Tshopo : réactions mitigées après la nomination du nouveau gouvernement provincial avec une sous-représentation des femmes

Infographie ACTUALITE.CD.

Le gouverneur de la Tshopo, Paulin Lendongolia, a publié mardi les nouveaux membres du gouvernement provincial. Cette annonce, faite trois mois après son investiture par l'Assemblée provinciale, a suscité de vives réactions au sein de la population locale.

Sur un total de 10 ministres provinciaux, seulement deux postes ont été confiés à des femmes, malgré les nombreux plaidoyers en faveur d'une plus grande représentativité féminine. Il s'agit de Koyi Taka Bijoux, ministre de l’Environnement et du Développement durable, et de Masudi Nono, ministre de la Santé publique. Face à cette sous-représentation, les femmes de Kisangani expriment leur mécontentement.

"C'est un recul pour les droits des femmes dans la province de la Tshopo. Alors que dans d'autres régions, la représentation des femmes progresse, ici, nous observons le contraire. Le vin est tiré, il faut le boire, mais c'est vraiment regrettable pour nous, femmes tshopolaises", déplore Claudine Béla, coordinatrice provinciale de la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH/Tshopo).

"Je suis indignée que le gouverneur de province n'ait pas pris en compte nos propositions, malgré nos nombreux plaidoyers. Je suis surprise de voir seulement deux femmes dans ce gouvernement provincial", s’exclame Maître Grâce Komba, coordinatrice de l'ONG Geco Juridique, spécialisée dans les droits des femmes et des enfants.

ACTUALITE.CD a également recueilli les avis de la population et ses attentes vis-à-vis de la nouvelle équipe gouvernementale.

Gilbert Risasi, habitant de Kisangani, pense que l'Assemblée provinciale n'a plus de députés capables de défendre les intérêts de la population et d’exercer un contrôle parlementaire efficace sur le gouvernement provincial et les institutions, comme par le passé. "Il revient à la société civile, aux journalistes et aux mouvements citoyens d’être vigilants sur la gestion de la province. Il ne faut plus compter sur les députés provinciaux, car ils sont entrés au gouvernement pour leurs propres intérêts et pour leurs suppléants, qui se partagent le gâteau. Ils ne répondront pas aux attentes de la population mais serviront le gouverneur", soutient-il, avant d’ajouter : "La composition de ce gouvernement provincial révèle une certaine complicité entre les députés provinciaux et le gouverneur. L’élection de ce dernier repose sur des accords politiques, d'où la présence de 70% de députés dans cette équipe gouvernementale. Ces députés ont été récompensés pour avoir élu le gouverneur. Sans être pessimiste, je demande à cette équipe de travailler avec sérieux pour changer la situation."

La population attend beaucoup de ce gouvernement, notamment sur les questions de sécurité, des conditions sociales précaires, de l'accès à l'eau et à l'électricité, ainsi que sur la réhabilitation de la voirie urbaine et des routes de desserte agricole.

Gabriel Makabu, Kisangani