Deux semaines après la prise de Goma par les rebelles du M23, les familles des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) se retrouvent sans abris. Autrefois logées au camp Katindo, ces femmes et enfants ont fui les affrontements du lundi 27 janvier 2025. Depuis, ils se sont réfugiés dans des écoles et des églises de la ville.
Les responsables de l’AFC/M23 ont ordonné la reprise des cours dès ce lundi 10 février 2025. Ces familles sont contraintes de quitter les établissements scolaires pour laisser place aux élèves.
«Nous sommes ici depuis lundi. Dans le camp, c’était un mouroir, il était impossible d’y rester avec les enfants. Nous avons fui et trouvé refuge dans cette école. Nous dormons à même le sol et nous n’avons plus rien », témoigne Marie Solange, femme d’un militaire des FARDC retrouvée à l’EP Rutoboko.
A Christine Kalonji d’ajouter :
«Mon mari est à la morgue de l’hôpital du camp Katindo (mort). Je suis ici avec mes enfants, sans vêtements, sans nourriture. Je ne sais même pas comment récupérer son corps. Il a servi ce pays jusqu’à la dernière minute et ce n’est pas ainsi que le gouvernement devrait nous traiter. Aujourd’hui, nous sommes dans la rue ».
Rosine, avec ses neuf enfants, a aussi trouvé refuge dans une salle de classe.
«Je ne sais même pas si mon mari est mort ou est encore vivant. Chaque jour, j’espère son retour, en vain. Pour survivre, je mendie en ville, mais nous avons peur, car ici, tout le monde craint tout le monde. Si le gouvernement pouvait trouver une solution à cette guerre, nous serions reconnaissants. Nous souffrons énormément », dit-elle.
Dans l’enceinte de l’école Rutoboko à Katindo, sont logés des enfants de militaires blessés et une femme victime de viol. Ils sont pris en charge par un volontaire du quartier.
«J’ai vu plusieurs blessés. Je suis médecin et je ne pouvais pas rester les bras croisés. Avec les quelques médicaments que j’avais chez moi, j’ai installé une petite clinique ici à l’école. Je prends en charge 15 blessés et une femme violée. Mais sans médicaments, je suis limité. Je travaille avec les moyens du bord. Si des personnes de bonne volonté peuvent nous aider en fournissant des médicaments ou en prenant en charge ces blessés, ce serait d’une grande aide», a fait savoir le Docteur Kabongo Alfred.
Ces 15 patients ont été blessés lors des affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23 à Goma, du lundi 27 au mercredi 29 janvier 2025.
«J’ai été blessé à la jambe et j’ai encore une balle dans le ventre. Malheureusement, je ne suis pas encore correctement soigné. Avant, j’étais commerçant et dormais dans ma boutique. Mais aujourd’hui, je suis sans abri. J’ai été blessé le lundi par des militaires des FARDC en pleine panique. Quelqu’un avait annoncé le départ des généraux, et dans le camp, c’était la confusion totale. Ils ont commencé à tirer sans raison », témoigne Valery Lowa.
Dans un coin de la salle de classe, le reporter de ACTUALITE CD voit un jeune garçon, fils d’un militaire qui se retrouve aujourd’hui amputé d’une jambe.
«J’ai reçu plusieurs balles dans la jambe gauche. Ici, le médecin m’a aidé, mais une fois à l’hôpital, ils ont dû l’amputer. Aujourd’hui, je suis sans abri, sans nourriture et sans père… J’étais l’espoir de ma famille. Que faire ? », s’interroge Bope Jean Claude.
De violents combats entre l’armée et les rebelles du M23 à Goma et ses environs ont fait plus de 3 000 morts, selon l’ONU.