Le Secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a clôturé son séjour en République Démocratique du Congo par une conférence de presse tenue vendredi 20 septembre à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Au cours de cet échange, le numéro deux de l'ONU a abordé les enjeux sécuritaires et l'avenir de la mission onusienne en RDC. À la question de savoir pourquoi, malgré ses multiples visites en RDC et les rapports présentés à l'ONU, la situation sécuritaire à l'Est ne s'améliore toujours pas, le diplomate onusien a reconnu la gravité de la situation, tout en soulignant certains changements, notamment l'implication accrue de la diplomatie internationale.
"La situation sur le terrain est ce qu'elle est, bien sûr, vous la connaissez tous. Je ne reviendrai pas là-dessus. Mais ce qui est important, c'est qu'il y a des efforts diplomatiques crédibles qui continuent d'avancer. Lors de la dernière réunion entre les ministres rwandais et congolais à Luanda, il y avait encore du travail à faire, mais j'ai entendu de la part des autorités congolaises et angolaises une détermination à poursuivre le processus. Je n'ai pas eu de contact avec les autorités rwandaises à ce stade, mais je crois qu'il y a une dynamique pour continuer ", a déclaré Jean-Pierre Lacroix devant la presse.
Un autre fait majeur mentionné par Jean-Pierre Lacroix est le soutien des Nations-Unies à la force de la SADC déployée dans l'Est de la RDC.
"Il est important d'avoir une dimension diplomatique, mais aussi une présence sécuritaire renforcée. C'est le cas de la SAMIDRC (force de la SADC), qui patrouille déjà et contribue à la protection des populations, notamment dans les zones de Goma et Sake que j'ai visitées. Il y a une mobilisation qui s'est intensifiée parmi les partenaires internationaux, et cela doit nous inciter à poursuivre nos efforts et à renforcer la coopération entre tous ces partenaires : la SADC, les Nations-Unies et les autorités congolaises", a-t-il ajouté.
Conscient de la détérioration de la situation humanitaire, Jean-Pierre Lacroix a également lancé un appel pour une augmentation de l'aide humanitaire et a souligné l'importance du dialogue entre Congolais, ainsi que la mise en œuvre du programme de désarmement.
"Quand on voit le nombre de déplacés et leurs besoins humanitaires, il est évident qu'il reste beaucoup à faire. Mais la RDC n'est pas seule. Il y a du travail à faire, notamment au niveau du dialogue congolais, qui doit compléter les discussions entre les capitales pour faire enfin avancer le PDDRCS (Programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion Communautaire et Stabilisation) pour les combattants. Il y a du travail à faire de ce côté-là, mais la RDC n'est pas isolée", a rassuré Jean-Pierre Lacroix.
Contrairement à d'autres conflits mondiaux, Jean-Pierre Lacroix a noté un intérêt particulier du Conseil de sécurité de l'ONU pour la situation en RDC.
"Ce qui me frappe, c'est que, pour la plupart des situations de conflit, les membres du Conseil de sécurité sont divisés. Vous savez qu'il y a des divisions entre les membres permanents comme les États-Unis, la Chine, la Russie et les pays occidentaux. Mais je trouve que le Conseil de sécurité est uni s'agissant de la RDC. Cela peut paraître lointain, mais c'est important, et il y a des raisons d'espérer, même si les défis sont nombreux", a conclu le diplomate onusien.
La situation sécuritaire dans l'Est de la RDC reste préoccupante. Les initiatives diplomatiques régionales et internationales peinent à produire les résultats escomptés, tandis que les rebelles du M23, soutenus par Kigali, continuent d'occuper des positions stratégiques au Nord-Kivu et envisagent d'étendre leur influence au-delà de la province.
Clément MUAMBA