d’un contrat commercial avec une entreprise de télécommunications de la place pour lui vendre, du coup, la capacité de 10 ans sur le réseau à fibre optique de la SCPT, a été une vaste arnaque contre la République.

En effet, le mémo indique que le montant de la transaction est de l’ordre de 2 millions de dollars américains alors que selon les estimations, la SCPT  gagnerait plus de 30 millions de dollars sur les 10 ans pour la capacité vendue. « <em>En clair, Umba a fait à cette entreprise un rabais de plus de 90%. Quel bradage et quel sabotage des intérêts de l’Etat-propriétaire !</em> » souligne-t-on.

Somme toute, pour préserver les intérêts de l’État et assurer la sécurité communicationnelle des institutions de la République, les agents de la SCPT sollicitent du chef de l’État et du gouvernement de la République de procéder à la suspension du DG Patrick Umba de ses fonctions à la tête de cette entreprise étatique ; de diligenter une mission d’audit en vue de statuer sur sa gestion administrative, technique, commerciale et  financière ; de mettre fin au dédoublement des responsables institué par Patrick Umba au travers de ses recrutements anarchiques et injustifiés des consultants ; enfin, de le déchoir de ses fonctions si sa culpabilité est établie et les traduire en justice pour les faits infractionnels qui auront été relevés à sa charge.

<b>Tchèques Bukasa</b>