Le Centre Carter, à travers son programme Maison des Droits de l’Homme (MDH), en partenariat avec l’Observatoire Congolais pour la Gouvernance Locale (OCGL), a officiellement lancé ce mardi 29 juillet, un projet pilote de lutte contre la désinformation et la manipulation des jeunes à Kinshasa. Ce projet s’inscrit dans une démarche citoyenne visant à renforcer la résilience des jeunes face aux discours trompeurs, tout en favorisant la diffusion d’informations fiables et constructives.
L’objectif principal de l’initiative est de doter les jeunes Congolais : leaders communautaires, étudiants, journalistes, artistes ou militants, des compétences critiques nécessaires pour identifier, comprendre et contrer les fausses informations, en particulier sur les réseaux sociaux, tout en encourageant un esprit de responsabilité et d’engagement citoyen.
Ce programme pilote d’une durée de trois mois repose sur deux axes majeurs. Le premier volet concerne le renforcement des capacités des organisations de jeunesse à travers des formations ciblées sur la communication non-violente, la déconstruction de la désinformation, le leadership et la pensée critique. Un accompagnement spécifique en gouvernance interne des organisations est également prévu, notamment via des sessions de coaching.
La deuxième composante prévoit la création d’un espace physique appelé Maison des Jeunes, conçu comme un lieu d’échanges, d’apprentissage et d’innovation. Des activités participatives, telles que les cafés citoyens, permettront aux jeunes de dialoguer directement avec des experts sur des sujets d’actualité. Des campagnes de sensibilisation seront également menées sur les réseaux sociaux, accompagnées de concours de dessin et de rédaction, dans le but de produire des outils visuels pour lutter contre la désinformation.
Marie Joséphine Ntshaykolo Embete, chargée du programme MDH au Centre Carter, a souligné l’urgence d’une telle initiative dans un contexte d’influence croissante de la désinformation sur les jeunes :
« Les jeunes sont à la fois le présent et l’avenir du pays. Il est impératif de leur fournir les outils nécessaires pour faire face aux manipulations, souvent virales sur les plateformes numériques. »
Elle a également rappelé que le Centre Carter, organisation américaine engagée depuis plusieurs décennies pour la défense des droits humains, place la jeunesse au cœur de ses priorités actuelles en République Démocratique du Congo, aux côtés des femmes, des défenseurs des droits humains et des groupes marginalisés.
Pour sa part, Tezony, coordinateur adjoint de l’OCGL, a insisté sur la nécessité de construire un environnement où l’information devient une force de transformation sociale :
« Nous ne lançons pas simplement une activité, mais un véritable mouvement. Un jeune bien informé, c’est une conscience en marche. »
L’OCGL, active dans les domaines de la gouvernance participative, des droits humains et de la promotion des jeunes, voit dans ce partenariat une continuité logique de ses actions en faveur de la citoyenneté active.
Présent lors de la cérémonie, Nathan, représentant du Conseil National de la Jeunesse Congolaise, a salué l’initiative comme un levier stratégique contre les dérives numériques :
« Les jeunes sont les premiers utilisateurs des réseaux sociaux. Ce projet vise à leur apprendre à penser de manière critique, à vérifier les sources et à devenir des ambassadeurs d’une information responsable. »
Il a exprimé le souhait que ce projet soit étendu à d’autres provinces de la République, au regard des défis croissants que pose la désinformation à l’échelle nationale.
Au-delà des actions ponctuelles, les intervenants ont appelé à une appropriation collective du projet par les jeunes eux-mêmes, dans une logique de pérennité et de responsabilisation. À terme, ce mouvement souhaite rassembler des jeunes passionnés, compétents et engagés, capables de porter un message de vérité, de paix et de cohésion sociale dans leurs communautés.
Le Centre Carter, fondé par l’ancien président américain Jimmy Carter, œuvre à l’échelle mondiale pour la promotion des droits humains, de la démocratie, et de la santé publique. En RDC, il est actif depuis 2007 à travers des programmes de redevabilité, d’égalité des genres, de protection des défenseurs des droits humains, et aujourd’hui, de lutte contre la désinformation auprès de la jeunesse.
Nancy Clémence Tshimueneka