Avec des ressources minières parmi les plus prisées au monde, la République démocratique du Congo reste confrontée à un paradoxe économique majeur : un secteur minier dominant mais peu transformateur, et une agriculture au potentiel immense mais largement sous-exploitée. Ce contraste a été mis en lumière vendredi par Julien Paluku, ministre congolais du Commerce extérieur, lors de son intervention à la Foire internationale de Kinshasa (FICKIN).
Depuis son indépendance en 1960, la RDC s’est appuyée sur l’extraction de ses vastes richesses naturelles, en particulier les minerais. Cependant, selon Julien Paluku, le pays ne capte que 3 % de la valeur marchande de ses 1 100 minéraux et métaux précieux. "Malgré des investissements colossaux, le prix de la tonne de cobalt, par exemple, s’élève à 24 050 USD, contre 23 160 USD pour la tonne de papaïne, un produit agricole", a-t-il indiqué. Le cuivre, dont la tonne vaut 8 824 USD, est également devancé par des produits comme le cacao, dont la tonne atteint 11 590 USD.
"Ce déséquilibre interpelle : devons-nous continuer à privilégier les investissements dans le secteur minier ou envisager un basculement stratégique vers l’agriculture ?" s’est interrogé le ministre. Avec 80 millions d’hectares de terres arables, la RDC pourrait devenir un leader mondial de l’agriculture, mais seules 10 % de ces terres sont actuellement cultivées.
Pour Julien Paluku, les défis sont nombreux mais les opportunités existent. "Le commerce extérieur est un levier central du développement. Il oriente les politiques économiques en fonction des besoins mondiaux", a-t-il rappelé. Cependant, le pays doit encore relever des obstacles majeurs, notamment le manque d’infrastructures routières et ferroviaires, et l’insuffisance des capacités énergétiques.
La diversification économique est au cœur des ambitions gouvernementales, selon Julien Paluku. "Transformer localement nos ressources, qu’elles soient minières ou agricoles, est la seule voie pour ajouter de la valeur et créer des emplois." Le ministre a appelé à une mobilisation collective, impliquant les gouvernants, les universités, les entreprises et les producteurs locaux, pour définir une nouvelle trajectoire économique.
En conclusion, Julien Paluku a souligné que "la RDC doit sortir de l’immobilisme et maximiser ses chances sur les marchés internationaux". Entre une agriculture prometteuse et un secteur minier à optimiser, le choix stratégique du pays déterminera son avenir économique et son rôle sur la scène mondiale.