Ce jeudi 4 décembre 2025, le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame vont entériner l’accord de paix signé en juin dernier à Washington par les ministres des affaires étrangères de deux pays. Mais cette étape suffira-t-elle à garantir le retour d’une paix véritable dans l’est de la République démocratique du Congo ?
L’analyste politique et politologue prospectiviste Christian Ndombo Moleka rappelle que la signature d’un accord n’est qu’un point de départ. Selon lui, le respect et la mise en œuvre des engagements pris par les deux parties demeurent essentiels pour espérer une paix durable. Il insiste sur le fait que plusieurs engagements prévus dans l’accord sont encore loin d’être appliqués sur le terrain.
« C’est bien de signer, encore faut-il qu’on aille dans le respect des engagements, dans la mise en œuvre des engagements. Et pour cela, il faudrait qu’il y ait une pression sur les parties, notamment la partie rwandaise, pour que les différents engagements soient respectés. Nous sommes en train de signer, mais la mise en œuvre bloque parce que le respect des engagements sur terrain prend du temps. Vous prenez par exemple la neutralisation des FDLR, qui est un engagement signé par le Congo. Vous prenez la levée du mécanisme de défense : c’est un engagement pris par le Rwanda. Donc il y a des étapes à dépasser si nous voulons avoir la paix. Ce n’est pas que signer mais il faut aller dans la mise en œuvre. Et aujourd’hui, il y a une forme de diplomatie à deux vitesses entre des accords signés rapidement, mais une mise en œuvre très lente, ce qui peut malheureusement retarder l’arrivée de la paix. Donc, sans une pression du médiateur sur les parties, sans des engagements réels des parties, on aura une paix de façade qui ne sera pas une paix réelle », a-t-il expliqué dans une interview à ACTUALITE.CD.
Et de poursuivre:
« Les accords sont parfois le fruit d’un compromis politique, mais il y a nécessité de veiller à ce que les avancées diplomatiques se confortent sur des réalités sur le terrain. Beaucoup de Congolais sont dans l’appréhension parce qu’il y a une forme de déconnexion entre les avancées diplomatiques – qu’il faut saluer et la réalité sur terrain, qui semble bloquée. Et d’ailleurs, quand vous suivez les différentes mises en œuvre de l’accord depuis juin, vous allez vous rendre compte que le dernier monitoring a relevé qu’on était à peine à 23 % d’exécution des différents engagements des parties. »
L’analyste politique regrette également la non implication du Parlement congolais dans ce processus, alors qu’il est censé approuver l’accord conformément à la Constitution. « C’est malheureux que la ratification n’ait pas été faite, alors que le Rwanda l’a fait, et qu’à un moment donné, on a eu cette opacité du public à l’intérieur. »
Selon le baromètre des accords de paix en Afrique, le rapport de suivi du mois de novembre indique que sur les 30 tâches identifiées dans l’Accord, 19 ont connu un début de mise en œuvre, soit un taux global d’exécution de 23,3 % (70 points sur 300). Parmi ces tâches, certaines sont à exécuter conjointement par les gouvernements congolais et rwandais ; d’autres relèvent de la responsabilité exclusive de chacun ; et quelques-unes sont confiées à la communauté internationale (États-Unis, Qatar, Union africaine et organismes des Nations unies).
Divine Mbala