Le député Arsène Mwaka Bwenge a critiqué lundi l'état de siège en vigueur dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri trois ans après sa proclamation par le Chef de l'État Félix Tshisekedi. Intervenant au nom de la province du Nord-Kivu lors de l'examen du projet de loi portant prorogation de l'état lundi 07 octobre 2024, l'élu de la ville de Beni a dénoncé le maintien de cette mesure qui d'après lui, prive la population des droits de vivre convenablement ses droits fondamentaux, notamment la liberté.
"Nous avons décidé d'arrêter la vie aux autres en les retournant dans un mobutisme sans mobutu et sans mobutistes, c'est nous les députés, nous les retournons dans une période que nous avons nous-mêmes combattue. La population vit dans un régime d'intimidation, d’arrestation arbitraire, les spoliations du patrimoine de l'État dans ces régions qui vont rester dans des conflits indescriptibles après l'état de siège, la multiplication des barrières, des choses inacceptables dans un régime démocratique que cette population vit", a déclaré le député national Arsène Mwaka.
Favorable à l'évaluation de cette mesure d'exception, Arsène Mwaka Bwenge déplore l'absence des opérations militaires qui caractérisent l'état de siège en vigueur dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
"Nous avons l'état de siège mais nous avons des opérations ordinaires, l'état de siège c'est une situation d'opération extraordinaire, c'est-à-dire des choses inhabituelles où on se prépare et on attaque l'ennemi intensément mais il s'observe une certaine léthargie, il y en a ceux qui s'occupent des opérations mais il y en a ceux qui ont appris à faire la guerre mais qui sont dans la guerre dans les villes, dans les communes et ils font la guerre à la population et la population subit des techniciens de guerre qui sont appelés à les administrer avec tout ce qu'il y a comme violations des droits de l'homme", a-t-il déploré.
Arsène Mwaka demande à ses collègues de cesser "de nous diviser en député pro état de siège et anti état de siège et que nous ayons un moment d'analyse froide pour comprendre comment cette population vit"
Tous les élus locaux et acteurs de la société civile sont unanimes : l'état de siège n'a pas donné les résultats attendus. Les groupes armés se sont multipliés et, pire encore, la rébellion du M23, défaite en 2013, a ressurgi en novembre 2021. Aujourd'hui, le M23 occupe de vastes zones dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi et Lubero.
L'état de siège, proclamé en mai 2021 par le président Félix Tshisekedi, visait à permettre à l'armée de lutter efficacement contre les forces négatives en Ituri et au Nord-Kivu. Malgré l'annonce d'un "allègement progressif" de cette mesure en octobre 2023, aucune avancée significative n'a été enregistrée depuis.
Clément MUAMBA