C'était une douche froide pour la diplomatie congolaise à Paris, en France, où Félix Tshisekedi, président de la République, s'était rendu pour le 19e sommet de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ce week-end. Énumérant, dans son discours d'ouverture, les conflits qui secouent plusieurs pays à travers le monde, le président français, Emmanuel Macron, a omis de mentionner les exactions que subit la RDC dans sa partie est, de la part de son voisin le Rwanda, sous couvert du M23.
Cette omission de la question de l'est de la RDC par le président français, qui, par ailleurs, tente sans relâche d'y trouver un dénouement, n'a pas enchanté les Congolais, à commencer par Félix Tshisekedi, qui a manifesté son mécontentement en déclinant les séances à huis clos prévues dans l'après-midi du samedi dernier. À Kinshasa, du haut de son perchoir, Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale, n'a nullement digéré ce qui s'est passé à Paris. Néanmoins, l'ancien directeur de cabinet de Tshisekedi reste optimiste quant à une issue à cette guerre, appelant la population à être les ambassadeurs du pays.
« Le Congo est frappé durement dans l'indifférence totale du monde entier. Dans sa partie est de façon horrible; la Tshopo, la même chose; Mobondo à l'ouest, nous avons le même problème. Mais ce qui est considéré comme agression, c'est le Nord-Kivu et l'Ituri. Quel que soit le temps que cela prendra, vu la détermination du peuple congolais, nous allons mettre un terme à cette guerre... Et c'est injuste lorsque nous entendons des discours lors des rencontres internationales, où l'on parle de l'Ukraine, de Gaza, de tout le monde, mais on ne parle pas de la République Démocratique du Congo. C'est scandaleux même ! » s'est-il offusqué.
En réaction, M. Macron s'est défendu. « J'ai passé une heure et demie en tête-à-tête avec le président Tshisekedi hier, et une heure et demie avec le président Kagame ce matin, » a déclaré Macron. « La France et la Francophonie restent mobilisées pour résoudre cette crise qui affecte gravement la RDC. Nous condamnons fermement les violences perpétrées par les groupes armés et les atteintes à la souveraineté de la RDC », a-t-il ajouté, en précisant que l'absence de référence à ce conflit dans son discours d’ouverture ne reflétait en aucun cas un manque d'engagement.
Le président français a également souligné l'importance de la médiation menée par l'Angola dans ce conflit, affirmant que la France soutient pleinement ce processus. « Nous encourageons la RDC et le Rwanda à parvenir à un accord, et l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) peut jouer un rôle de soutien dans ces efforts régionaux. »
Contrairement au sommet en Chine, entre le pays du soleil levant et l'Afrique, où Tshisekedi et Kagame étaient très éloignés lors de la photo de famille, à Paris, les deux homologues étaient un peu plus proches, séparés par trois autres présidents. Cependant, la tripartite Macron-Tshisekedi-Kagame pour un accord de cessation des hostilités n'a pas eu lieu.
Samyr LUKOMBO