Quels défis pour la RDC face au projet de certification des réserves minières pour la transparence et la traçabilité ?

Illustration. Une mine d'or de cobalt à Kamituga/Ph. ACTUALITE.CD

La République démocratique du Congo veut désormais se rassurer de la gestion de ses ressources naturelles. Ce projet initié par le Chef de l’État, Félix Tshisekedi consiste à mettre en place un système de certification des réserves minières. Il s’agit d’une avancée significative surtout pour ce qui est de la transparence et  de la traçabilité de l’exploitation minière, secteur qui contribue plus à l’économie du pays. Cette certification vise concrètement à protéger les intérêts nationaux, en particulier lors des négociations commerciales, tout en offrant des garanties solides aux investisseurs. Le projet permettra aussi de s’assurer que chaque carré minier attribué soit répertorié et évalué selon les normes internationales.

Une initiative que soutient Maître Jean-Claude Katende, expert en questions minières. Pour lui, ce mécanisme présente beaucoup d'avantages pour la RDC, notamment dans la protection de ses intérêts face aux investisseurs.

« C’est ce que nous avions toujours demandé, parce qu’aujourd’hui pour ce qui concerne la plupart des mines en République démocratique du Congo, on a des études géologiques qui remontent des années. Et qu’actuellement si nous voulons nous mettre à table avec des investisseurs et discuter de telle sorte que la RDC gagne plus, il est important que la certification soit faite », a dit Me Jean-Claude Katende, expert en questions minières.

Mais il s’inquiète quant à l’aboutissement de ce projet rappelant ainsi l'échec cuisant du Fonds minier pour les générations futures qui, depuis sa mise en place, n'enrichit que les politiciens. En effet, ce processus est perçu comme un moyen de renforcer la confiance des partenaires internationaux, souvent méfiants face aux risques de corruption et d’exploitation illégale des ressources en RDC.

« Vous allez voir qu’au niveau de ce fond, on a engagé plusieurs personnes sur cette affaire. Et la plupart de personnes qui ont été engagées ont des connexions avec un politicien ou avec tel autre. En fait, la vision derrière ce n’est pas nécessairement un fond efficace, mais l’idée derrière c’est que chacun voudrait mettre quelqu’un de la famille quelque part. Ça c’est déjà un problème parce qu’une grande partie de ce fond va aller dans l’administration », a-t-il indiqué.

Dans ce processus de certification des réserves minières, le Cadastre Minier (CAMI), reste l’organe qui sera un acteur central, surtout pour lutter contre la fraude et la corruption, qui sont des vices qui rongent le secteur minier en République démocratique du Congo. Seule, la numérisation de ce service (cadastre minier), pourrait dissuader ces pratiques, pour que l’attribution des carrés miniers réponde aux critères stricts et transparents. Ceci pour rendre l’administration minière plus fiable et éliminer les pratiques frauduleuses.

En croire l’ingénieur Freddy Mpinda, expert en numérique, la numérisation de ce service spécialisé, va renforcer la transparence dans l’attribution des concessions minières pour combattre la corruption devenue un frein majeur dans le secteur minier.

« Nous sommes un grand pays minier et le Cadastre minier c’est la richesse du pays. Il est donc important que ce service technique soit très bien détaillé pour permettre à l’État congolais le maximum des taxes et impôts qui doivent rentrer. Il revient au ministre des mines d’avoir un regard très pointu. Et sur cela, il doit utiliser les dernières technologies pour pouvoir s’assurer que l’État a bien conscience de tout ce qui a comme espace minier en RDC et que l’État en tire réellement les bénéfices et les taxes nécessaires », a souligné à ACTUALITÉ.CD Freddy Mpinda, expert en numérique.

Ce spécialiste insiste également sur l’approche numérique pour suivre de près les opérations, même dans les zones sous occupation en vue d’améliorer les conditions de vie des congolais. L’État peut avoir le contrôle de ces zones minières occupées par les ennemis, via des drones

Ainsi la mise en place de ce système de certification des réserves minières, est une étape cruciale qui pourrait non seulement changer le visage de l’industrie minière nationale, mais aussi ouvre de nouvelles opportunités pour l’économie congolaise afin de permettre à la répartition équitable des revenus générés par ce secteur, avec des retombées positives pour les populations locales.

Ben AKILI