Le mouvement Youth Sprint en partenariat avec IPAS a organisé ce lundi 30 Octobre 2023, une matinée de plaidoyer qui avait pour focus principal l'amélioration de l'accès des jeunes aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive et à l'avortement sécurisé.
Une activité qui s'inscrit dans le cadre du projet Makoki ya Muasi en français Les capacités de la femme qui vise à améliorer le droit à la santé sexuelle et reproductive des femmes et filles en RDC notamment dans les villes de Kinshasa et Goma.
Il était question au cours de cet échange de présenter les actions menées par le mouvement Youth Sprint sur l'accès aux droits sexuels et reproductifs des jeunes dans la communauté et la présentation des résultats du travail effectué par les Masuja (sensibilisateurs) dans les camps de déplacés de Kanyaruchinya et Bulengo dans l'avancement de l'agenda de l'accès à l'avortement sécurisé en RDC.
À cet effet, les jeunes du mouvement YouthSprint ont présenté un mémo au Ministre de la Jeunesse de la RDC qui contient les recommandations suivantes :
Au Gouvernement
- Poursuivre le processus de dépénalisation de l'avortement en harmonisant le code pénal congolais au Protocole de Maputo et veiller à l'application stricte des prescrits de l'article 14 alinéa 2.c du Protocole de Maputo
Intégrer les soins complets d'avortement dans la stratégie nationale de couverture santé universelle
- Intégrer les différentes composantes de l'éducation sexuelle complète dans le curricula scolaire afin d'aider les adolescents à prendre des décisions éclairées sur leur sexualité
- Ne pas interpeller judiciairement les prestataires qui offrent les soins complets d'avortement ou les femmes qui y recourent.
Aux donateurs
- Continuer à fournir des financements équitables et flexibles qui tiennent compte des récents progrès légaux en matière d'accès à l'avortement sécurisé en RDC
- Encourager les programmes de santé de la reproduction qui sont centrés sur les droits et la justice reproductive
- User des voies diplomatiques pour plaider auprès des autorités congolaises, en faveur d'une véritable justice reproductive en RDC.
Aux partenaires technique et financier
- Garantir l'implication des jeunes dans la mise en œuvre des programmes de santé de la reproduction (co-création, planification participative)
Améliorer la collaboration avec les organisations, réseaux, coalitions, mouvements dirigés par les jeunes.
Melchie Ibula, chargée de la commission genre, santé sexuelle et reproductive au mouvement Youth Sprint, a rappelé que "l'un des objectifs du mouvement Youth Sprint est d'améliorer l'accès à l'information sur les questions liées aux droits à la santé sexuelle et reproductive, y compris l'avortement sécurisé. Et cette amélioration de l'information ne peut être faite que si nous sommes accompagnées par le gouvernement parce qu'il faudrait faire plusieurs plaidoyers, aller vers eux afin que l'harmonisation des lois soit faite autour de l'avortement sécurisé. Nous voulons que l'article 14 alinéa 2 C du protocole de Maputo s'harmonise avec notre code pénal pour que les femmes aient pleinement droit aux soins complets d'avortements."
À en croire le ministre de la jeunesse Yves Bunkulu Zola, "le gouvernement met tout en œuvre pour faire de la question du protocole de Maputo une réalité dans la pratique. Le gouvernement est en train de réviser le Code pénal. Plusieurs préoccupations qui ont été évoquées ici sont déjà prises en compte par le Gouvernement de la République. Quant aux plaidoyers qui ont été effectués en ce qui concerne la sécurisation des acteurs sur terrain notamment les Masuja dans l'Est du pays, nous tenons à rassurer que nous allons approcher le ministre de l'intérieur et madame le ministre d'état à la justice pour solliciter la protection de la police mais aussi des autres services pour permettre aux jeunes de faire ce travail de sensibilisation."
Pour sa part, Jean-Claude Mulunda, directeur pays d'IPAS RDC, est revenu sur la motivation de sa structure pour accompagner cette initiative en vue de créer un cadre où chaque jeune doit avoir l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive sans discrimination.
"En tant que partenaire, nous allons travailler avec les donateurs et notre gouvernement pour nous assurer que les jeunes ont accès à des fonds flexibles qui leur permettent d'aller vers d'autres jeunes pour les informer, mais aussi de continuer à faire le plaidoyer et le suivi avec le gouvernement pour que les engagements qu'ils ont pris à travers le protocole de Maputo soient implémentés totalement sans stigmatisation ni rejet des femmes et des jeunes qui ont besoin d'accès au service de santé reproductive."
Le directeur de cabinet du Ministre des droits humains, les membres du Programme national de santé des adolescents et ceux du Programme national de santé de la reproduction, le Représentant des ambassades (Pays-Bas et Suède) ainsi que les représentants des mouvements des jeunes ont pris part à cette activité.
Pour rappel, le Protocole de Maputo, un complément à la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, est en vigueur en République Démocratique du Congo depuis 2018.
Cet accord n'autorise que l'avortement médicalisé en cas d'agression sexuelle, de viol, d'inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie du fœtus.
Grace GUKA